Le passage de plusieurs milliers de coureurs sur un terrain alpin fragile comme celui de Charlevoix a des conséquences environnementales. (Photo: Ian Roberge)
TOURISME D’AFFAIRES ET D’AGRÉMENT. Parmi les dizaines de courses en sentier qui ont vu le jour dans les dernières années au Québec, il y en a une qui est sur toutes les lèvres : l’Ultra-Trail Harricana du Canada (UTHC). Affichant 2500 participants à son édition de 2022, l’UTHC se démarque par sa croissance exceptionnelle en 11 ans d’existence, mais surtout par sa démarche écoresponsable, qui compte parmi les pionnières au Québec.
« Le parcours peut être difficile, mais l’Ultra-Trail Harricana du Canada est un festival de joie et de terre dans l’un des endroits les plus pittoresques et les plus uniques d’Amérique du Nord. » Le réputé magazine Running fait partie des nombreux médias sportifs à faire l’éloge de l’UTHC, la course en sentier la plus importante du Canada, qui a lieu chaque automne dans l’arrière-pays de Charlevoix.
Pour autant, le passage de plusieurs milliers de coureurs sur un terrain alpin fragile comme celui de Charlevoix a des conséquences environnementales. « C’est dans l’ADN des coureurs en sentier de vouloir protéger la nature qui les accueille », explique Marline Côté, directrice générale d’Événements Harricana. C’est pourquoi, dès son arrivée, en 2017, l’écoresponsabilité est devenue une priorité pour l’organisme. « C’est une valeur de l’UTHC depuis sa création, mais nous avons voulu aller encore plus loin. Nous avons adopté une politique de développement durable afin de réduire au maximum l’impact de nos activités sur l’environnement. »
Depuis, chaque nouvelle idée, chaque nouveau projet, passe au filtre de l’écoresponsabilité avant d’être validée par l’équipe. « Pour l’instant, ce que l’on réussit le mieux à faire, c’est réduire à la source la production de déchets. »
Les poubelles disqualifiées
Selon le Conseil québécois des événements écoresponsables, nous générons cinq fois plus de déchets lors d’un événement qu’à la maison. Encore pire, plus de 50 % des déchets produits sur le site d’un événement ne sont ni recyclés ni compostés. L’organisation de l’UTHC a alors été parmi les premières à abolir la vaisselle en plastique ou en carton aux ravitaillements. « Quand tu cours de 20 à 24 heures, il vient un moment où tu as faim. De plus en plus, on souhaite que les gens soient autonomes avec leur verre et leur vaisselle réutilisables aux ravitaillements, dit Marline Côté. On s’est également doté d’une brigade verte pour encadrer la gestion des déchets et on ne donne plus systématiquement de tee-shirt lors de l’inscription. »
L’organisation fait par ailleurs preuve de créativité dans ses actions. Par exemple, les médailles de l’événement sont faites en bois du Québec et sont donc biodégradables et réutilisables. Un bazar d’articles de sports d’occasion est également organisé entre les coureurs. L’Ultra-bus, un système de navette au départ de Montréal et de Québec menant aux différents lieux de course, a été mis en place afin de diminuer l’utilisation de la voiture individuelle. Aucun déchet jeté par terre n’est toléré durant la course, sous peine de disqualification. Cet ensemble de mesures est largement plébiscité par les coureurs eux-mêmes et récompensé par plusieurs prix et reconnaissances dans le milieu de l’organisation d’événements écoresponsables dans les dernières années.
Au-delà de la gestion des matières résiduelles et de la réduction de l’empreinte écologique, une grande importance est également accordée au développement social et économique de la région de Charlevoix. « Nous avons toujours souhaité miser sur l’expérience festive et locale que va vivre le participant — mais aussi sa famille —, avant, pendant et après la course, que ce soit par des kiosques d’artisans locaux, des spectacles en plein air, des repas à base de produits du terroir. Nous voulons faire rayonner les acteurs et artisans de la région et offrir à nos participants une expérience sportive, mais aussi de découvertes locales. »
Événements Harricana, l’organisation derrière l’UTHC, souhaite désormais insuffler cet élan d’écoresponsabilité aux trois autres courses dont elle est responsable au Québec (le TransCharlevoix, La virée nordique et L’échappée de L’Isle-aux-Coudres). « Je pense qu’il faut qu’on ait même une vue plus large que nos propres événements et inviter tous les acteurs du plein air à s’impliquer dès maintenant », fait valoir Marline Côté.