«L’expertise que nous avons développée en Abitibi-Témiscamingue nous a ensuite amenés à travailler ailleurs au Canada, en Amérique du Sud et en Afrique, avec les plus gros joueurs de l’industrie minière.», dit Jean-Yves Moreau, fondateur
SPÉCIAL 300 PLUS GRANDES ENTREPRISES. Passé de petit entrepreneur électrique à grand groupe de construction industriel en 45 ans de service, le Groupe Moreau exporte aujourd’hui son expertise «régionale»bâtie à Rouyn-Noranda ailleurs au Canada et dans le monde. Pour le fondateur, Jean-Yves Moreau, les clés de son succès s’expliquent par trois facteurs: prendre soin de son monde, en donner plus que le client en demande et surtout, surtout, le faire dans le plaisir et la bonne humeur.
Le sourire de Jean-Yves Moreau s’entend tout au long de l’entrevue téléphonique, malgré un matin de grisaille en Abitibi-Témiscamingue. L’homme de 71 ans aimerait nous avoir sur place, pour nous montrer comment il «aime»et «prend soin de [son] monde».
«Lorsque j’arrive sur un chantier, la première chose que je fais est d’aller serrer la main de chaque employé», dit-il pour illustrer sa bonhomie. D’ailleurs, il attribue le succès de son entreprise à une attitude de gens «simples»et «travaillants».
«Je demande toujours à mon équipe d’en faire plus que ce qui est demandé. Quand nous fournissons cet effort supplémentaire, nous sommes en train de signer le prochain contrat.»Dans cette demande simple réside toute sa philosophie d’entrepreneur: faire grandir le Groupe Moreau non pas en multipliant les clients, mais en développant des relations avec quelques gros joueurs miniers, pour obtenir des contrats industriels toujours plus complexes et variés.
Une expertise locale, mais un tremplin hors Québec
Revenons au début de l’histoire. Deux ans après la fondation de son entreprise, en 1977, Jean-Yves Moreau a obtenu un premier contrat d’électricité à la mine Noranda. Ce mandat l’aura finalement occupé pendant une dizaine d’années, lui permettant d’embaucher de nouveaux employés et d’acheter de nouveaux camions. Plus récemment, la mine d’or Osisko, à Malartic, les a fait participer à la construction d’une usine unique au Québec, traitant 55 000 tonnes de minerai par jour. «L’expertise que nous avons développée en Abitibi-Témiscamingue nous a ensuite amenés à travailler ailleurs au Canada, en Amérique du Sud et en Afrique, avec les plus gros joueurs de l’industrie minière», dit-il fièrement.
Un autre trait important de l’entrepreneur est sa volonté infatigable d’aller de l’avant, même en temps de crise. «Quand nous traversons des années tranquilles, notre meilleure défense est l’attaque. Au lieu de renvoyer du monde, nous embauchons et nous essayons de nouvelles choses.»Quand le secteur des mines stagnait, dans les années 1990, le Groupe Moreau a successivement développé une ligne de plomberie, de tuyauterie, de mécanique, de soudure, d’érection de l’acier et de grues.
Même scénario lors du creux économique de 2003: le groupe a alors tâté le marché de l’Ouest canadien. «Nous avions sous-loué un bureau à Calgary dans la tour de Petro-Canada, et nous y avions mis deux ingénieurs», se rappelle Jean-Yves Moreau. D’un contrat à l’autre, l’entreprise de Rouyn-Noranda a fait sa place dans le secteur des sables bitumineux, en y effectuant des mandats de construction industriels pendant une douzaine d’années. Le Groupe Moreau a aujourd’hui des bureaux à Val-d’Or, Chicoutimi, Edmonton et Timmins, en plus de son siège social de Rouyn-Noranda.
Le défi du recrutement
Au fil des ans, l’entreprise a dû trouver différentes stratégies de recrutement pour soutenir sa croissance. D’une part, le groupe industriel forme des gens en interne. Mais il aussi très actif pour attirer des talents lors de ses mandats à l’extérieur de l’Abitibi-Témiscamingue. «Nous participons à plusieurs projets où la main-d’oeuvre fait du « fly-in fly out ». Alors, nous avons bâti de bonnes relations avec des travailleurs des Maritimes qui sont habitués à ce genre de voyage.»Encore une fois, Jean-Yves Moreau prône l’approche du client «bien servi»:il dit offrir à son équipe ce qui se fait de mieux en matière de formation, d’équipement et de machinerie lourde. «La construction, c’est une passion, explique-t-il. L’électricien veut voir des fils. Le tuyauteur veut voir des tuyaux.
L’érecteur d’acier veut monter de l’acier. Notre job [d’employeur], c’est de leur donner les moyens d’être performants. C’est comme ça qu’on les rend heureux.»En fin de compte, la notion de bonheur et de plaisir au travail aura ponctué toute l’entrevue. «J’aime voir du monde heureux, insiste-t-il. J’aime ça quand ça bouge et j’aime ça quand nous allons de l’avant.»La Chambre de commerce et d’industrie de Rouyn-Noranda ajoute une fleur à ce portrait, lui ayant accordé, en 2022, le prix Edmund-Horne, décerné à une personnalité ayant «démontré, depuis de nombreuses années, de la ténacité, de l’audace, du courage et une grande vision dans ses réalisations».