Une des raisins majeures motivant le désir de poursuivre le télétravail est la conciliation travail-famille. (Photo: 123RF)
SANTÉ ET SÉCURITÉ AU TRAVAIL. D’un sondage à l’autre, la tendance semble se confirmer : une proportion importante de travailleurs ne veut plus jamais retourner au bureau.
Lors d’un coup de sonde effectué par SOM dans la région de Gatineau en février , 44 % des travailleurs à distance interrogés ont dit souhaiter rester à la maison « à temps plein ou presque » après la pandémie. Dans un autre sondage mené par FlexJobs auprès de 2 500 parents américains en septembre 2020, une majorité de répondants ont dit préférer continuer de travailler à temps plein de la maison (61 %) plutôt que de retourner quelques journées par semaine au travail (37 %).
Cette préférence risque de poser problème lorsque les employeurs auront le feu vert de la santé publique pour rouvrir leurs bureaux. La forte proportion de chefs de PME ayant observé une diminution du moral (54 %), de la productivité (34 %) ou des communications de leurs employés (36 %) – selon d’un sondage mené par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante en octobre dernier – doivent d’ailleurs attendre ce moment avec impatience.
« Il est vrai que certaines entreprises n’ont pas réussi à établir une gestion et une communication efficace avec leurs employés, constate Marianne Roberge, présidente et conseillère en conciliation travail-famille à Koevä ainsi qu’associée de la firme-conseil Go RH. Il faut cependant reconnaître que certains secteurs activités demandant du travail collaboratif ou créatif semblent moins bien se prêter au télétravail, à première vue. »
Comprendre les freins
Au moment de planifier le retour au bureau, Marianne Roberge remarque que certains employeurs ont une idée très arrêtée du mode de travail à mettre en place. « Ils voient ce retour de manière très structurée, parfois rigide, avec un nombre fixe de journées de télétravail. Ce peut être la bonne solution, mais une bonne pratique serait d’abord de sonder les employés, afin de connaître leurs attentes et mieux comprendre leurs inquiétudes liées à ce retour. »
C’est le conseil qu’a suivi son client Novaxis Solutions, une firme informatique de Québec. Avant de créer une politique formelle de télétravail, la direction de l’entreprise a pris soin de sonder son équipe de 20 employés à propos du mode de travail à privilégier à la sortie de la pandémie.
« Nous étions favorables à un mode hybride 50-50, comptant deux jours et demi de travail à la maison et deux jours et demi de présence au bureau, explique Matthieu Blokkeel, directeur administratif et marketing de Novaxis Solutions. Or, nous nous sommes rendu compte qu’un 20 % des employés préféraient un retour complet au bureau. Nous avons donc décidé d’offrir le télétravail sur une base volontaire. »
La direction a aussi choisi d’imposer une présence minimale de deux journées et demie par semaine dans ses locaux de Limoilou. « Nous croyons à la valeur ajoutée de la présence au bureau, affirme Matthieu Blokkeel. Ça aide à la cohésion de l’entreprise et ça facilite l’inclusion des nouveaux employés. »
Le sondage a permis à l’entreprise de mieux comprendre les inquiétudes entourant le retour au bureau. « Le désir de faire du télétravail était majoritairement motivé par des raisons pratiques de conciliation travail-famille », note son directeur administratif.
La conciliation travail-vie personnelle a donc fait l’objet d’une attention particulière lors de la refonte du manuel de l’employé de Novaxis Solutions, qui inclut désormais un « droit à la déconnexion ». En dehors du tronc commun de travail prévu de 9 h 30 à 15 h 30, les employés peuvent ainsi vaquer à leurs occupations sans se soucier d’être joignables. L’entreprise effectue aussi des démarches pour obtenir le Sceau Concilivi, un programme recommandé par le ministère de la Famille visant à démontrer son engagement à l’égard de la conciliation famille-travail.
La peur du virus
Le cadre sécuritaire constitue un autre des enjeux du retour au bureau. Les employés qui travaillent de la maison depuis un an ne sont pas aussi familiers avec les mesures sanitaires en milieu de travail que les travailleurs des secteurs essentiels.
« C’est important de bien communiquer les pratiques et les mesures qui sont en place, comme le port du masque et la désinfection des mains », rappelle Marianne Roberge. La conseillère note que ces mesures sont aujourd’hui bien comprises et adoptées par la plupart des entreprises. « Il s’agit surtout de faire un rappel, afin de mettre les employés en confiance. Je recommande de rappeler les mesures en place et de rassurer les employés en mentionnant que leur santé demeure la priorité. »
Marianne Roberge suggère également différentes manières de s’impliquer dans la campagne de vaccination en cours. « On voit que des entreprises se portent volontaire pour héberger un site de vaccination, par exemple. L’employeur peut sensibiliser ses employés à l’importance de la vaccination. Et, d’un point de vue pratique, il peut accorder une libération de quelques heures à ceux qui souhaitent se faire vacciner. »