Il peut s’avérer avantageux de reporter le moment de réclamer les prestations provenant des programmes publics de rentes. (Photo: 123RF)
RETRAITE. La date de retraite cible de 36 % des préretraités « est basée sur l’atteinte d’un jalon lié à l’âge », et celui-ci a été principalement choisi en raison de « la norme sociétale », selon un sondage réalisé pour la société de placement en valeurs mobilières Franklin Templeton entre le 31 janvier et le 11 février 2020.
Or, ils oublient que tous ne sont pas égaux en matière d’accumulation de revenus. Ainsi, les Canadiennes prennent leur retraite en ayant épargné 30 % de moins que les hommes, selon le deuxième baromètre annuel du degré de préparation à la retraite publié par Mercer en mars dernier. « Comme les femmes disposent d’une épargne-retraite moindre et que leur espérance de vie est plus grande, pour assurer la parité à cet égard, elles doivent travailler deux ans de plus que les hommes pour disposer d’un revenu suffisant pour leur retraite », précise le baromètre.
C’est entre autres pourquoi l’organisme ÉducÉpargne rappelle que « la première étape pour planifier sa retraite, c’est de savoir d’où pourront provenir ses revenus » — et non de déterminer l’âge auquel on souhaite quitter le marché du travail. Une évaluation de l’épargne personnelle et des différentes sources de revenus prévues permet ainsi plus exactement de déterminer le meilleur moment pour prendre sa retraite « afin d’en profiter pleinement ».
Les sources en question sont nombreuses et varient selon la situation financière et les conditions de travail de chacun. Certaines d’entre elles sont des prestations gouvernementales, soit le Régime de rentes du Québec (RRQ) – ou le Régime de pensions du Canada dans le cas des autres provinces – et la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV). Celles-ci sont versées sur une base mensuelle et sont accessibles à compter de 60 ans dans le cas du RRQ et de 65 dans pour la PSV. Le montant de ces rentes est déterminé par l’âge auquel le particulier commence à les recevoir, entre autres considérations.
Dans le cas de la RRQ, si le récipiendaire a moins de 65 ans, sa rente sera réduite pour chaque mois entre le début de la rente et son 65e anniversaire. « Le facteur de réduction sera de 0,5 % par mois si le montant de [la] rente est très faible et variera jusqu’à un maximum de 0,6 % [s’il reçoit] la rente maximale », indique Retraite Québec. À l’inverse, si la RRQ est demandée entre 65 ans et 70 ans, la personne « pourr[ait] profiter d’un montant encore plus élevé qu’à 65 ans ».
Il est également possible de reporter la réclamation du paiement de la PSV jusqu’à 60 mois après l’âge de 65 ans. Elle se trouve alors bonifiée de 0,6 % par mois de report.
Donc, il peut s’avérer avantageux de reporter le moment de réclamer les prestations provenant des programmes publics de rentes. Il n’existe toutefois pas de réponse universelle quant à l’âge idéal pour les demander, convient le fiscaliste et planificateur financier Martin Dupras, propriétaire de ConFor financiers. Cette réponse « dépend de la situation personnelle de chaque client et sera influencée par bon nombre de considérations », assure-t-il. Parmi elles : l’espérance de vie, les besoins de revenu et l’accès à différentes sources de revenus, le rendement attendu des placements et les considérations successorales.
L’importance d’épargner
Le produit de l’épargne personnelle est la seconde source de revenus de retraite prévue. Celui-ci découle des sommes amassées à l’intérieur de différents véhicules de placement, qui peuvent être détenus sous la forme de compte épargne enregistré ou non, les premiers étant à l’abri de l’impôt. C’est le cas par exemple d’un compte d’épargne libre d’impôt (CELI), d’un régime enregistré d’épargne-retraite (REER) ou d’un régime volontaire d’épargne-retraite (RVER) — auquel il est possible de cotiser en l’absence de régime d’épargne-retraite collectif offert par l’employeur.
Selon les conditions de travail, une troisième source de revenus peut découler d’un régime complémentaire de retraite – appelé plus communément fonds de pension –, qui est un revenu garanti par l’employeur. Dans le cas de fonds de pension provenant d’anciens employeurs, le montant accumulé pourrait avoir été transféré dans un compte de retraite immobilisé (CRI) — qui est une forme de REER conçu à cette fin.
Le revenu de retraite peut finalement découler d’autres sources diverses. C’est le cas par exemple du régime de participation différée aux bénéfices (RPDB). Ce régime, qui offre un revenu différé à l’abri de l’impôt, est constitué d’un partage de bénéfices d’une entreprise entre elle et ses employés. Ce sont les employeurs qui doivent y cotiser annuellement selon des plafonds précisés dans la Loi de l’impôt sur le revenu. « Les cotisations et les revenus de placement s’accumulent à l’abri de l’impôt lorsqu’ils demeurent dans le RPDB, mais sont inclus dans le revenu aux fins de l’impôt au moment du retrait », souligne l’Agence du revenu du Canada.
La situation financière de chaque personne étant unique, « l’établissement de l’ordre de décaissement des différents véhicules d’épargne est un élément clé d’une planification financière optimisée », signale Pascal Larivière, planificateur financier et directeur de division à IG Gestion de patrimoine.
La stratégie de décaissement a pour objectif de maximiser le revenu disponible et de diminuer les impôts à payer. « De façon générale, on cherche à niveler le taux d’imposition dans le temps afin d’éviter d’avoir des périodes avec de très faibles revenus imposables et d’autres, avec des niveaux de revenus imposables très élevés », illustre le planificateur.