Me Marianne Plamondon, avocate spécialisée en droit du travail et de l’emploi et associée au cabinet Langlois
PROFESSION : AVOCAT. Les cabinets d’avocats regorgent de spécialistes en droit du travail et d’avocats experts en santé et sécurité au travail, en conventions collectives, en harcèlement psychologique… Cela veut-il pour autant dire que ces lieux de travail sont exemplaires, ou les avocats sont-ils de proverbiaux cordonniers mal chaussés ?
Que les amoureux de la télésérie Suits se rassurent : le climat de travail toxique que l’on y retrouve ne refléterait pas le quotidien des avocats québécois. «Ça peut varier d’un cabinet à l’autre, mais il y a une volonté de créer des milieux de travail sains, dans lesquels les professionnels peuvent s’épanouir», estime Me Marianne Plamondon, avocate spécialisée en droit du travail et de l’emploi et associée au cabinet Langlois.
C’est d’autant plus vrai dans un contexte de plein emploi, alors que les cabinets s’arrachent les meilleurs professionnels. «Les jeunes avocats, notamment, n’acceptent pas d’être traités de manière irrespectueuse», avance Dominique Tardif, présidente de ZSA Québec, une division de ZSA recrutement juridique. «On ne voit plus beaucoup d’avocats qui crient après les autres, et même la hiérarchie se fait beaucoup moins sentir qu’à une certaine époque. Les cabinets s’efforcent de créer de bonnes ambiances de travail.»
Cette volonté de recruter et de retenir les avocats se ressent également dans leur démarche auprès de la gent féminine. Les conditions de travail très exigeantes des cabinets, tout comme le grand nombre d’heures consacrées au boulot ont en effet souvent été avancées pour expliquer pourquoi les femmes boudaient la pratique en cabinet. «Les cabinets se sont adaptés en augmentant la flexibilité d’horaire, le recours au télétravail, les services de garde d’enfants et en créant des postes pour des avocats qui souhaitent travailler moins d’heures ou qui ne visent pas à devenir associés, explique Mme Tardif. Les hommes peuvent aussi en profiter, mais ce sont des mesures instaurées pour favoriser la rétention des femmes.»
#MeToo est aussi passé par là. «Tous les cabinets ont retravaillé leur politique en ce qui concerne le harcèlement sexuel, souligne Me Plamondon. Les dirigeants veulent que les victimes puissent facilement porter plainte en cas de problème, et que ces plaintes soient bien gérées.» Les cabinets font aussi de la prévention, en limitant par exemple la consommation d’alcool lors des partys de Noël afin de réduire les risques de dérapage.
Ni mieux, ni pire
Le métier d’avocat n’est tout de même pas dénué de défis. «Ça reste un domaine où l’on exige beaucoup d’heures de travail et où le stress est assez présent, admet Me Plamondon. La conciliation entre le travail et la vie personnelle et familiale peut représenter un défi, notamment pour les jeunes avocats qui s’imposent beaucoup de pression de réussir leurs premiers mandats.»
Les cabinets sont des milieux non syndiqués, mais il peut arriver qu’en cas de conflit ou de problème – de comportement ou de performance, par exemple -, un spécialiste du droit du travail du cabinet vienne conseiller les dirigeants.
«Les cabinets ne sont ni mieux, ni pire que la moyenne des milieux de travail, estime en fin de compte Mme Tardif. On y retrouve un grand nombre de professionnels, dont l’immense majorité se comporte bien, mais il peut toujours y avoir des exceptions.»