LE COURRIER DU «CASH». Vos interrogations. Stéphane Rolland cherche les réponses.
R – Je crains de devoir être le messager de mauvaises nouvelles. Votre intuition que vos primes seraient moins élevées en signant votre contrat au début de la vingtaine aurait été vraie pour une assurance à prime fixe, mais ce n’est pas le cas du contrat que vous avez signé.
Nous avons présenté votre situation à Daniel Laverdière, directeur principal, Centre d’expertise, à la Banque Nationale Gestion privée 1859. Il nous a fait remarquer que votre contrat prévoit un taux renouvelable annuellement (TRA), ce qui veut dire que le montant de votre prime est révisé chaque année selon des hypothèses sur vos probabilités de décès. Comme vous n’avez pas encore franchi le cap de la quarantaine, la variation a été minime.
Les augmentations pourraient être plus importantes dans les prochaines années, prévient M. Laverdière. En 2018, le taux de mortalité d’une Québécoise de votre âge était de 0,4 pour 1000 en 2018, selon Statistique Canada. Ce taux monte à 0,7 sur 1000 pour la tranche de 40 à 44 ans et est de 1 sur 1000 de 45 à 49 ans.
Rappelons qu’une assurance vie universelle est un produit qui combine une assurance vie et de l’épargne-placement. L’assuré paie des primes plus importantes que le coût de l’assurance. La différence est investie dans des placements.
Au fil des années, le coût de votre assurance va augmenter, ce qui diminuera la partie de vos paiements qui sera investie. Il est même fort probable que le coût de l’assurance dépasse le seuil de votre prime de 50 $ par mois à un moment d’ici à la fin de votre contrat à l’âge de 85 ans, ce qui vous forcera à puiser dans votre capital ou à payer des primes plus élevées.
Deuxième mauvaise nouvelle, à 3,05 %, les frais de gestion du fonds offert par votre assureur sont très élevés, ce qui vient gruger une bonne part de vos rendements. Le fonds a un profil de croissance. Il serait important de vous assurer que cela correspond bien à votre tolérance au risque.
Pour revenir à la question, vous devez aussi vous demander si vous avez besoin d’une assurance vie. Il semble que personne ne dépend financièrement de vous, ce qui fait en sorte que vous n’avez probablement pas besoin de protéger vos proches contre les conséquences financières qu’entraînerait votre décès.
À la lumière de ces informations, investir l’argent est peut-être une meilleure option. D’autant plus que vous pourrez utiliser cet argent de votre vivant pour votre retraite, vos projets personnels ou gâter vos proches. M. Laverdière a fait une simulation financière pour vous. Supposons qu’il vous resterait 1000 $ après impôt en retirant l’argent de votre police d’assurance (notre lectrice a déjà retiré la majorité des sommes investies durant la durée du contrat) et que vous continuiez à épargner 600 $ chaque année plutôt que de payer votre prime. À un rendement de 4 %, vous pourriez avoir accumulé près de 33 000 $ à 65 ans.
Si vous décidez de mettre fin à votre police, M. Laverdière suggère de faire un bilan de santé avant, par simple précaution. «C’est toujours prudent de faire un bilan de santé avant de mettre fin à une assurance.»
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Source de l’illustration: 123RF