Me Normand Therrien et Me Eric Beauchesne, du cabinet Therrien Couture Joli-Coeur (Photo: Courtoisie)
LES GRANDS DU DROIT. Un colosse des services juridiques est né en 2019 avec l’union des cabinets Therrien Couture et Joli-Cœur Lacasse. Comptant plus de 350 employés, le bureau Therrien Couture Joli-Coeur devient le neuvième plus important du Québec, selon le classement Les Affaires.
« Nous voulons croître, progresser et demeurer pertinents dans un secteur en profond changement », explique Me Normand Therrien, président et chef de la direction du nouveau bureau. La fusion permettra de créer de plus grandes équipes, d’être plus attirant pour les jeunes talents et de dégager des moyens financiers importants pour investir, notamment dans les fintechs.
Cette union était dans l’air depuis un certain temps. Me Normand Therrien est un ami de jeunesse de Me Éric Beauchesne, ancien président et chef de la direction de Joli-Coeur Lacasse devenu président du conseil d’administration et chef de l’exploitation du nouveau cabinet. Le sujet avait été abordé en 2013, mais le fruit n’était pas encore mûr.
Fondé en 1994, Therrien Couture ne comptait toujours en 2010 qu’un seul bureau à Saint-Hyacinthe. En 2019, on le retrouvait dans cinq marchés et une envie de continuer de croître tenaillait ses dirigeants.
Me Normand Therrien a donc donné un coup de fil à son collègue de Joli-Coeur Lacasse. « De notre côté, nous arrivions à un moment charnière où nous devions songer à une fusion pour pouvoir développer de nouveaux marchés et continuer de grandir, donc nous étions un peu dans la même réflexion qu’eux », explique Me Éric Beauchesne.
Une fois enclenchées, en mars 2019, les discussions se sont déroulées rondement. Dès le 30 avril, une première séance de travail entre les deux équipes avait lieu dans les locaux de Joli-Coeur Lacasse. Le 30 août, les deux bureaux signaient un protocole de regroupement. Débutaient alors cinq mois de labeur intense pour préparer les débuts officiels du nouveau cabinet, le 1er janvier dernier.
« Le défi était d’arrimer tous les systèmes technologiques ainsi que les conditions de travail, les avantages sociaux et les modes opératoires, explique Me Éric Beauchesne. Nous voulions que les employés et associés aient l’impression que nous étions fusionnés depuis longtemps. »
Selon Me Normand Therrien, le regroupement permettra au cabinet d’avoir un plus grand volume de travail et de décrocher des mandats auprès de grands clients en-dehors du mid-market, qui était le terrain de jeu habituel des deux anciens bureaux.
Passer en deuxième vitesse
Le 30 janvier, LJT Avocats annonçait que les cinq avocats de Papineau Avocats, spécialisés en droit de la copropriété, rejoignaient ses rangs.
« Leur expertise complète nos pratiques en droit immobilier et en droit de la construction », explique Me Christian Joly, associé gestionnaire de LJT Avocats. De son côté, Papineau Avocats intègre un cabinet de plus grande taille, ce qui lui permettra de mieux promouvoir ses services.
Les discussions ont duré environ huit mois. Une fois la fusion accomplie, le défi reste de s’assurer que les équipes ne travaillent pas en silo. LJT Avocats a prévu une démarche originale pour y arriver. « Plutôt que de regrouper chaque pratique dans leur propre espace, nous les avons mélangées, raconte Me Christian Joly. Un avocat en droit de la construction peut se retrouver à côté d’un autre en droit de la copropriété ou d’un notaire. Ainsi, les gens se côtoient et apprennent à se connaître. »
En août 2019, LJT a aussi accueilli en son sein l’équipe de Lessard et Associés Avocats. Cela marque un virage dans l’histoire de LJT, qui n’avait jamais fait d’acquisition auparavant. « Nous avons d’autres occasions de regroupement en vue, toujours avec des expertises complémentaires aux nôtres », confie Me Christian Joly.
Dix ans plus tard
Il faut souvent quelques années avant de voir si un regroupement a porté les fruits espérés. Il y a dix ans cette année que la fusion entre Ogilvy Renault et Norton Rose Fulbright a été annoncée. L’opération s’était finalisée en 2011.
« L’intention était de créer un cabinet international pour fournir un service juridique à nos grands clients qui avaient beaucoup d’intérêts à l’étranger et y faisaient des transactions », rappelle Me Solomon Sananes, aujourd’hui associé directeur du bureau de Montréal de Norton Rose Fulbright.
Il estime que c’est mission accomplie. Le cœur de l’activité de Norton Rose Fulbright reste au Canada, mais le cabinet peut accompagner ses clients un peu partout lorsque le besoin s’en fait sentir. Il compte plus de 3 700 avocats répartis sur tous les continents.
Cela a aussi permis au cabinet de prendre de l’expansion au Canada. « Sans le regroupement initial avec Norton Rose Fulbright, je ne suis pas sûr qu’Ogilvy Renault aurait fusionné avec Macleod Dixon, à Calgary, par exemple », conclut Me Sananes.