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FORMATION. Diversifier son offre de formation; s’assurer de la disponibilité des contenus; motiver ses employés: voici quelques-uns des objectifs que s’était fixés le détaillant de produits pour animaux Mondou en mettant sur pied sa propre plateforme de formations en ligne, lancée en 2019. Une stratégie prisée par plusieurs entreprises en contexte de pandémie.
C’est entre autres pour s’assurer que les employés peuvent conseiller les clients en magasin que Mondou a lancé un premier programme de formation en entreprise, en 2008. «Toutefois, les participants devaient se déplacer pour participer au programme, qui comptait trois cours sur la nutrition et les produits offerts en magasin, sans nécessairement recevoir de mise à jour par la suite», rappelle Sarah Vaillancourt, cheffe principale de l’Académie Mondou, nom du programme en question.
En 2018, l’équipe a donc décidé de revoir complètement ses contenus à l’aide de spécialistes, comme des vétérinaires. Surtout, elle a effectué la migration en mode virtuel, dans le cadre de l’implantation d’une plateforme en ligne de gestion des ressources humaines. Une façon de favoriser l’accessibilité aux différents cours, mentionne la directrice des ressources humaines et conseillère de ressources humaines agréée (CRHA), Stéfanie Sauvé. «Ce système nous permet de joindre l’ensemble de nos employés, peu importe où ils se trouvent.» Un net avantage pour Mondou, qui compte 1 092 travailleurs répartis entre ses bureaux, son centre de distribution et ses 73 succursales réparties à travers le Québec.
Diversification au menu
Lancée en 2019, la nouvelle plateforme en ligne a aussi permis à l’Académie Mondou de décupler son offre de formation, qui est passée de 3 à plus de 120 capsules. «Nous avons décidé de pousser plus loin nos contenus, au-delà des questions de nutrition», mentionne Stéfanie Sauvé. Un parcours d’accueil en ligne destiné aux nouvelles recrues s’étalant sur trois semaines a par exemple été imaginé. «Nous préparons aussi une série de capsules pour les gestionnaires, qui aborde des questions comme le leadership, la communication ou la mobilisation», affirme-t-elle.
Une telle offre compte d’ailleurs plusieurs avantages de l’apprentissage en ligne popularisé par la pandémie, croit Julie Carignan, conseillère en ressources humaines agréée (CRHA) et psychologue organisationnelle. «Cette formule offre une grande flexibilité pour l’apprenant. Il peut avoir accès au contenu en tout temps et le consulter s’il en ressent le besoin. Sans compter la facilité de déploiement», indique l’associée à Humance, une firme-conseil longueuilloise en stratégies d’affaires et humaines.
Pour les entreprises qui désireraient sauter le pas, le simple fait de proposer différentes formations en ligne ne suffit pas, avertit toutefois Julie Carignan. En effet, devant un catalogue trop fourni, les employés risquent de perdre le fil et leur motivation. C’est pourquoi la CRHA propose plutôt de créer des parcours d’apprentissage basés sur ces plateformes virtuelles. «Lancer une cohorte entre plusieurs participants permet d’augmenter la motivation des travailleurs, illustre-t-elle. On peut alors prévoir différents types d’activités, par exemple en duo, des discussions entre employés ou des ateliers en direct.»
Les capsules en ligne deviennent donc un complément à l’apprentissage permettant de former une personne par étapes et de tester ses connaissances.
Chez Mondou, si les employés peuvent personnaliser leurs apprentissages en fonction de leurs intérêts, ils ne sont cependant pas laissés à eux-mêmes. Chaque mois, les travailleurs reçoivent une liste de capsules interactives à effectuer. Quand ils terminent un parcours, ils obtiennent un «diplôme», qui est une source de fierté, observe aussi Sarah Vaillancourt.
Ne laisser personne de côté
Si la formation virtuelle comporte plusieurs avantages, elle vient aussi avec ses défis. Ce type d’apprentissage n’est en effet pas forcément adapté à tous les milieux, estime Julie Carignan. Une question sur laquelle s’est penchée l’équipe de Mondou, notamment pour le personnel de son centre de distribution. «Certains travailleurs n’étaient pas à l’aise avec l’utilisation de la technologie. Nous avons donc installé des postes sur place, et une personne accompagne les employés pendant leur formation en ligne et s’assure qu’ils comprennent bien», explique Sarah Vaillancourt. Pendant la pandémie, cette ressource prenait même le contrôle de l’ordinateur à distance.
D’autres entreprises estiment qu’ils économiseront des frais en lançant un programme virtuel, constate Marie-Ève Hermkens, cofondatrice et présidente de Boomrank, un répertoire virtuel de formations. «Sauf qu’il ne faut pas oublier qu’il faut effectuer la mise à jour de l’information, ce qui demande des ressources, rappelle-t-elle. Et il faut aussi créer du nouveau contenu.»
Il est vrai que cette initiative exige un certain investissement, confirme l’équipe de Mondou, dont le développement du volet Formation s’est étalé sur plus d’un an et a nécessité l’équivalent d’un employé à temps plein. Mais le jeu en vaut la chandelle, puisque les travailleurs apprécient la possibilité de développer leurs compétences, assure Sarah Vaillancourt. «Un an après le déploiement de notre plateforme, le taux de satisfaction quant aux formations est passé de 16% à 87%. Et la popularité de notre offre montre que cela répond à un besoin.»