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La technologie au service de la formation

Anne-Marie Tremblay|Édition de la mi‑juin 2021

La technologie au service de la formation

De plus en plus d'entreprises demandent des éléments de réalité virtuelle ou augmentée dans ses formations. (Photo: 123RF)

FORMATION. Utiliser la technologie pour former les travailleurs n’est pas nouveau, mais certaines tendances et nouveautés se profilent dans ce domaine. En voici quelques-unes.

 

De nouveaux services pour Boomrank

C’est en travaillant à l’implantation de nouvelles technologies en entreprise que Marie-Ève Hermkens a décidé de lancer la plateforme en ligne Boomrank. «Je trouvais que c’était l’enfer quand venait le temps de sélectionner des formations continues. On perd un temps fou à trouver ce que l’on cherche», se rappelle la diplômée en administration des affaires, spécialisée en technologies de l’information.

La professionnelle a donc créé ce service qu’elle compare à un «Tripadvisor de la formation». En plus de se vouloir un guichet unique, l’engin propose un système de classement des offres en fonction de l’appréciation des participants. Si les chercheurs de formation peuvent accéder gratuitement à l’outil de recherche, ils peuvent aussi payer une adhésion pour accéder à plus de fonctionnalités. Les formateurs doivent quant à eux payer pour figurer dans le répertoire.

Depuis son lancement, il y a presque cinq ans, le nombre de formations affichées sur la plateforme a explosé, constate Marie-Ève Hermkens. «Aujourd’hui, Boomrank répertorie quelque 10 000 formations dans 20 domaines différents et provenant de 350 partenaires privés ou publics, comme les cégeps ou les universités», calcule sa cofondatrice et présidente.

De nouveaux services ont aussi récemment été ajoutés. «Il arrive qu’une entreprise ne réussisse pas à trouver la formation qu’elle cherche pour ses employés. Elle peut alors faire un appel d’offres dans tout notre réseau de partenaires, de façon anonyme», explique la présidente. Grâce à ce service, les formateurs qui sont membres peuvent ensuite faire une proposition à l’entreprise, qui peut alors les comparer et sélectionner celle qui lui convient.

«Quand je travaillais à Victoriaville, par exemple, cela pouvait coûter très cher de faire venir un formateur. C’est pourquoi ce service permet aussi de mutualiser les demandes, en réunissant plusieurs entreprises ayant les mêmes besoins, qui se séparent la facture», illustre la cofondatrice.

L’équipe de Boomrank a également développé un outil pour aider les gestionnaires à mettre sur pied un plan de développement des compétences. «Un des problèmes des entreprises, c’est qu’elles ne planifient pas: elles vont par exemple payer une formation à un employé pour ensuite réaliser que d’autres auraient voulu se perfectionner sur le même sujet, observe Marie-Ève Hermkens. Cela finit par coûter cher.» L’outil développé par sa PME basée à Québec permet d’avoir une vue d’ensemble des besoins de formation des employés, de déterminer les forces et les faiblesses de ses équipes et de prévoir un plan de formation en conséquence. «C’est intéressant, précise-t-elle, puisque ce constat permet entre autres de favoriser la mobilité interne.»

 

Réalité virtuelle et augmentée

En plus des différentes plateformes de formations en ligne popularisées par le télétravail, plusieurs technologies commencent à faire leur nid dans le secteur, constate Julie Carignan, conseillère en ressources humaines agréée (CRHA), psychologue organisationnelle et associée à Humance. La firme de consultation de Longueuil a d’ailleurs reçu plusieurs demandes de clients pour ajouter des éléments de réalité virtuelle ou augmentée dans ses formations. «C’est intéressant, parce que le fait de mêler le réel et le virtuel augmente la motivation et peut se révéler très stimulant pour les participants», observe Julie Carignan.

Certaines entreprises, comme la Banque de développement du Canada (BDC), ont utilisé cette technologie pour aider les entrepreneurs à développer leurs compétences de gestion. Leur parcours a touché 1 400 participants, selon les données de l’entreprise LCI LX (autrefois Ellicom), qui a développé la formation pour la BDC. D’autres, comme Hydro-Québec, ont aussi fait affaire avec cette firme montréalaise pour former leurs employés en santé et sécurité. Les travailleurs effectuent des réparations virtuelles, tout en étant conscientisés quant aux risques d’électrocution.

 

Apprentissage social

Alors que la crise sanitaire a forcé plusieurs employés à travailler de la maison, le «social learning» (l’apprentissage social, en français) risque de faire un retour en force. «Ce n’est pas nouveau, mais c’est certainement remis de l’avant par le contexte actuel», observe Julie Carignan. En effet, des recherches montrent que l’être humain apprendrait mieux quand il est plongé dans la réalité et qu’il entre en interaction avec les autres.

«Si on veut maximiser nos efforts en matière de formation, il faut laisser l’occasion aux apprenants de tester leurs nouvelles connaissances, souligne Marie-France Godin, CRIA, consultante stratégique en ressources humaines à Go RH. Il faut donc prévoir non seulement de la formation théorique, mais aussi des groupes de codéveloppement ou des rencontres de groupes. Parce que le fait de discuter avec les autres de son expérience permet d’aller encore plus loin dans l’apprentissage.»

Bref, comme dans le monde du travail, le domaine de la formation risque d’avoir à trouver son mode hybride, partagé entre les mondes réel et virtuel.