Judith Neveu, vice-présidente marketing à EMD-Batimo (Photo: Geneviève Beaupré)
FORMATION MBA. Métro, boulot, enfants, travaux scolaires : quand un cadre ou un dirigeant se lance dans une maîtrise en administration des affaires (MBA), c’est toujours en parallèle de sa vie professionnelle, mais également familiale. Comment jongler avec tous ces aspects et garder l’équilibre ? Témoignages et conseils.
Maman de trois enfants, Karine Gauthier a obtenu son MBA de l’Université de Sherbrooke en décembre dernier, après quatre ans d’études à temps partiel. « L’une de mes filles m’a dit que ça allait être un cadeau de Noël pour elle ! Mes enfants sont conscients que c’était important pour moi, mais ils avaient très hâte que ça finisse », raconte cette ingénieure, aujourd’hui chef des études d’automatismes et de la protection à Hydro-Québec.
Une anecdote qui démontre à quel point ce genre décision touche toute la famille. Pour qu’elle soit couronnée de succès, il faut donc s’assurer d’avoir l’appui de son entourage, souligne Karine Gauthier. Surtout que ses enfants avaient 3, 5 et 7 ans lors de son inscription. « Avant de commencer le MBA, mon conjoint et moi avons réfléchi : on savait que c’était un projet qui allait avoir un impact sur toute la famille et qu’il devrait s’occuper davantage de la routine pendant mes cours et durant les travaux. Et ce, pendant une bonne période de l’année, puisqu’il y a trois sessions réparties sur 12 mois. » Et il a répondu présent.
Même son de cloche du côté de Judith Neveu. Un samedi sur deux, la résidante de la Rive-Nord se levait à 4 h 30 du matin afin d’arriver à temps pour ses cours qui commençaient à 8 h dans les locaux de l’Université Laval, à Québec. Durant deux ans. Une aventure impossible sans l’appui de sa famille et de son conjoint, qui prenait le relais pour le ménage, l’épicerie et le lavage. « Quand je revenais, vers 7 h 30 ou 8 h le soir, il ne restait qu’à souper en famille, se souvient-elle. Et mon dimanche était libre. »
Judith Neveu a toutefois attendu 2018, alors que ses enfants avaient atteint l’âge de 11 et 13 ans et qu’elle occupait le poste de directrice marketing au Groupe Maurice, avant de s’inscrire au programme de MBA pour cadres en exercice, près de 15 ans après son baccalauréat par cumul en marketing et gestion. « Ce parcours m’a toujours intéressée, car j’avais déjà l’ambition de devenir vice-présidente, mais quand j’ai terminé mes études, on m’a plutôt conseillé de prendre de l’expérience avant de poursuivre au MBA. Quand mes enfants étaient au début du secondaire, j’y ai vu une fenêtre d’opportunité. », raconte celle qui est depuis peu vice-présidente marketing à EMD-Batimo.
Une organisation sans faille
Même si ses enfants étaient plus grands, il fallait une discipline de fer pour tout concilier, assure Judith Neveu. « J’ai dû dire au revoir à la lecture de romans ou magazines pendant cette période, illustre-t-elle. Je me vois encore en train de plonger dans mon livre de finances pendant que je prenais un bain chaud ! » Elle arrivait aussi trente minutes plus tôt au bureau le matin pour s’avancer dans ses travaux scolaires. Toutefois, le souper en famille est resté une tradition. « Puis, le soir, tout le monde vaquait à ses occupations. Souvent, on s’installait tous à la table pour faire nos devoirs. »
Karine Gauthier a aussi mis une croix sur le ski alpin, un sport qu’elle adore, pendant son parcours. « J’ai dû réaligner mes priorités, affirme-t-elle. Avant, il m’arrivait d’aller au resto pour rejoindre des amis. Pendant mes études, ma priorité était les enfants, le travail et le MBA. Je gardais donc cette vie sociale pour entre les sessions. Autrement, mes sorties, c’étaient mes cours. Mais c’était très stimulant. »
Il faut aussi maximiser son horaire, ajoute-t-elle. Ainsi, chaque petit moment est bon pour s’avancer dans ses lectures. Pour gagner en efficacité, l’ingénieure a troqué l’entraînement au YMCA pour de la course à pied et s’est tournée vers le service de traiteur pour les lunchs de ses enfants. « On ne peut pas inventer des heures. Il faut donc optimiser le temps qu’on a et déléguer quand c’est possible. »
Les deux femmes sont fières d’avoir persévéré, malgré la charge importante. « Au moment où je me suis inscrite, ma patronne avait elle-même fait le même cheminement et m’a beaucoup encouragée à me lancer, se rappelle Judith Neveu. Aujourd’hui, c’est une de mes collègues qui a fait de même, inspirée par mon parcours. » La preuve selon la vice-présidente qu’il est possible de tout concilier. « C’est beaucoup d’organisation et de sacrifices, mais la fierté de l’accomplissement en vaut tellement la peine. »