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FORMATION MBA POUR CADRES ET DIRIGEANTS. Entamer une maîtrise en administration des affaires (MBA) tout en jonglant avec le boulot et la famille est un pensez-y-bien. C’est pourquoi plusieurs universités proposent aux gestionnaires et aux entrepreneurs des options courtes et plus accessibles qu’une maîtrise en administration des affaires traditionnelle.
Pionnière en la matière, l’Université McGill offre un programme de mini-MBA depuis 1957. Concentrée sur huit jours, cette formule d’apprentissage permet de démystifier les différentes fonctions de l’entreprise, comme les ressources humaines, les finances, le marketing et plus. «Si l’objectif est de pouvoir ajouter les trois lettres à côté de votre nom, ce n’est peut-être pas la bonne option, car cette formation n’est pas créditée», met toutefois en garde Éric Saine, directeur exécutif de l’Institut des cadres de l’institution.
Pour ceux qui désirent toutefois acquérir les bases de ces concepts, c’est une avenue à considérer. «C’est intéressant pour des gens spécialisés dans un domaine, mais qui ne connaissent pas les différentes fonctions de l’entreprise. Ils seront ensuite en mesure de mieux comprendre les enjeux de chaque département et d’en discuter. Cela leur permet d’avoir une capacité d’analyse transversale propre au MBA», estime Pascal-André Allaire, directeur de la réalisation des activités et de l’administration à l’École des dirigeants HEC Montréal.
L’institution offre elle aussi, depuis plus de deux décennies, une formule concentrée se déployant sur huit jours et une soirée baptisée «L’essentiel du MBA». S’y ajoutent depuis peu deux séances de coaching personnalisé de trois heures. «Cela permet d’aborder des questions touchant le parcours du gestionnaire, son style de gestion et de voir comment il pourrait être plus efficace, quels sont ses leviers d’action», mentionne M. Allaire.
En effet, si le programme permet un survol du fonctionnement d’une entreprise, on y met aussi l’accent sur l’individu. «On voulait que les gens puissent faire évoluer leur réflexion sur une base plus personnelle, sur leur profil en tant que gestionnaire. C’est d’ailleurs le sujet du premier cycle de cours», précise-t-il. Au-delà du volet théorique, ces formations misent donc sur la personnalisation, le partage d’expériences et les exercices pratiques.
Dans les deux universités, ces formations se découpent en quelques cycles de cours que les étudiants peuvent compléter les uns après les autres. «Si notre deuxième cycle porte sur la gestion avancée et aborde des notions touchant les opérations, comme le lean management, le troisième pose plutôt un regard vers le futur. Il porte sur l’innovation, la créativité et les façons d’ajouter de la plus-value», détaille M. Allaire.
Meilleur gestionnaire… et meilleur père
S’il a décidé d’opter pour un mini-MBA à l’Université McGill alors qu’il s’apprêtait à faire le saut en grande entreprise, Dany Robichaud estime que les connaissances qu’il y a acquises l’auraient bien aidé pendant qu’il était à la tête de sa propre entreprise de transport de pièces spécialisées, mais aussi au moment de la vendre. «J’aurais tellement aimé avoir suivi cette formation avant, car je n’aurais pas pris les mêmes décisions au même moment, raconte celui qui est aujourd’hui directeur du développement des affaires intermodales chez C.H. Robinson. Ça m’a aidé à développer de vraies méthodes de négociation, à mieux décoder des contrats et à comprendre les finances, entre autres.»
Même s’il n’avait aucune formation universitaire, M. Robichaud a pu terminer les trois mini- MBA de l’Université McGill. C’est d’ailleurs pour ouvrir la porte aux gestionnaires qui n’ont pas nécessairement de prérequis académiques que les mini-MBA existent, explique M. Saine. «Il y a plusieurs gens qui ont une expérience très intéressante, qui ont ajouté de la valeur dans leur entreprise, mais qui n’ont pas nécessairement de diplôme, note-t-il. C’est dans notre philosophie de leur donner accès à ces connaissances.»
S’il pense maintenant à s’inscrire éventuellement au MBA traditionnel, M. Robichaud ne regrette pas du tout son cheminement accéléré. Au contraire. Il estime que ce qu’il a appris lui a permis de s’améliorer comme gestionnaire… mais aussi comme papa. «J’ai quatre enfants dont deux sont autistes, raconte-t-il. Avant, je gérais mes affaires et ma vie de façon émotive. J’ai appris qu’il faut prendre une certaine distance et se mettre réellement en mode écoute, ce qui m’aide à m’ouvrir à l’opinion des autres. Un bon point auprès de mon équipe et de ma famille.»
Entre 33 et 55 ans
Âge des étudiants des mini-MBA de l’Université McGill