Zilia est une entreprise de technologie de la santé de Québec qui développe une technologie d’oxymétrie oculaire destinée à faciliter le diagnostic de maladies oculaires, neurologiques et systémiques. (Photo: courtoisie
FINANCEMENT D’ENTREPRISES. Le prix Innovation IA 2021 de l’Association pour le développement de la recherche et l’innovation au Québec ; une place dans le plus récent palmarès des 100 jeunes pousses les plus prometteuses en Amérique du Nord du magazine techno américain Red Herring ; une participation à l’accélérateur Canada–États-Unis pour les femmes fondatrices lancé par Google for Startups… En accumulant de tels honneurs, My Intelligent Machines (MIMs), qui met en marché des logiciels-services d’intelligence augmentée destinés aux spécialistes en sciences de la vie, est en voie de devenir un fleuron de l’écosystème québécois de l’intelligence artificielle.
Il suffit pourtant de reculer en 2019 pour constater que ce titre était loin d’être acquis. La jeune pousse fondée deux ans plus tôt comptait alors tout au plus une dizaine d’employés. « Nous étions en phase de démarrage, avec à peine 500 000 $ d’investissements de préamorçage et quelques prototypes en poche, raconte Sarah Jenna, PDG et cofondatrice de MIMs. Nos besoins financiers étaient considérables ; des compagnies de haute technologie comme la nôtre demandent des moyens considérables pour croître. »
Face à l’absence – du moins à l’époque – de fonds de capital de risque spécialisé en sciences de la vie, l’entreprise montréalaise a donc décidé de cogner à la porte d’Anges Québec. Une décision heureuse, en rétrospective. « Nous avons réussi à fédérer 14 anges du réseau autour de notre projet, dont Jean-Marc Rousseau, directeur du transfert technologique à l’Institut de valorisation des données (IVADO) de Montréal. Il nous a aidés à rallier plusieurs investisseurs institutionnels à notre cause, tels Desjardins Capital, Consortium Medteq, Real Ventures et Standup Venture », énumère Sarah Jenna.
Le succès de la première ronde de financement de MIMs – qui s’est clôturée à 2,6 millions de dollars (M$) – illustre bien la valeur que peuvent générer les anges financiers. Cela est tout particulièrement vrai avec ceux qui sont dotés d’expertise dans un domaine précis. « Avoir accès à de tels investisseurs est précieux. Cela permet par exemple d’avoir accès à un réseau de contacts foisonnant, ce qui vaut tout l’or du monde », pense Dominique Bélanger, associé directeur des fonds de croissance en coinvestissement à BDC Capital.
Capital de risque
Les anges financiers sont souvent les premiers investisseurs extérieurs à injecter du capital dans une entreprise en démarrage – après la famille et les proches des fondateurs (capital de proximité), il va sans dire. C’est ce qui est arrivé à Zilia, une entreprise de technologie de la santé de Québec qui développe une technologie d’oxymétrie oculaire destinée à faciliter le diagnostic de maladies oculaires, neurologiques et systémiques.
En 2017, l’entreprise naissante avait un concept, un modèle d’affaires et un brevet, mais pas une cenne. « Nous avions besoin de quelques centaines de milliers de dollars pour mettre au point un prototype fonctionnel. Seul problème : un projet comme le nôtre ne cadre tout simplement pas avec les prêts plus classiques alloués par des institutions financières », explique Patrick Sauvageau, son PDG et cofondateur. L’absence d’historique de revenus, l’inexistence de flux de trésorerie et l’incapacité de rembourser la dette dès le lendemain de l’emprunt sont autant de facteurs qui a amené l’état-major de Zilia à se tourner vers des anges investisseurs associés à Anges Québec.
« Nous avons eu la chance de croiser des investisseurs familiers avec notre secteur qui croyaient en nous. Sans leurs capitaux de risque, nous en serions encore à la case départ », confirme Patrick Sauvageau. Zilia a réussi à convaincre plus de 30 anges à investir dans son projet depuis ses débuts. Ces derniers ont par exemple investi 1,11 M$ dans la plus récente ronde de financement de l’entreprise, qui s’est clôturée à 4 M$. Leur présence a donc convaincu d’autres investisseurs d’embarquer en cours de route.
« Si les anges financiers interviennent lors des tout premiers stades de vie d’une entreprise, ils demeurent néanmoins dans le décor par la suite. Ce sont des partenaires avec qui il faut composer pendant 12 ans en moyenne », fait remarquer Dominique Bélanger.
Zilia attend le feu vert de Santé Canada et de la Food and Drug Administration (FDA) pour commercialiser sa caméra rétinienne permettant la mesure continue de l’oxygénation dans la rétine. Grâce à ses anges, elle peut patienter sans problème jusqu’en 2023, année escomptée pour obtenir ces autorisations réglementaires.