Les solutions à la Bourse séduisent les entrepreneurs
Jean-François Venne|Édition de la mi‑janvier 2019[Photo: 123RF]
Le nombre de sociétés québécoises inscrites au TSX ou au TSXV a diminué de 195 à 189 en 2017. On en dénombrait plus de 300 en 2008. Au profit de quelles solutions les entreprises québécoises délaissent-elles la Bourse ?
Nos entreprises profitent de l’abondance actuelle de capitaux privés sur le marché québécois. Un rapport de l’Association canadienne du capital de risque et d’investissement privé montre qu’en 2017, 30 % des transactions de capital de risque du Canada s’étaient faites au Québec. Cela représentait 900 millions de dollars sur un total canadien de 2,6 milliards de dollars, soit 37 %. Plus de la moitié des transactions canadiennes en capital de développement (55 %) concernait des entreprises québécoises. «Nous allons chercher plus que notre part de ces investissements, ce qui montre bien que l’écosystème de financement privé au Québec est très favorable aux entreprises», souligne Frédéric Bouchard, associé chez PwC Canada.
L’abondance de capital privé au Québec s’explique de plusieurs manières. Les bas taux d’intérêt maintenus au Canada depuis de nombreuses années ont eu deux conséquences importantes pour les entreprises. D’une part, les emprunts coûtent moins cher, dans un contexte où les banques se montrent très agressives dans leurs investissements. D’autre part, ces bas taux rendent peu attrayants les dépôts à terme ou les titres à revenu fixe comme les obligations. Les investisseurs optent donc pour des investissements différents, notamment les fonds de capital de risque, dont les coffres débordent. La présence de grands investisseurs institutionnels comme la Caisse de dépôt et placement du Québec ou le Fonds FTQ et la multiplication des gestionnaires de grande fortune (family offices) procurent aussi une bonne source de financement.
Un trou d’air
Les jeunes entreprises québécoises trouvent assez facilement du capital de risque, notamment pour appuyer l’amorce et le démarrage. Idem pour les plus matures, qui sont en phase de développement et souhaitent financer des fusions et des acquisitions ou une expansion internationale. Entre les deux toutefois, il y un trou d’air.
«Le capital de croissance pour les entreprises qui arrivent sur le marché avec un nouveau produit se fait un peu plus rare», indique M. Bouchard. Convaincus d’avoir un bon produit, les entrepreneurs ont tendance à évaluer leur valeur à la hausse, alors que les investisseurs restent plus conservateurs devant une société qui n’a pas encore effectué de ventes. Cela complique l’atteinte d’un accord de financement.
Les fonds de capital boudent aussi certains secteurs. Le cannabis apporte un risque réputationnel élevé et plusieurs fonds institutionnels ont décidé de s’en tenir loin pour l’instant. Les minières présentent, elles, un risque de marché élevé. Dans ces secteurs, les entrées en Bourse restent donc plus fréquentes.
La disponibilité du capital privé n’est pas son seul attrait. Les fonds de capital ont des horizons de plusieurs années, alors que la présence en Bourse oblige à gérer au trimestre. Selon Michel Magnan, professeur de comptabilité à l’Université Concordia, «ce capital permet aux entreprises de se financer, mais les fonds d’investissement, les anges investisseurs et autres joueurs de ce type leur offrent aussi de l’accompagnement stratégique dans leur croissance.»
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