Propriété patrimoniale de la rue Sherbrooke Ouest, la Maison Notman suscite énormément d’engouement, selon l’agent immobilier Julien Marois, mandaté par un huissier pour la vendre. (Photo: Jean Gagnon / CC)
Haut lieu de rencontre pour les start-ups montréalaises, la Maison Notman voit son avenir résider entre les mains de la Banque de développement du Canada (BDC) et d’Investissement Québec (IQ). Ces derniers doivent choisir un acheteur.
L’édifice appartenait à la Fondation Osmo, mais il a été mis en vente il y a près de deux semaines, car l’organisme sans but lucratif n’arrivait plus à payer son hypothèque.
Malgré un prix demandé de 5,495 millions de dollars (M$), cette propriété patrimoniale de la rue Sherbrooke Ouest suscite énormément d’engouement, selon l’agent immobilier Julien Marois, mandaté par un huissier pour la vendre.
«J’ai eu beaucoup de visites, dit-il en entrevue. Je suis très impressionné par le volume de demandes pour la propriété. Les acquéreurs potentiels ont des profils multiples, que ce soit des investisseurs, des entrepreneurs immobiliers, des fondations ou des galeries d’art.»
Un groupe d’une trentaine d’entrepreneurs qui désire que cet édifice continue de desservir les jeunes pousses fait partie de ceux qui souhaitent l’acquérir.
«On a déposé une offre hier, explique leur porte-parole Nan Hao, fondateur de la PME Guiker. La raison pour laquelle on est réuni derrière la cause, c’est que la Maison Notman est un symbole. J’ai moi-même rencontré des investisseurs et des collègues importants à cet endroit. Cet espace a une valeur pour la communauté des start-ups. Notre vision, c’est de maintenir sa vocation.»
Celui qui dirige une entreprise spécialisée dans la gestion de propriétés fractionnées entre de nombreux propriétaires espère que la BDC et Investissement Québec tiendront compte de l’objectif du groupe qui veut conserver l’ADN de cet endroit lorsqu’ils évalueront les offres d’achat présentées.
«Je pense qu’on a 50% des chances de l’acquérir, dit-il. Cela dépend d’IQ et de la BDC. Vont-ils prendre en considération l’impact sur l’écosystème des start-ups ou vont-ils seulement tenir compte du prix? Je n’ai aucun doute que notre offre est la mieux alignée avec la mission de la BDC et d’IQ, qui est d’appuyer les PME.»
L’entrepreneur souligne que si son groupe l’emporte, cela sera profitable pour l’essor de la Maison Notman. Il mentionne qu’il pourrait y avoir beaucoup plus de propriétaires que la trentaine d’investisseurs rassemblés jusqu’à présent dans son groupe. D’autres peuvent se joindre à eux. «Avec l’ensemble de la communauté qui devient propriétaire, on pense qu’il y aura davantage de synergie, affirme-t-il. Pourquoi louer un espace ailleurs qu’à la Maison Notman pour ceux qui y auront investi? Cela amènera de l’achalandage.»
De la place pour tous
Nan Hao ne croit pas que la création l’an prochain du hub d’innovation Ax-C dans l’ancien parquet de la Bourse de Montréal (à la tour de la place Victoria) remet en cause la préservation de la Maison Notman pour l’écosystème des jeunes pousses. Ce projet de 48 millions de dollars est complètement différent, selon lui.
«Les entreprises en démarrage ne cadrent pas avec l’environnement qui sera créé chez Ax-C, croit-il. Le succès vient de la pression et des difficultés et c’est ce que représente la Maison Notman. C’est la culture des gens qui sont en bas de la côte et qu’ils veulent monter. Je ne crois pas que c’est le profil d’Ax-C qui accueillera de jeunes entreprises un peu plus matures.»
D’après des documents juridiques déposés en Cour supérieure en octobre dernier, consultés par Le Devoir, la BDC et Investissement Québec disent avoir prêté 6,4M$ à la Fondation Osmo depuis 2014 pour financer l’achat et la rénovation de la Maison Notman. Ces créanciers soutiennent que la Fondation lui devait 323 000$ en hypothèque impayée en octobre dernier.
L’édifice abrite des bureaux de start-ups, en plus d’avoir des salles de réunion et des espaces événementiels. Il héberge aussi un café. Selon le site web de la Maison Notman, cette institution a accueilli plus de 400 start-ups et 70 000 visiteurs depuis l’ouverture de ses portes en 2014.
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