(Photo: 123RF)
DESIGN INDUSTRIEL. Une nouvelle signalétique est en cours d’implantation dans le réseau de la Société de transport de Montréal (STM). Lancée en 2015, l’installation sera mise en oeuvre dans une vingtaine de stations d’ici 2020, car par mesure d’économie, le déploiement se fait à la faveur des travaux de réfection majeure dans une station.
Vingt ans qu’il n’y avait pas eu de changement dans la signalétique, indique Francis Brisebois, qui est arrivé à la STM en 2011 pour piloter ce projet d’envergure. Un vrai travail de designer : «On s’est mis dans la peau des usagers pour comprendre leurs déplacements et leurs besoins d’information dans la station», explique le titulaire d’un baccalauréat en design industriel de l’Université de Montréal.
Les grands objectifs du projet ? Accroître la lisibilité, la visibilité et la cohérence de l’information et améliorer le choix d’orientation vers les sorties, tout en respectant le caractère patrimonial de certains éléments historiques. «On voulait garder tout ce qui n’avait pas bougé depuis 1966 comme l’indication du nom des stations ou le symbole du métro. Tout le reste pouvait évoluer», précise M. Brisebois.
Après la réalisation d’un diagnostic de l’existant, un comité de travail a été formé, chargé d’effectuer une veille des meilleures pratiques internationales en scrutant Pinterest ou des sites spécialisés. La nouvelle police, Transit, créée expressément pour la signalétique de transport, est ainsi celle utilisée dans le réseau de Berlin. L’usage des majuscules et des minuscules, plus faciles à lire pour les personnes souffrant de déficience visuelle, se retrouve aussi dans le métro de Londres, notamment. Enfin, l’identification des sorties par des codes, des lettres dans le cas montréalais, s’inspire directement des métros de Paris ou de Hong Kong.
Des tests utilisateurs grandeur nature
«Chaque élément graphique a été étudié, que ce soit la police, les flèches, les couleurs ou les pictogrammes», ajoute M. Brisebois. Des groupes de discussion et des tests en station avec des imprimés ont ainsi été organisés avec différents types de clientèle.
Un projet pilote a même été déployé aux stations Jean-Talon et Henri-Bourassa (l’une sert de correspondance et l’autre comporte de nombreuses sorties) pour tester en situation réelle les évolutions apportées. «On s’est beaucoup inspiré de l’expérience utilisateur [UX] et de ce qui se fait sur les sites web, en faisant appel ici à la firme de recherche montréalaise Ad Hoc, indique M. Brisebois. On a pris des usagers et on leur a posé des questions tout au long de leurs déplacements pour voir si on répondait bien à leurs besoins d’informations.»
L’exercice a permis de se rendre compte, par exemple, que les pastilles de couleur accolées au nom des stations, les codes de sortie ou la différence de couleur de fond en fonction du type de contenu (noir pour les destinations souterraines, blanches pour celles en surface) ont été très rapidement adoptés par la clientèle. Mais aussi que l’abandon des informations rétroéclairées au profit de plus grands panneaux, hypothèse testée au cours du processus, n’était pas une bonne idée : l’information se différenciait moins de la publicité et était moins visible dans certains endroits plus sombres. «Ce travail de quatre ans nous a permis de voir jusqu’où on pouvait se permettre d’aller», assure M. Brisebois.
Ce projet, presque intégralement réalisé à l’interne, a touché quelques sensibilités au début. «On s’est fait traiter de terroristes graphiques !», rigole M. Brisebois. Mais, maintenant que le déploiement suit son cours dans le métro, le conseiller de la STM s’attelle à un autre dossier : la création d’une signalétique métropolitaine aux normes communes, que ce soit pour le train, le bus, le métro… ou le futur REM.