Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

CAE et Air Canada offrent des perspectives différentes

Jean Gagnon|Édition de la mi‑juin 2022

CAE et Air Canada offrent des perspectives différentes

(Photo: 123RF)

La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.


(Illustration: Camille Charbonneau)


Alors que s’annonce une bonne reprise du transport aérien, laquelle de ces deux sociétés les investisseurs devraient-ils préférer entre CAE et Air Canada ? La question se pose, car si l’une pourrait causer une agréable surprise à court terme, l’autre offre un fort potentiel à plus long terme.

Associée au monde de l’aviation par ses simulateurs de vol et ses formations pour les pilotes, CAE (CAE, 34,02 $) a connu une performance boursière relativement semblable à celle d’Air Canada (AC, 21,33 $) à partir de 2015. Les deux titres se sont aussi écroulés de la même façon lorsque la COVID-19 s’est pointée, cédant respectivement 65% et 80 % de leur valeur en quelques semaines.

En revanche, dans l’après-pandémie, les choses ont changé. Le cours de l’action de CAE a retrouvé en moins de deux ans son sommet de janvier 2020, faisant ainsi l’envie des détenteurs d’actions d’Air Canada qui recouvraient moins de la moitié de leurs pertes.

 

Le profil de risque a changé

Pour faire un choix, il faut d’abord comprendre que le profil de risque de chacune des sociétés n’est plus le même, explique d’entrée de jeu Philippe Côté, gestionnaire de portefeuille au Groupe Eterna. «Surtout parce que la moitié des revenus de CAE provient maintenant du secteur de la défense, ce qui la dégage d’une partie du risque lié à la volatilité du secteur de l’aviation civile», dit-il.

Toutefois, l’effet de levier est actuellement plus favorable à Air Canada, car l’entreprise pourrait profiter d’une remontée rapide de la demande de la part des voyageurs, selon Philippe Côté. Ceux-ci ont accumulé beaucoup de crédits sur des réservations auprès d’Air Canada et ils n’attendent que le moment de les utiliser. «Comme plusieurs voyageurs ont déjà effectué leur déboursé, ils se soucieront moins du prix des billets», dit-il. Des réservations très fortes pour cet été l’indiquent bien, selon lui.

 

 

Le prix du pétrole

La forte hausse du prix du pétrole n’aidera en rien les hausses de coûts du transporteur aérien. Mais après une telle hausse, il est permis de croire qu’un recul surviendra à un moment donné et que l’effet sera alors très positif sur les résultats d’Air Canada. Les deux ou trois prochains trimestres devraient être bons pour le transporteur aérien, selon le gestionnaire, qui voit peu de risque que le titre se retrouve sous la barre symbolique des 20 $.

 

De bonnes années devant pour CAE

Pour sa part, CAE a démontré que son modèle d’affaires est durable et qu’il génère de bons flux de trésorerie malgré les défis sans précédent que rencontre le secteur de l’aviation depuis l’arrivée de la pandémie, explique Fadi Chamoun, analyste à BMO Marchés des capitaux.

Il prévoit une forte demande pour ses produits au cours des deux ou trois prochaines années. Il croit également que la société aura l’occasion de procéder à des acquisitions qui auront un effet positif notable sur son bénéfice par action, qui pourrait facilement dépasser son niveau d’avant la pandémie.

CAE est très bien positionnée à plus long terme, croit également Philippe Côté. «La formation des pilotes sera toujours nécessaire et la demande de simulateurs et de programmes de formation, tant pour le secteur civil que celui de la défense, continuera de croître», dit-il. S’il existe un point faible toutefois chez CAE, c’est peut-être au chapitre de l’exécution, souligne le gestionnaire. Le contrôle des coûts a parfois connu des ratés et en cette période d’inflation, l’entreprise devra selon lui soigner cet aspect.

Par ailleurs, il admet que la direction a très bien géré l’épisode où elle a dû retarder la publication de ses derniers résultats trimestriels en cernant rapidement la source du problème, qui était une surcharge de travail de ses vérificateurs.

 

L’analyse technique

La performance du titre d’Air Canada a été moins éblouissante que celle de CAE depuis quelques mois. Toutefois, l’évolution du titre du transporteur entre 20 $et 30$depuis un an et demi lui procure aujourd’hui une base intéressante de laquelle il pourrait amorcer une nouvelle tendance haussière s’il parvenait à se dégager de ce corridor de fluctuations, souligne Monica Rizk, analyste senior chez Phases & Cycles et spécialiste de l’analyse des graphiques boursiers.

Quant à CAE, la reprise a permis au titre de regagner son sommet de février 2020, mais il s’est ensuite replié de façon importante. «Il s’agit souvent d’un événement négatif lorsqu’un titre ne réussit pas, après une si belle remontée, à maintenir ses gains et même à atteindre de nouveaux sommets», dit-elle.

La divulgation par CAE de ses résultats du quatrième trimestre de son exercice 2022, survenue le 31 mai, a permis de relancer le titre de façon intéressante, note l’analyste. Reste à voir si ces gains permettront un nouvel assaut vers son double sommet précédent.