Table ronde 2018: un rendement de 11,16% pour nos experts
Stéphane Rolland|Édition de la mi‑septembre 2019Les choix de nos experts en 2018 pourraient servir d'exemple quant à l'effet de la diversification sur un ...
Les choix de nos experts en 2018 pourraient servir d’exemple quant à l’effet de la diversification sur un portefeuille. Même si la moitié des 12 choix ont affiché un rendement négatif, trois coups de circuit auront permis à l’ensemble de la sélection d’obtenir un rendement de 11,16 % en tenant compte des dividendes et de la variation des devises.
Marc L’Écuyer
À 40,22 %, Marc L’Écuyer, gestionnaire de portefeuille chez Cote 100, affiche le rendement le plus élevé grâce à ses deux coups de circuit dans Starbucks (SBUX, 95,56 $ US) et Alimentation Couche-Tard (ATD.B, 83,32 $ US).
La chaîne internationale de cafés a fait mentir les sceptiques en obtenant un rendement de 87,6 %, le plus élevé des douze choix. À 30,8 fois les prévisions des bénéfices des 12 prochains mois, le titre est moins attrayant qu’il y a un an, alors qu’il se négociait à 20 fois les profits, relève M. L’Écuyer.
«Je n’avais pas pensé que le revirement serait aussi rapide. Le marché voyait Starbucks comme une société qui stagnait alors que c’était une entreprise de qualité. Le titre a finalement gagné 80 %. Il est rendu un peu cher. Nous sommes rendus à réduire notre position», commente-t-il.
À l’opposé, M. L’Écuyer croit qu’Alimentation Couche-Tard demeure un bon investissement, même après une progression de 34,5 %. Selon lui, l’exploitant de dépanneurs peut encore saisir des occasions de croissance, même si les cibles potentielles pour réaliser une grande acquisition sont plus rares.
Berkshire Hathaway (BRK.A, 204,92 $ US) a reculé de 1,5 %, mais le gestionnaire de portefeuille réitère sa thèse. Si les dépréciations chez Kraft-Heinz et les 100 milliards de dollars américains qui prennent la poussière dans ses coffres ont pu tempérer l’enthousiasme des investisseurs, le conglomérat de Warren Buffett reste selon lui une entreprise très solide capable de mettre à profit sa gigantesque encaisse pour racheter des actions ou d’autres entreprises si le marché venait à se replier.
Cimon Plante
Pour ses trois choix, Cimon Plante montre la même conviction que l’année dernière. Sa sélection a valu au gestionnaire de portefeuille de la Financière Banque Nationale un rendement de 5,1 %.
Au cours des douze derniers mois, les manchettes sont restées aussi peu flatteuses pour Facebook (FB, 190,90 $US) : controverse sur la protection de la vie privée et inquiétude quant à la maturité de la plateforme Facebook. Malgré tout, les résultats demeurent bons. «Ils ont une démarche offensive en monnayant le segment vidéo et en développant des modèles de paiements comme Instagram Checkout, dit M. Plante. On entend souvent qu’Instagram sauve Facebook [qui serait arrivée à maturité], mais ça me rassure de voir que les revenus publicitaires de la plateforme Facebook continuent de croître.»
Même après un gain de 8,4 %, le gestionnaire de portefeuille réitère sa confiance envers la société de livraison chinoise ZTO Express (ZTO, 21,19 $). Le titre permet de miser sur l’essor de la classe moyenne chinoise et la croissance du commerce de détail en ligne. Non seulement le contexte est-il favorable, mais les ventes ont augmenté plus rapidement que l’industrie, ce qui montre qu’elle gagne des parts de marché, ajoute-t-il.
Le gestionnaire se dit toutefois déçu du déclin de 1 % de Premium Brands (PBH, 97,95 $). Le rétablissement qu’il prévoyait chez le consolidateur de producteurs alimentaires prend plus de temps qu’il avait prévu, mais il demeure optimiste. «Ils ont d’importantes dépenses, mais je suis rassuré de voir qu’il continue de croître par acquisition, mais aussi à l’interne. Éventuellement, il y aura un ralentissement de la cadence des dépenses, ce qui devrait se refléter dans les bénéfices.»
Vincent Fournier
C’est la sélection des extrêmes pour Vincent Fournier, gestionnaire de portefeuille chez Claret. On y trouve un gain de 64,1 % et une perte de 41,2 %. Le rendement moyen se trouve à mi-chemin à 3,49 %.
En baisse de 41,2 %, Dürr AG (DUE, 23,96 €) a vu ses marges rétrécir et ses dépenses en capital augmenter au cours de la dernière année. L’industrielle allemande a misé sur l’innovation pour combattre la guerre de prix dans la division de peinture de carrosserie à un moment où l’économie allemande a commencé à fléchir, explique M. Fournier. «L’entreprise n’a pas failli à la tâche, mais on pense qu’elle pourrait encore passer des moments difficiles au cours des quatre à six prochains trimestres. Au cours actuel, le titre n’est par contre plus très cher.»
Plombé par les tarifs sur le bois chinois, l’action du fabricant de bois franc Hardwoods Distribution (HDI, 11,79 $) est maintenant abordable, selon le gestionnaire de portefeuille, qui le qualifie comme «une de ses entreprises favorites au Canada». Les tarifs ont fait mal à l’entreprise, qui a dû réaménager sa chaîne d’approvisionnement. Malgré ces obstacles, les marges se sont stabilisées et ses flux de trésorerie lui permettent d’investir, de faire de petites acquisitions et de rembourser de la dette. Le titre a perdu 12,4 % depuis la dernière table ronde.
Ces résultats mitigés ont été compensés par le bond spectaculaire du titre du fabricant d’aide respiratoire Viemed Healthcare (VMD, 6,12 $). Affichant un rendement de 64,1 %, il est le deuxième meilleur des 12 choix. La société a continué à gagner des parts de marché où il y a encore un grand potentiel. «Ce qu’on a vu l’année dernière, c’est le prolongement de ce qu’on avait vu l’année précédente.»
Christine Décarie
Christine Décarie, gestionnaire de portefeuille chez Placements Mackenzie, a eu la main moins heureuse cette fois-ci. Celle qui a affiché le meilleur rendement en 2013 et en 2017 a vu sa sélection perdre 4,15 %.
Le «timing» a joué contre Mme Décarie dans le cas de Stella-Jones (SJ, 38,62 $), qui perd 10,1 %. Le titre affichait un gain, mais l’annonce, en juillet, du départ du PDG, Brian McManus, a effacé près de 20 % de la valeur du titre. «Les choses n’ont pas mal été en ce qui concerne l’entreprise, mais le marché a été surpris par la nouvelle, commente-t-elle. Il risque d’y avoir encore un peu d’incertitude pendant la période d’intérim, le temps qu’on confirme qui sera le successeur. Le nouveau PDG devra démontrer sa capacité à livrer la marchandise.»
En progression de 4,1 %, Cenovus (CVE, 12,09 $) a relativement bien performé quand on tient compte de la baisse de près de 10 % du secteur pétrolier. «Quand j’ai recommandé le titre, ce n’était pas une opinion sur le pétrole, mais bien sur le plan du nouveau PDG. La société a fait des progrès, notamment en réduisant sa dette, et l’écart d’évaluation s’est rétréci. Pour qu’un investisseur décide de garder le titre, il faut maintenant qu’il ait une opinion optimiste quant au pétrole.»
Avec Manuvie (MFC, 22,65 $), la gestionnaire de portefeuille misait sur une augmentation des taux d’intérêt. Les taux «ne sont pas allés du bon côté», finalement. Manuvie a tout de même rapporté de bons résultats, précise-t-elle. «Si on pense que les taux vont continuer de baisser, ce n’est pas un titre à acheter, mais je ne suis pas dans ce camp-là. À terme, on va revoir les taux à long terme recommencer à monter.»