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Les 12 titres favoris de nos experts

Stéphane Rolland|Édition de la mi‑septembre 2019

De la microcapitalisation productrice de vin en passant par le géant de la restauration rapide, il y en a pour tous ...

De la microcapitalisation productrice de vin en passant par le géant de la restauration rapide, il y en a pour tous les goûts au menu de la table ronde 2019. Quatre experts nous présentent leurs trois titres favoris.

De plus, vous pourrez lire le bilan de l’édition 2018 en page 23.

LES CHOIX DE MARC L’ÉCUYER
Gestionnaire de portefeuille chez Cote 100

Cognizant (CTSH,62,41 $ US)

C’est l’occasion d’acheter sur faiblesse le titre de la société technologique spécialisée dans l’impartition, croit Marc L’Écuyer. À 14,5 fois les bénéfices des 12 prochains mois, l’évaluation est attrayante, selon lui.

«Le titre a faibli récemment en raison d’un ralentissement de la demande, raconte le gestionnaire de portefeuille chez Cote 100. Ça a pris l’entreprise par surprise et elle s’est retrouvée avec un peu trop d’employés. Ça fait environ six mois, mais déjà on voit une amélioration. Même s’ils ne progressent plus au même rythme qu’avant, les revenus augmentent tout de même de 5 % annuellement.»

Plusieurs choses jouent en la faveur de Cognizant, juge M. L’Écuyer. Sa clientèle, constituée de grandes sociétés, demeure généralement fidèle, car il est difficile de changer de sous-traitant. Il estime que la société a un bilan solide avec 3 milliards de dollars américains d’encaisse au 30 juin 2019 et peu de dettes. La société a la capacité de racheter des actions, ce qu’elle fait, pour soutenir le cours du titre.

Andrew Lange, de Morningstar, partage l’opinion de M. L’Écuyer. Même si le rythme de croissance ne pourra pas être le même que lors des années fastes, Cognizant devrait tout de même croître plus rapidement que l’industrie, pense l’analyste. M. Lange attribue le succès de l’entreprise à l’attention prioritaire qu’elle accorde à ses clients.

Depuis avril, l’entreprise de Teaneck, au New Jersey, a un nouveau PDG, Brian Humphries. Les efforts investis pour corriger la situation risquent d’entraîner des défis liés à la transition, prévient l’analyste Moshe Katri, de Wedbush, dans une note consultée avant la rencontre. M. L’Écuyer reconnaît que la transition représente un risque, mais il pense que la société peut y faire face.

Amerco (UHAL, 351,05 $ US)

Les investisseurs commencent à se montrer impatients concernant les dépenses en investissement destinées à la construction d’espaces d’entreposage. Pourtant, Marc L’Écuyer pense que la société mère des camions à louer U-Haul a de belles perspectives de croissance devant elle pour les investisseurs à long terme.

«On fait confiance à la direction, poursuit M. L’Écuyer. Jusqu’à maintenant, l’équipe a toujours respecté ses engagements. Le taux d’occupation des espaces d’entreposage ouverts depuis trois ans avoisine les 88 %. Elle réussit donc à rentabiliser ses investissements après quelques années.»

Pour le moment, la direction voit encore des occasions de croissance, ce qui nécessite des dépenses d’investissement. Par contre, au fil du temps, un plus grand nombre d’entrepôts seront rentables, ce qui diminuera le poids des nouveaux investissements par rapport aux installations déjà établies, explique le gestionnaire de portefeuille.

M. L’Écuyer aime que l’entreprise familiale adopte une stratégie à long terme en ignorant les inquiétudes des investisseurs à court terme. Le coût de mise en place d’un parc de camions et d’installations d’entreposage rend difficile l’entrée d’un nouveau concurrent. «C’est de loin le plus gros acteur en Amérique du Nord.»

Il ajoute qu’il y a des possibilités de synergie entre les camions à louer et les services d’entreposage. Cette caractéristique fait en sorte que la société a «une belle business» lui permettant de demander des prix plus élevés en offrant les deux services, intervient François Rochon, de Giverny Capital, un autre expert prenant part à notre table ronde.

Anthem (ANTM, 254,23 $ US)

En rapatriant les activités de gestion de prescriptions qu’elle sous-traitait à Express Scripts, Anthem a développé une nouvelle avenue de croissance avec le lancement de son propre service IngenioRx, croit Marc L’Écuyer.

Impossible de parler du secteur de la santé américain sans parler du risque réglementaire que fait peser l’éternel débat politique qui anime cette question. À peine une minute après avoir commencé son exposé, le gestionnaire de Cote 100 devance nos questions. «C’est sûr que c’est un titre qui ne fait pas l’unanimité au moment où certains candidats démocrates veulent une assurance maladie universelle, mais on ne pense pas que c’est quelque chose qui va arriver, avance-t-il. Les Américains sont attachés à leur système de santé privé et je pense qu’une importante tranche de citoyens ne veulent pas que le gouvernement s’implique dans leurs affaires.»

Même si l’action ne fait pas consensus, elle jouit d’une forte popularité auprès des analystes. Ils sont 20 sur 23 à en recommander l’achat, selon Reuters. L’analyste Jake Strole, de Morningstar, croit, lui aussi, qu’IngenioRX offre de belles occasions de croissance. M. Strole apprécie le travail de la PDG Gail Boudreaux, qui a déjà eu «un impact significatif sur la trajectoire de croissance» de la société. Sous sa gouverne, la société a porté une attention particulière à la conquête des parts de marché perdues et au renforcement de sa collaboration avec les assurés de la Croix-Bleue.

Questionné sur son appréciation du secteur de la santé, Guillaume Maurice, de Gestion de Patrimoine Banque Scotia, assure qu’il n’est pas rebuté par le secteur des assureurs privés en santé, au contraire. «C’est sûr qu’un grand risque politique les accompagne, mais ce sont des entreprises très profitables qui sont en situation d’oligopoles.» Sans dire qu’Anthem est nécessairement un mauvais choix, Stephen Takacsy, de Gestion d’actifs Lester, ajoute qu’il préfère les entreprises qui sont «à l’abri» de l’intervention gouvernementale.

LES CHOIX DE GUILLAUME MAURICE
Gestionnaire de portefeuille chez Gestion de patrimoine Banque Scotia

Costco (COST, 296,12 $ US)

Grâce à son modèle d’affaires «unique», Costco parvient à soutenir une forte croissance dans un secteur ébranlé par la concurrence d’Amazon, remarque Guillaume Maurice.

Le détaillant, réputé pour ses grands formats, profite d’une base fidèle de 90 millions de membres, rappelle le gestionnaire de portefeuille de Gestion de patrimoine Banque Scotia. Les revenus tirés des abonnements lui permettent de maintenir des marges «ultraminces» sur les produits vendus pour offrir ainsi de bas prix aux consommateurs. Avec une variété de marques moins étendue que celle offerte par les épiceries, Cotsco peut gérer plus efficacement ses inventaires et se concentrer sur les produits perçus comme étant de meilleure qualité.

En tant que consommateur, Marc L’Écuyer, de Cote 100, se dit «vendu» à Costco. «Les gens font confiance à Costco. Ils savent qu’ils vont avoir de la qualité et que ce ne sera pas cher. Tu n’as jamais l’impression de te faire avoir.»

En tant qu’investisseur, M. L’Écuyer trouve, toutefois, que 31,6 fois les prévisions de bénéfices des 12 prochains mois est cher. «Moi, j’aimerais mieux l’acheter sur faiblesse.»

François Rochon, de Giverny Capital, abonde dans le même sens. «Ça reste une belle entreprise», admet celui qui raconte avoir investi pour la première fois lors de l’acquisition de Club Price en 1993. «À 31 fois les bénéfices futurs, c’est demander beaucoup pour une action, tempère-t-il. Je ne pense pas qu’ils vont croître de plus de 10 %, ce qui est très bon, mais ça va être difficile de battre les indices à cette évaluation.»

Pour sa part, Guillaume Maurice juge que la force de Costco réduit le risque lié à son évaluation élevée. «Tous les titres que nous proposons sont chers, mais nous pensons que s’il y a un recul de marché, nos trois choix vont moins se replier (en raison de la qualité de l’entreprise), répond-il. C’est sûr que la croissance est là pour Costco. Ce n’est pas nécessairement un titre qu’il faut attendre d’acheter sur faiblesse. On l’achète et on le détient à long terme.»

McDonald’s (MCD, 218,50 $ US)

Même si elle se trouve dans le secteur discrétionnaire, McDonald’s offre une combinaison de stabilité et de croissance qui en fait un investissement résilient en cas de récession ou d’une intensification de la guerre commerciale en Chine, croit Guillaume Maurice.

La taille de la plus importante chaîne de restauration au monde, avec plus de 31 660 établissements, défie l’imagination. M. Maurice s’amuse à nous énumérer quelques données. Chaque jour, McDonald’s sert près de 52 millions de clients dans le monde et vend près de 34 millions de hamburgers.

Malgré sa taille, l’empire de Ronald McDonald n’est pas encore arrivé à maturité. M. Maurice souligne que les ventes comparables, une donnée clé puisqu’elle exclut les acquisitions et l’ouverture de nouveaux restaurants, sont en hausse depuis les 15 derniers trimestres. «Ils ont su adapter leur offre en fonction des tendances et des goûts particuliers des différents marchés où ils se trouvent, observe-t-il. Aussi, ils ont fait des investissements technologiques qui leur permettent d’améliorer l’expérience client. Par exemple, ils ont fait l’acquisition de Dynamic Yield, en mars dernier, ce qui leur permet d’adapter leur menu selon les conditions météorologiques.»

Le titre semble cher au goût de Marc L’Écuyer, de Cote 100, qui souligne qu’il s’échange à 25,8 fois les bénéfices des 12 prochains mois. Sans parler de McDonald’s en particulier, Stephen Takacsy, de Gestion d’actifs Lester, se dit peu attiré en ce moment par l’industrie de la restauration en général. «Le secteur est saturé et c’est très concurrentiel en Amérique du Nord, avance-t-il. C’est extrêmement surévalué pour ce que c’est.»

M. Maurice rappelle que McDonald’s continue d’afficher des ventes comparables en hausse. Il ajoute que le fait que plus de 93 % des restaurants soient franchisés (objectif d’atteindre 95 %) est un facteur de réduction du risque. Outre la croissance des ventes, la société a l’échelle nécessaire pour réduire ses coûts. «Ça va continuer de grandir tranquillement», conclut-il.

Disney (DIS, 137,89 $ US)

Disney est un autre géant apprécié des consommateurs qui devrait bien performer à long terme, prévoit Guillaume Maurice. La maison de Mickey Mouse a de nombreux actifs pour contrer la menace de Netflix, selon lui.

Dans son arsenal, la société de Burbank en Californie peut compter sur les parcs d’attractions, la chaîne sportive ESPN, le site de diffusion en ligne Hulu, l’acquisition de la 21st Century Fox, les héros de Marvel et Star Wars ainsi que les nombreux personnages animés de Disney et Pixar. «C’est l ‘une des sociétés les plus uniques au monde, s’enthousiasme le gestionnaire de portefeuille de Gestion de patrimoine Banque Scotia. Disney a été très proactive pour s’adapter à la menace de Netflix. Je vois très peu de risques baissiers sur un horizon de 5 à 10 ans.»

Disney a un atout que Netflix n’a pas quand vient le moment d’investir dans le contenu, intervient François Rochon, de Giverny Capital, qui est actionnaire depuis 14 ans. «Le contenu, ils l’ont déjà, explique-t-il en faisant référence aux archives bien garnies de Disney. Quand ils vont mettre leur dernier blockbuster sur Disney+ après sa projection au cinéma, ils vont déjà avoir fait de l’argent avec le film.» Avec le lancement de Disney+ cet automne, l’intégration des actifs de Fox, et les revenus tirés de la télévision câblée qui sont sous pression, n’est-ce pas beaucoup de choses à gérer en même temps ? avons-nous demandé. «Il y a du scepticisme, mais je crois que ça va marcher, répond M. Maurice. Ils ont vraiment plein de contenu que les gens aiment. Pour ESPN, le sport est l’une des seules choses que les gens veulent encore regarder en direct. Je ne suis pas inquiet, ils continueront de l’écouter (que ce soit en ligne ou sur le câble).»

M. Rochon reconnaît que la partie est plus difficile à jouer et révèle avoir réduit sa position. «Quand je l’ai achetée, il y a quatorze ans, c’était une entreprise presque indestructible, raconte-t-il. Ça a changé depuis. Le marché est beaucoup plus concurrentiel. Disney a fait les bons choix pour s’adapter, mais ce n’est plus un secteur aussi stable qu’il y a dix ans.»

LES CHOIX DE FRANÇOIS ROCHON
Président et gestionnaire de portefeuille de Giverny Capital

Bank of America (BAC, 27,31 $ US)

La combinaison d’un PDG talentueux, d’importants rachats d’actions et d’un cours déprimé augmente les chances d’obtenir un bon rendement avec le titre de Bank of America, croit François Rochon.

Le président de Giverny Capital aime le secteur bancaire américain. Dans l’ensemble, les banques ont amélioré leur bilan et leur efficacité opérationnelle depuis le choc financier de 2008. Les coûts réglementaires qui en ont résulté sont maintenant derrière la plupart des institutions, note-t-il.

Le gestionnaire de portefeuille choisit toutefois Bank of America «pour son banquier», le PDG Brian Moynihan. Sous sa gouverne, l’institution a grandement réduit ses coûts d’exploitation, ce qui lui a permis d’améliorer son ratio d’efficacité et de rediriger les flux de trésorerie excédentaires vers les rachats d’actions. «Même sans croissance du bénéfice net, je pense qu’elle pourra augmenter son bénéfice par action grâce aux rachats d’actions, commente-t-il. Je crois que le titre peut générer un rendement annuel aux alentours de 10 %, sans avoir besoin d’une augmentation du multiple.»

«Vers la fin du cycle», Stephen Takacsy, de Gestion d’actifs Lester, évite le secteur financier qui est hautement corrélé avec le marché en général. «On peut toujours avoir une surprise lors d’une récession, prévient-il. On n’entendait jamais parler des papiers commerciaux avant 2008. On pense que tout va bien et, tout d’un coup, on a une surprise.»

À 9,2 fois les prévisions de bénéfices des 12 prochains mois en comparaison avec 16,5 fois pour le S&P 500, l’escompte sur le titre prend déjà en compte les risques d’une récession, répond M. Rochon. «J’entends souvent la comparaison avec 2008, mais je pense qu’on est dans un contexte qui ressemble beaucoup plus à la bulle techno, où les titres technologiques étaient surévalués. À l’époque, on détenait des banques américaines et la récession avait beaucoup moins touché le secteur bancaire.»

CarMax (KMX, 84,97 $ US)

François Rochon revient avec le revendeur de voitures d’occasion qu’il a présenté à cette même tribune en 2012, 2016 et 2017. Avec seulement 4 % des parts d’un marché fragmenté, il reste encore beaucoup d’espace pour la croissance dans les années à venir, selon lui.

«À 15 fois les bénéfices des douze prochains mois, c’est attrayant pour une société qui continue d’accroître ses bénéfices à un rythme de 15 % à 17 % par année, explique-t-il. C’est une entreprise qui a une vision à long terme et qui gère bien son capital.»

M. Rochon aime le modèle d’affaires de l’entreprise. Dans un marché morcelé, CarMax entretient sa bonne réputation de fiabilité auprès des clients, ce qui lui permet d’étendre son réseau continuellement au fil des années.

Un nouveau concurrent a fait son apparition : Carvana, qui vend des voitures d’occasion uniquement en ligne. «Je pense que Carvana vole plus de parts de marché aux petits détaillants qu’à CarMax, mais ils ont pris la menace au sérieux, estime M. Rochon. Ils ont fait un projet pilote à Atlanta de services en ligne qu’ils sont en train de déployer dans plusieurs États. Contrairement à CarMax, j’ajouterais que Carvana n’est pas rentable, elle pourrait avoir de la difficulté à se financer si le marché des capitaux se resserre.»

La société mène aussi des activités de financement qui représentent 15 % de ses affaires. M. Rochon assure que ces dettes ne représentent pas un risque pour l’entreprise. Le détaillant titrise sur le marché secondaire le crédit qu’elle accorde aux clients. «En 2008, ils ont dû conserver temporairement certaines dettes qu’ils n’ont pas réussi à vendre sur le marché secondaire, mais ils y sont parvenus par après. Ç’a été un bon test pour mesurer la résilience de leur modèle financier.»

B&M (BME, 346,90 £)

L’incertitude créée par le Brexit pèse sur les actions britanniques et sur la livre sterling, ce qui offre une occasion de mettre la main sur le détaillant B&M à un bon prix, croit François Rochon.

Méconnu au Québec, le détaillant et épicier à bas prix est bien connu des consommateurs au Royaume-Uni. L’entreprise y compte plus de 800 établissements sous les enseignes B&M et Heron Foods. La société a également une présence en Europe continentale avec un peu plus de 90 magasins Baboo en France et autant d’enseignes Jawoll en Allemagne.

Petite capitalisation, la société de Liverpool a réalisé des ventes d’environ 3,5 milliards de livres sterling (environ 5,6 G$) au cours de l’exercice 2019 (terminé à la fin de mars).

Pour le moment, l’expansion en Europe continentale n’a pas rencontré le succès espéré, ce qui fait en sorte que le marché y accorde peu de valeur, explique M. Rochon «S’il y a un redressement en Europe, ça pourrait être une bonne nouvelle pour le titre. On commence à voir des signes positifs en Allemagne. En France, l’acquisition est encore récente (2018).»

En attendant, les activités en Angleterre demeurent «dynamiques». La société y enregistre une croissance interne d’environ 3 % et augmente son nombre de magasins à un rythme de 6 à 7 %, rapporte le président de Giverny Capital «Il n’y a pas autant de magasins à un dollar (et de détaillants à bas prix) au Royaume-Uni qu’aux États-Unis, ajoute-t-il. Ils sont dans une belle niche.»

La très grande majorité des analystes (16 sur 17) partagent l’avis de M. Rochon et recommandent l’achat du titre. Andrew Porteous, de HSBC, note que la contre-performance de l’année dernière en Europe continentale a, «à juste titre», repoussé les investisseurs, mais que les prévisions optimistes de la direction au premier trimestre de 2020 «sont un exemple de ce dont la société a besoin pour restaurer la confiance.»

LES CHOIX DE STEPHEN TAKACSY
Directeur des placements et gestionnaire de portefeuille de Gestion d’actifs Lester

Goodfood (FOOD, 2,82 $)

En choisissant une entreprise qui n’est pas encore rentable, Stephen Takacsy déroge de son style habituel. Il est prêt à faire cette exception, car il juge que le spécialiste des mets prêts à cuisiner est sur la bonne voie pour atteindre la rentabilité.

«J’ai été très impressionné par l’équipe de direction lorsque je l’ai rencontrée, raconte le directeur des placements de Gestion d’actifs Lester. On s’est dit que si la stratégie est bien exécutée, peut-être qu’un des grands épiciers canadiens souhaitera les acheter.»

En 2018, l’entreprise montréalaise a enregistré une perte par action de 0,19 $ et a affiché des flux de trésorerie négatifs de 4,16 millions de dollars. «Ils font des dépenses en marketing pour accroître leur notoriété afin de conquérir des parts de marché, explique M. Takacsy. Ils n’auront pas besoin de dépenser autant dans plusieurs années.»

François Rochon, de Giverny Capital, préfère attendre de voir si Goodfood sera rentable avant de la considérer plus sérieusement comme un investissement potentiel. «Il y a des investisseurs pour chaque stade de l’évolution d’une entreprise, nous, nous attendons que la compagnie soit rentable. C’est sûr qu’on manque le premier 1000 % de gains, mais on veut être certains qu’elle ait la capacité de faire des profits.»

Outre la diminution des dépenses publicitaires, la société a plusieurs leviers de croissance devant elle, croit M. Takacsy. Seulement de 3 à 4 % des Canadiens ont utilisé les services de Goodfood ou ceux d’un concurrent, un marché qui sera appelé à croître. Elle devrait également réaliser des économies d’échelle à mesure que sa taille augmente, espère-t-il. Ses investissements dans l’automatisation devraient aussi permettre de réduire ses coûts.

À 0,5 fois le ratio valeur de l’entreprise/revenus des 12 prochains mois selon les prévisions des analystes, le titre représente une occasion, croit M. Takacsy. «Le marché ne porte pas attention à une société qui connaît une croissance presque aussi forte qu’un Shopify à 22 fois ou un Lightspeed à 15 fois.»

Diamond Estates Wines (DWS, 0,18 $)

C’est le moment d’imiter Industries Lassonde qui a pris une participation de 20 % dans le producteur de vins ontariens le 29 juillet dernier, estime Stephen Takacsy. Il y a des synergies évidentes à cette nouvelle collaboration et Diamond devrait en profiter, croit-il. «C’est un bon fit pour les deux entreprises, dit-il. Lassonde a déjà un réseau de distribution dans les épiceries pour ses jus à travers le Canada, et Diamond pourrait en profiter. Si le partenariat se passe bien, on pense que Lassonde pourrait vouloir acheter la société dans quelques années.»

L’analyste Nick Corcoran, d’Acumen, partage cette opinion. Il se dit rassuré par le potentiel de croissance que vient ajouter cette transaction. Celle-ci permettra aussi de baisser le niveau d’endettement de la société à un seuil qui respecte les conditions de ses créanciers. Il bonifie sa recommandation à «achat spéculatif» et émet une cible de 0,25 $.

Le titre est «très» sous-évalué, poursuit M. Takacsy. Depuis un an, l’action de la société cotée en cents a perdu près de la moitié de sa valeur en raison des difficultés d’un importateur chinois et d’une pénurie de raisins en Ontario. Cependant, plusieurs éléments jouent en faveur de l’industrie du vin à plus long terme, selon le gestionnaire de portefeuille. Contrairement à la bière, le vin gagne en popularité chez les jeunes et les ventes de bouteilles sont en croissance.

La décision du gouvernement Ford d’assouplir la législation sur la vente de boissons alcoolisées dans les épiceries et les dépanneurs joue aussi en faveur de l’entreprise. Bien que les marges brutes soient sous pression à 38 %, il s’agit d’une industrie qui peut générer des marges de 40 % à 45 %, selon le gestionnaire de portefeuille. «On pense que le titre va s’apprécier à mesure que les revenus et la rentabilité augmenteront», poursuit-il.

Baylin Technologies (BYL, 2,91 $)

L’action du fournisseur d’antennes sans-fil est «extrêmement» sous-évaluée à un moment où ses clients sont prêts à dépenser, affirme Stephen Takacsy. «Dans certains pays émergents, d’importants investissements dans les infrastructures de communication sont réalisés afin de rattraper leur retard, explique le directeur des placements de Gestion d’actifs Lester. Dans les pays développés, on est en train de densifier le réseau et on se prépare pour la 5G. Seulement au Canada, on aura besoin de dizaines de milliers d’antennes.»

À environ 6 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) des 12 prochains mois, le titre paraît une véritable aubaine en comparaison des concurrents dont l’action s’échange à des multiples de 10 à 12 fois. Il faut dire que l’entreprise a commis par le passé l’erreur de s’appuyer sur son client Samsung à un point tel qu’elle est devenue dépendante du succès du fabricant de téléphones coréens. Baylin a toutefois réalisé un tournant vers la rentabilité il y a deux ans, raconte M. Takacsy. En 2018, elle a fait deux acquisitions, Alga Microwave et la division de radiofréquence et hyperfréquence d’Advantech Wireless, qui lui ont permis d’élargir l’éventail de sa gamme de produits.

Comme ses quatre autres collègues qui suivent le titre, Andrew McGee, de Financière Banque Nationale, émet une recommandation d’achat. L’analyste, qui a commencé le suivi au début du mois d’août, croit que les investisseurs ne prennent pas en compte le fait que la société ait effectué un changement de cap. «Le profil croissance/risque est attrayant pour une entreprise qui croît à un rythme de 20 %.»

Pour M. Takacsy, Baylin est un exemple de société «orpheline» dans le secteur des technologies. Ces entreprises ont déjà eu des multiples «exagérément» élevés avant de connaître un retour brutal à la réalité. Depuis, Baylin a retrouvé un chemin vers la croissance avec des évaluations bien moindres. «On a fait beaucoup d’argent avec certaines entreprises, qui ont fini par trouver leur niche à un moment où elles ont été oubliées des investisseurs.»