(Photo: 123RF)
La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.
(Illustration: Camille Charbonneau)
Deux des titres parmi les plus connus du Québec inc connaissent en ce début de printemps des variations boursières qui pourraient être de mauvais augure, selon certains analystes techniques. Faut-il s’en inquiéter ?
CGI (GIB.A, 99,64 $)
Le profil technique du graphique de la société de services-conseils en technologie de l’information continuait de vaciller au moment des dernières séances de négociations du mois de mars, note Dennis Mark, analyste technique à la Financière Banque Nationale.
Le cours du titre avait retrouvé, en septembre dernier, son sommet de 115 $ qu’il avait d’abord atteint juste avant l’arrivée de la pandémie. Depuis, la tendance s’est toutefois inversée, et la brisure du niveau de soutien qui se situait à 105 $ laissait alors croire que le titre pourrait poursuivre sa baisse, suggère Dennis Mark.
L’expert en études de graphiques souligne également qu’une solide remontée de l’indice Nasdaq au cours des deux dernières semaines du mois de mars n’a pas réussi à redonner du tonus au titre de CGI.
Cependant, Philippe Côté, cogestionnaire du Fonds Québec Eterna, est loin de s’inquiéter de la situation. Il croit plutôt qu’un recul du cours de l’action de CGI constitue une excellente occasion d’accumuler le titre.
« Bien que ses activités se situent dans le secteur technologique, CGI est une entreprise de services, et elle n’est pas ce que l’on pourrait appeler un titre spéculatif au sens propre du terme », dit-il.
Une bonne gestion du capital
Philippe Côté estime que plusieurs facteurs jouent en sa faveur, dont l’intérêt énorme pour la cybersécurité. « Mais aussi, la gestion impeccable du capital, en utilisant la dette au besoin pour réaliser des acquisitions, et à d’autres moments en rachetant de ses propres actions pour investir ses liquidités, tel le bloc acquis récemment de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui permettra à CGI de poursuivre sa croissance », explique le gestionnaire.
CGI est une entreprise extrêmement disciplinée et profitable, ajoute Alain Chung, chef des investissements à Claret Gestion de placements. « La gestion de sa dette dans le cadre de ses acquisitions a été telle que celle-ci est aujourd’hui deux fois moins élevée qu’il y a dix ans », dit-il. Il note également que CGI génère 2 milliards de dollars de flux de trésorerie par année. Pour lui, les fluctuations à la baisse du titre de CGI depuis le mois de novembre ne sont que des effets de marché normaux.
BOMBARDIER (BBD.B, 1,42 $)
Enfant chérie des investisseurs il y a 20 ans, Bombardier a été la plupart du temps leur souffre-douleur depuis cette époque où l’entreprise était devenue un avionneur et un constructeur de trains à l’échelle mondiale.
Après maintes restructurations qui se sont révélées pour la plupart des échecs les unes après les autres, voilà que le recentrage sur les avions d’affaires semblait avoir permis au titre de retrouver vie, passant de 0,35 $ à 2,20 $ en l’espace de moins d’un an.
Toutefois, le recul du titre amorcé en octobre qui a ramené le cours de l’action à 1,20 $ le mois dernier suscite certaines inquiétudes, selon Monica Rizk, analyste senior chez Phases & Cycles, une firme de gestion de portefeuille de Montréal, spécialiste de l’analyse technique.
« Depuis six mois, le titre évolue à l’intérieur d’un corridor (lignes pointillées) qui montre une nette tendance à la baisse, du moins à court terme », dit l’analyste. Que faut-il alors surveiller ? Dans un premier temps, un retour à un niveau de 1,70 $-1,80 $ est nécessaire pour rassurer les investisseurs. Ensuite, le titre devra toutefois atteindre les 2,40 $-2,50 $ et s’y maintenir pendant un certain temps pour que l’on puisse déclarer que la partie est gagnée, estime Mme Rizk.
Une entreprise profitable
Alain Chung, pour sa part, demeure confiant en l’avenir de la nouvelle Bombardier qui pourra beaucoup plus facilement gérer son bilan maintenant que les opérations se concentreront sur les avions d’affaires. « Bombardier a effectué un revirement à long terme en ne conservant que ce qui est très profitable dans un marché en croissance », dit-il. Il croit que le titre se négociera à des niveaux plus élevés au cours des prochaines années.
Bombardier tiendra son assemblée annuelle et extraordinaire des actionnaires le 5 mai. La direction présentera alors une résolution lui permettant de regrouper ses actions dans un ratio de 10 à 30 pour 1.
Le but de cette opération est d’offrir aux investisseurs un potentiel additionnel de liquidité des actions ordinaires de Bombardier, explique son président Éric Martel.
Pour Jean-Luc Landry, directeur de la gestion privée à Nymbus Capital, il s’agit d’une bonne initiative, car cela lui permettra de se débarrasser de la psychose du « penny stock », soit celui des titres valant moins de 1 $.
Bombardier avait été exclue de l’indice S&P/TSX en juin 2020 son titre étant descendu sous la barre de 1 $. Après la remontée du titre, la société a pu réintégrer l’indice phare de la Bourse de Toronto en septembre 2021.