Le CN a réaffirmé ses perspectives pour 2024 et prévoit atteindre une croissance du bénéfice par action ajusté (BPA ajusté) de 10%. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Canadien National, Tesla et BCE? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Canadien National (CNR, 176,79$) : des résultats trimestriels légèrement sous les attentes
Le transporteur ferroviaire Canadien National a dévoilé des revenus de 4,25 milliards de dollars (G$) au premier trimestre, en baisse de 1,5% sur un an. Il s’agit d’un chiffre légèrement sous les attentes de 4,33G$ de Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, et de 4,29G$ du consensus des analystes.
«Les revenus ont été inférieurs à nos prévisions du côté des produits pétroliers et chimiques, de même que pour les produits céréaliers et engrais», note l’analyste.
Il précise que le bénéfice par action ajusté a atteint 1,72$, en baisse de 5,5% sur un an, supérieur aux attentes de Cameron Doerksen (1,68$) mais sous le consensus de 1,73$.
Le ratio d’exploitation, qui se définit comme les charges d’exploitation sous forme de pourcentage des revenus, s’est chiffré à 63,6 %, soit une augmentation de 2,1 points de pourcentage. L’analyste de la FBN s’attendait à ce qu’il soit plus élevé à 64,2%, alors que le consensus était à 63,4%. «Les coûts de services acquis et matières ont été sous nos prévisions», dit-il.
«Le CN a réaffirmé ses perspectives pour 2024 et prévoit atteindre une croissance du bénéfice par action ajusté (BPA ajusté) de 10%, grâce une augmentation des volumes d’environ 5%, ce qui implique que l’entreprise fera état d’un BPA ajusté d’environ 8$ pour l’exercice 2024», ajoute Cameron Doerksen, qui anticipe une performance de 8,02$, alors que le consensus est à 8,01$.
Il précise que depuis le début du second trimestre, les tonnes-milles commerciales sont en augmentation de 4,9% sur un an et que la direction du CN constate un raffermissement de la demande du côté du transport intermodal international, «du maintien de la vigueur de la potasse, des produits pétroliers raffinés et du sable de fracturation; neutralisé par la faiblesse des segments du pétrole brut, du charbon et des céréales».
«D’ici la fin de 2024, le CN profitera d’un vent de dos du charbon canadien, alors que des vents contraires toucheront le charbon américain et la potasse, qui devront affronter des données comparables plus difficiles», explique-t-il.
L’analyste conserve sa recommandation de performance égale au secteur et son cours cible sur un an de 190$ pour le titre du CN, estimant que les initiatives de réduction des coûts mises en place se reflètent déjà dans la valeur de l’action. Il donne au titre du CN une valorisation de 21 fois le bénéfice par action prévu en 2025.
Tesla (TSLA, 165,60$US) : un rebond au lendemain de la publication de résultats décevants
Tesla (TSLA, 165,60$US) : un rebond au lendemain de la publication de résultats décevants
Le fabricant de véhicules électriques Tesla a dévoilé après la fermeture des marchés mardi des résultats financiers du premier trimestre qui ont laissé les investisseurs sur leur appétit.
«Tesla a dévoilé des résultats désastreux qui étaient largement anticipés par les marchés, alors que la demande se ramollit, particulièrement sur le marché chinois», estime l’analyste Daniel Ives, de Wedbush.
L’attention de ce dernier était toutefois ailleurs et se portait sur le plan de match pour sortir l’entreprise d’un «ouragan de catégorie 5» après le conte de fées des dernières années. «Lors de la conférence téléphonique tenue après la diffusion des résultats, Elon Musk s’est finalement comporté comme l’adulte dans la pièce. Il a jeté les bases d’une stratégie de croissance pour Tesla qui reposera sur la production de véhicules à faibles coûts, dont la fabrication et les livraisons s’amorceront en 2025», raconte-t-il.
Daniel Ives soutient que les investisseurs pessimistes envers Tesla ont jusqu’à présent clairement gagné la bataille depuis le début de 2024. «Nous croyons toutefois que la prochaine vague de croissance de Tesla est en formation et c’est ce sur quoi nous allons concentrer notre attention», dit-il, ajoutant qu’il reste optimiste envers le titre.
Il réitère d’ailleurs sa recommandation de «surperformance» sur le titre, mais abaisse son cours cible sur un an, qui passe de 300$US à 275$US.
«La principale inquiétude des investisseurs était qu’Elon Musk veuille transformer Tesla en une entreprise de robotaxis et abandonne son Modèle 2 et les modèles à plus bas prix. Or, l’entreprise planche actuellement sur un ‘Modèle 2,5’ dont le prix de base oscillerait entre 25 000$US et 30 000$US. Ce véhicule pourrait utiliser à la fois la plateforme actuelle du fabricant et celle de prochaine génération, tout en étant conçu dans les installations existantes de l’entreprise», explique l’analyste.
Selon lui, il s’agit d’une bonne stratégie à court terme, alors que les véhicules à conduite autonome resteront dans le viseur d’Elon Musk pour au moins la prochaine décennie.
Il concède que Tesla est toujours dans une période difficile en ce qui concerne la progression des commandes et que la situation ne se règlera pas du jour au lendemain. Les investisseurs doivent faire preuve de patience envers la société selon lui.
Le titre de Tesla réagissait bien, mercredi matin, aux annonces de la veille, gagnant près de 19$US (+13%) à 163,65$US au Nasdaq vers 10h30.
BCE (BCE, 44,83$) : l’analyste de CIBC relève sa recommandation
BCE (BCE, 44,83$) : l’analyste de CIBC relève sa recommandation
Le titre de BCE se négocie à un creux de cinq ans en raison de l’intensification de la concurrence, de la volatilité des taux d’intérêt et d’inquiétudes quant à la capacité de l’entreprise à faire croître ses flux de trésorerie libres.
Même si elle reconnaît que ces inquiétudes sont justifiées, l’analyste Stephanie Price, de Marchés des capitaux CIBC, croit qu’elles se reflètent déjà dans la valorisation actuelle du titre.
«Nous ne voyons pas de changement dans le modèle de croissance du dividende d’ici la fin de 2024 et anticipons une amélioration des flux de trésorerie en seconde moitié d’exercice une fois la restructuration terminée», dit-elle.
L’analyste conserve son cours cible sur un an de 52$, mais relève sa recommandation sur le titre, qui passe de «neutre» à «surperformance».
Stephanie Price souligne que le tous les titres de l’industrie des télécommunications qu’elle couvre se négocient sous leur ratios moyens VE/BAIIA (valeur d’entreprise/bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement) des deux et des cinq dernières années. «Toutefois, le titre de BCE se négocie à la plus grande escompte par rapport à sa moyenne de cinq ans, à un ratio de 7,2 fois. Il nous semble donc attrayant à sa valeur actuelle», dit-elle.
Une autre inquiétude des marchés est la décision des autorités canadiennes concernant les fournisseurs d’accès Internet tiers, qui devrait être rendue quelque part en 2024. Ces fournisseurs peuvent utiliser les lignes existantes des grands opérateurs de réseaux de télécommunications comme BCE, Rogers, Telus et Vidéotron.
Le CRTC doit statuer cette année sur les tarifs de gros que les grands opérateurs peuvent facturer aux plus petits pour l’utilisation de leurs réseaux. «Dans sa forme intérimaire, la décision aurait un effet disproportionné pour BCE. Toutefois, en nous basant sur les audiences qui ont eu lieu en février, nous sommes d’avis que les tarifs finaux auront un effet relativement bénin pour BCE», ajoute-t-elle.
Quant au dividende versé par l’entreprise, l’analyste ne s’attend à aucun changement à la politique d’augmentation de BCE d’ici la fin de 2024. «Le titre de la société offre aujourd’hui un rendement de dividende d’environ 9%», fait-elle remarquer, ajoutant que la guerre de prix entre les fournisseurs canadiens ne pourra pas durer éternellement.