(Photo: les affaires.com)
Que faire avec les titres de Cogeco, Aritzia, et Innergex? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Cogeco Communications (CCA, 53,70$): le rachat du bloc de Rogers ne change pas les perspectives mitigées
Même si le rachat total de 829 millions de dollars par la Caisse de dépôt, Cogeco inc. (CGO, 52,54$) et Cogeco Communications des actions que détenait Rogers Communications (RCI.B, 61,66$) apporte certains bénéfices à Cogeco Communications Tim Casey de BMO Marchés des capitaux reste de glace.
Rogers vend ses 10,7 millions d’actions de Cogeco Communications à 51,40$ chacune alors qu’elle a payé un peu moins de 40$ en moyenne depuis 2000, estime l’analyste.
À ses yeux, la transaction à trois ne change pas les perspectives mitigées du câblodistributeur Cogeco Communications dont la filiale américaine de câble et d’internet Breezeline «affronte des défis concurrentiels» alors qu’au Canada Cogeco s’apprête à offrir le service sans-fil en tant que fournisseur virtuel afin de «faire contrepoids aux pressions concurrentielles» des forfaits de ses rivaux.
La vente du bloc de Rogers élimine l’ombre qui planait sur Cogeco au sujet du sort de ces actions depuis des années. À l’issue de plusieurs transactions entre la Caisse, Cogeco inc. et Cogeco Communications, le câblodistributeur comptera 5% moins d’actions totales en circulation, mais 30% plus d’actions en circulation libre, estime Tim Casey.
Pour financer le rachat de 117 M$ de ses actions et les frais transactionnels, Cogeco Communications devra puiser dans sa facilité d’emprunt renouvelable existante. La dette accrue a d’ailleurs incité S&P Global à abaisser la perspective de stable à négative pour les 12 prochains mois, ajoute l’analyste de BMO.
Tim Casey se montre peu surpris par l’intervention de la Caisse de dépôt qui aura au final 16% de Cogeco Communications étant donné leur long historique d’accompagnement. L’institution lui a fourni un prêt de 50 M$ en 2013 (lors de l’achat du fournisseur de services d’hébergement Peer 1 Network Enterprises de Vancouver) et reste un actionnaire minoritaire (21%) dans la filiale américaine Breezeline (auparavant Atlantic Broadband).
L’analyste ne recommande pas l’achat de Cogeco et ne touche pas à sa cible de 64$.
Aritzia (ATZ, 23,35$) : bientôt le test des résultats pour le détaillant démodé en Bourse
Aritzia (ATZ, 23,35$) : bientôt le test des résultats pour le détaillant démodé en Bourse
Même s’il amorce le suivi de la chaîne de boutiques de vêtements griffés, Michael Glen de Raymond James ne recommande pas l’achat du titre.
L’analyste juge que les investisseurs ont des attentes trop élevées à court terme bien que le cours déprimé de l’action suggère le contraire.
L’analyste de Raymond James rappelle que les revenus du marchand de marques maison exclusives et stylées ont connu une forte croissance en 2022 et au début de 2023, dans la reprise qui a suivi la pandémie. La barre est donc haute à franchir au deuxième semestre de l’exercice financier de 2024, en cours.
De plus, le temps doux automnal aura nui aux ventes de manteaux lors du crucial troisième trimestre, notamment celles de ses populaires manteaux de duvet Super Puff.
Il y a fort à parier que les prévisions des analystes seront revues à la baisse. Aritzia dévoilera les résultats de ce trimestre le 11 janvier si l’on se fie au calendrier de publication de l’an dernier.
Michael Glen table sur un bénéfice d’exploitation de 75,5 millions de dollars alors que le consensus compilé par Factset s’établit à 84,4 M$.
«Les résultats seront un repère important pour établir le niveau de base des nouvelles prévisions», explique-t-il.
Relire Des résultats importants pour regagner la confiance
Le détaillant offre toujours un solide profil de croissance à long terme, même si les orientations promises d’ici 2027 lui semblent «atteignables», mais aussi «agressives».
Aritzia vise à faire croître ses revenus à un rythme annuel composé de 12 à 15% et à presque doubler sa marge d’exploitation à 19%, d’ici 2027.
L’analyste de Raymond James prévient toutefois que la majeure partie des coûts de 500 M$ du plan stratégique de trois ans seront concentrés en 2024 et en 2025.
Il prévoit donc un bénéfice d’exploitation de 333 M$ pour 2025, inférieur au consensus de 363,8 M$.
Le titre affiche une évaluation «raisonnable» en fonction de son propre historique et des perspectives de croissance, mais «les attentes élevées à satisfaire à court terme» constituent un obstacle à franchir dans l’immédiat, dit-il.
Michael Glen fixe sa cible à 32$, soit 24 fois le bénéfice qu’il prévoit dans douze mois. Ce multiple est conforme à sa moyenne depuis cinq ans.
Après une entrée en Bourse remarquée à 16$ par action en 2016, l’action d’Aritzia s’est envolée jusqu’à 59,75$ en janvier 2022 puis s’est dégonflée de 60%.
Innergex (INE, 8,63$) : le retour de la croissance interne, un catalyseur pour le titre déprimé
Innergex (INE, 8,63$) : le retour de la croissance interne, un catalyseur pour le titre déprimé
Rupert Merer de la Financière Banque Nationale croit que le retour de la croissance interne en 2024 pourrait raviver le titre du producteur indépendant d’énergie renouvelable.
Son titre s’est effondré de 73% depuis janvier 2021, à la suite d’une série de revers et de la montée des taux.
Le bénéfice d’exploitation par action décline depuis 2019 en partie parce que le producteur a émis de nouvelles actions à Hydro-Québec en 2020 (34,6 millions à 19,08$ chacune) pour sceller leur partenariat.
Innergex avait aussi souffert de la vague de froid Uri au Texas en 2021 et du niveau de production d’électricité inférieure à la moyenne à ses installations en Colombie-Britannique au cours des deux dernières années, rappelle l’analyste.
Ces coups durs font en sorte que l’évaluation du titre n’a jamais été si bon marché par rapport à celle de ses semblables depuis sept ans et offre ainsi une «occasion attrayante pour les investisseurs patients», fait-il valoir.
Toute l’industrie de l’énergie renouvelable a pâti en Bourse de la hausse des taux qui augmente les coûts d’emprunt pour financer les projets. Des taux plus élevés ternissent aussi l’attrait relatif de leurs dividendes.
Les ratés ont aussi affaibli les flux de trésorerie générés si bien que Innergex distribue plus que 100% de ces flux excédentaires cette année. L’analyste s’attend toutefois à ce que ce ratio passe à 85% en 2024 grâce aux investissements dans les projets internes et au retour de conditions météo plus «normales».
Ces perspectives ajouteront presque 200 millions de dollars au bénéfice d’exploitation d’ici 2025, une augmentation que ses collègues pourraient incorporer à leurs propres prévisions, au cours des prochains mois, ajoute-t-il.
Ceci dit, Rupert Merer reconnaît qu’Innergex gagnerait probablement à réduire son dividende (de 8,4%) puisque la Bourse lui accorde peu de valeur.
La société pourrait investir davantage dans la construction de projets et racheter des actions. «Au cours actuel, de tels rachats seraient la meilleure occasion d’investissement pour la société», renchérit-il.
Dans l’intervalle, l’entreprise de Longueuil refinance certains projets à plus long terme et cède des parts dans d’autres installations afin d’améliorer son bilan. L’analyste estime que cette stratégie pourrait lui rapporter des capitaux de plus de 400 M$ d’ici la fin de 2024 et atténuer ainsi les craintes de liquidités.
Pour l’instant, Rupert Murer revoit légèrement à la hausse son cours-cible de 15,50 à 15,75$, essentiellement pour s’ajuster à la baisse prévue des taux d’intérêt. Cette cible est de 91% plus élevée que le cours actuel, d’où sa recommandation d’achat.