" Parmi les raisons expliquant le déclin du centre-ville [Le déclin des artères commerciales, dans notre numéro du 5 mars 2011], vous évoquez le prix du stationnement. Je trouve que la véritable guerre que les maires des grandes villes occidentales livrent aux automobilistes sous la pression des mouvances écologistes a un poids prépondérant dans la ruine des centres-villes.

Deux conséquences résultent de cette politique. Tout d'abord, on sait qu'à partir d'un certain point, la croissance nationale est stoppée par la saturation du réseau routier. Ce qui vaut pour un pays vaut pour la microéconomie d'une ville. En ralentissant la circulation, la rentabilité des entreprises diminue, les salariés mettent plus de temps pour se rendre au travail, les agents commerciaux, livreurs et toutes les personnes devant se déplacer durant leur travail coûtent plus cher à l'entreprise qui perd également en qualité de service en raison de l'augmentation des délais. Que l'on ne prétende pas pallier ce ralentissement par le transport en commun : imaginez-vous un agent commercial, qui doit voir 10 clients dans la journée à Montréal, le faire en bus ?

Ensuite, les clients de banlieue des petits commerces montréalais qui aimaient se rendre en ville pour son ambiance ont reçu le message : " on ne veut pas de vous, ou alors prenez le bus ! ".

Nous assisterons donc probablement au déclin progressif de quelques grands centres-villes qui ont fait les mauvais choix pour restreindre la circulation automobile. Selon moi, l'amélioration de l'offre des centres commerciaux de banlieue n'est pas une cause, mais une conséquence de ce déclin. Les centres-villes sont en train de se déplacer. Montréal perd, quelques villes de banlieue gagnent. "

Gilles Renucci