Écolait veut carburer aux résidus d'abattoir

Publié le 22/08/2009 à 00:00

Écolait veut carburer aux résidus d'abattoir

Publié le 22/08/2009 à 00:00

Par Suzanne Dansereau

Le Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) travaille à des procédés de biométhanisation qui permettront à l'industrie agroalimentaire d'utiliser ses résidus d'abattoir comme carburant pour ses camions.

La biométhanisation - c'est-à-dire la récupération des biogaz issus de la transformation de résidus organiques - est utilisée depuis plusieurs années en Europe. Mais le CRIQ, pour le compte de la firme d'abattage de veaux de lait Écolait, vient de mettre au point une technologie qui permet de récupérer deux ou trois fois plus de biogaz que les procédés actuels, explique Laurent Côté, vice-président, développement technologique, du CRIQ.

Il reste maintenant à purifier le biogaz pour en faire du gaz naturel et à travailler sur les moteurs des véhicules, ajoute-t-il. Ce qui pourrait se réaliser d'ici un an ou deux, précise M. Côté.

Est-ce à dire que les camions d'Écolait carbureront alors aux carcasses d'animaux plutôt qu'à l'essence ? Pas tout à fait. Il faudra d'abord s'assurer de la rentabilité de ce procédé, laquelle varie en fonction du prix de l'essence et des coûts d'enfouissement des résidus organiques, entre autres.

Lorsque le CRIQ a commencé ses recherches, il y a trois ans, l'enfouissement des résidus animaux (carcasses, viscères, etc.) était fort coûteux, en raison de la réglementation qui s'était resserrée à la suite des épisodes de vache folle. Les prix du carburant étaient eux aussi élevés.

Chez Écolait, par exemple, ces deux coûts représentaient 75 % des coûts d'énergie l'an dernier, dit Daniel Gauthier, directeur du service d'ingénierie de l'entreprise de Saint-Hyacinthe. " Cela nous coûtait 350 000 $ par année pour nous départir de nos résidus d'abattoir, et environ le même montant en carburant ", précise-t-il.

Des économies substantielles

Dans ce contexte, le développement des technologies permettant de transformer les résidus animaux en carburant représente une solution particulièrement intéressante : on élimine une source de pollution tout en réalisant des économies substantielles - le tout, à l'intérieur de la chaîne de valeur et donnant droit à des crédits de carbone.

Mais la récession et la baisse des prix du carburant freinent momentanément les efforts de recherche, admet M. Gauthier. Le procédé de biométhanisation pour les résidus animaux est au point, au CRIQ, mais Écolait n'a pas encore lancé d'appel d'offres pour trouver un fabricant de bioréacteurs incorporant cette innovation. " Notre processus est sur la glace pour l'instant. Toutefois, lorsque les prix du carburant augmenteront de nouveau, nous le relancerons ", signale-t-il.

De plus, les coûts d'enfouissement d'Écolait ont baissé récemment, parce que de nouveaux procédés ont été mis au point pour utiliser les résidus animaux dans la fabrication de farine.

Plusieurs autres travaux en cours au CRIQ

Entre-temps, le CRIQ poursuit ses recherches avec d'autres entreprises agroalimentaires désireuses d'optimiser leur production de biométhane, lequel, de toute façon, peut servir au chauffage et à la production d'électricité dans ces entreprises.

De plus, ses travaux de recherche ont amené le CRIQ à une deuxième innovation sur le point d'être commercialisée. En partenariat avec l'Institut national d'optique (INO), il a développé une sonde qui sert à mesurer plusieurs variables dans les résidus organiques en transformation.

Quant à la recherche visant la purification des biogaz, le CRIQ a conclu une entente de principe avec Vaperma, de Saint-Romuald, qui travaille à un projet similaire avec une entreprise du Nord-Est des États-Unis.

" Produire du carburant pour le transport avec du méthane est clairement une piste d'avenir ", soutient M. Côté, du CRIQ.

Il souligne qu'il faudra aussi travailler sur l'autonomie des véhicules. " Alimenter un camion qui doit aller de Sainte-Hyacinthe à Gaspé n'est pas aussi simple que pour un autobus de la Société de transport de Montréal pouvant se ravitailler tous les 10 kilomètres ", dit M. Côté.

suzanne.dansereau@transcontinental.ca

À la une

Comment les États-Unis ont déstabilisé le monde

31/05/2024 | François Normand

ANALYSE. L’invasion de l’Irak a provoqué une «rupture» avec l’ordre international, selon le spécialiste Jocelyn Coulon.

Le projet de loi 56 créant un nouveau régime d’union parentale est adopté

Le régime s’appliquera automatiquement aux conjoints de fait qui auront des enfants après le 30 juin 2025.

Élection américaine: Trump affecté par le verdict?

31/05/2024 | John Plassard

EXPERT INVITÉ. Le verdict n’aura pas une grande répercussion sur les perceptions des électeurs.