Saviez-vous que toute demande d'immigration au Québec doit être traitée par les fonctionnaires, même si elle ne correspond pas aux critères de sélection ni aux profils des immigrants recherchés ?
À cause de cette aberration légale, le ministère a dû gérer une liste de 100 000 demandes d'immigration de 2009 à 2011, des dossiers ont été traités avec beaucoup de retard et le Québec a perdu des immigrants à fort potentiel. Un autre gaspillage d'énergie et d'argent !
Ce n'est là qu'une des raisons justifiant une révision de cette loi et la consultation en cours. Il y a aussi l'inadéquation entre les besoins économiques du Québec et la sélection des immigrants, la difficulté de les intégrer, le très faible taux de rétention des immigrants investisseurs, les difficultés de reconnaissance des compétences dans les professions réglementées, l'insuffisance d'information sur les besoins réels du marché du travail et le manque de connaissances linguistiques des candidats.
Cette loi, adoptée en 1968, n'avait jamais été revue en profondeur. On l'a retouchée, certes, notamment pour ajouter des points liés à la connaissance du français. On a ainsi augmenté le nombre d'immigrants provenant de l'Afrique du Nord, mais sans s'assurer que le marché du travail pouvait les absorber. L'effet pervers de cette décision a été d'accroître le taux de chômage des immigrants récents (cinq ans et moins), qui est, au Québec, de plus de trois fois celui des personnes nées au Canada.
Pour parer au vieillissement de sa population et pour combler d'éventuels besoins de main-d'oeuvre, le Québec a accru le nombre de ses immigrants, mais leur intégration n'a pas été une réussite sur tous les plans.
Le Québec a accueilli une moyenne de 52 442 immigrants de 2009 à 2013, soit 20,2 % du total canadien, par rapport à une moyenne de 44 528 de 2004 à 2008. Pourtant, selon l'Institut de la statistique, le Québec a perdu environ 5 700 personnes par an à l'international de juillet 2008 à juin 2013, et il a été déficitaire de quelque 6 400 citoyens nets dans les migrations interprovinciales. D'où un solde migratoire net d'un peu plus de 40 000 habitants. Ce n'est pas assez.
Les deux tiers des immigrants admis au Québec en 2013 avaient un profil économique, mais 25 % d'entre eux répondaient au critère de la réunification familiale et moins de 10 % ont été acceptés pour des raisons humanitaires. Certes, les immigrants les plus intéressants sont ceux qui arrivent avec des compétences et des capitaux, mais il va de soi que nous devons faire en sorte de permettre à des familles de se regrouper et d'admettre des réfugiés, conformément à notre longue tradition à cet égard. Selon les Nations Unies, 960 000 personnes dans le besoin rechercheront un pays en 2015, mais les pays qui accueillent des réfugiés n'en prennent que 80 000 par année. Le Québec en a accepté 1 750 en 2013, un chiffre que l'on ne peut envisager de réduire dans le contexte actuel.