Que François Legault aille constater sur place la langue que parlent les élèves des écoles secondaires multiethniques de plusieurs villes de la région de Montréal. Il verra qu’ils ont appris le français et qu’ils le parlent, preuve que le système d’éducation remplit la mission qu’il a reçue de la loi 101. [Photo: 123RF]
L'appétit insatiable des politiciens pour le pouvoir les amène parfois à prendre des engagements irréalistes, trompeurs et même stupides.
Le champion en la matière est évidemment Donald Trump, qui ment comme il respire. En touchant les cordes sensibles d'un bon nombre de deplorables, il a pu s'emparer du pouvoir. Il a encore l'appui de 40 % de la population (80 % des républicains) malgré le fait qu'il a accumulé 4 713 mensonges et demi-vérités pendant ses premiers 592 jours de présidence. Comme quoi, un politicien peut faire beaucoup de chemin en méprisant la vérité. Heureusement, nous n'avons pas encore ce genre de politicien au Canada, quoiqu'on ne puisse jurer de rien pour l'avenir.
Chez nous, c'est la question identitaire qui excite les politiciens. Parce qu'elle est une source de malaise pour plusieurs citoyens, l'immigration apparaît comme un levier pour séduire cette frange de l'électorat.
La défunte Charte des valeurs du Parti québécois visait cette clientèle. Elle s'est révélée une catastrophe et elle a même divisé les indépendantistes. C'est ce qui explique en partie que, selon un sondage d'Ipsos-La Presse réalisé auprès de 1 501 adultes, 54 % des péquistes croient qu'il y a trop d'immigrants au Québec, alors que seulement 25 % des partisans de Québec Solidaire partagent cette opinion.
Parmi l'ensemble des Québécois, 45 % jugent qu'il y a trop d'immigrants, mais 71 % croient que l'immigration est importante pour faire face à la pénurie de main-d'oeuvre. Ce paradoxe s'explique par notre côté rationnel (besoin économique des immigrants) et notre côté émotif (malaise par rapport aux différences religieuses et culturelles).
Politique irréaliste
Le chef de la CAQ, François Legault, fait valoir qu'il est inutile d'accepter 50 000 immigrants par année puisque nous en perdons 26 %. En effet, 74 % des immigrants arrivés entre 2006 et 2015 étaient encore au Québec en 2017, selon des données du gouvernement du Québec. D'où sa proposition d'en accepter 40 000 et, dit-il, de prendre les moyens pour les retenir ici.
C'est un voeu pieux puisque toutes les provinces perdent des immigrants, ce qui est parfaitement normal. Par contre, selon la base de données longitudinales de Statistique Canada, le taux de perte des immigrés au Québec après cinq ans serait plutôt de 16 %, comparativement à 14 % dans l'ensemble des provinces (Francis Vailles, La Presse, 27 juin 2018). Les provinces de l'Atlantique en perdent plus que nous. C'est une question économique.
Si l'on devait diminuer le nombre d'immigrants de 20 %, soit à 40 000, dès 2019 comme le propose la CAQ, nous en perdrions quand même au fil des ans, ce qui aurait un impact très négatif sur nos besoins de main-d'oeuvre, qui sont criants. À cet égard, il est intéressant de constater que c'est la région de Québec, où le taux de chômage est très bas, qui se montre la plus ouverte quant à l'immigration (un effet Régis Labeaume ?) alors qu'elle paraît plus conservatrice à l'égard d'autres questions. Il faut se méfier des perceptions.
Selon la doctrine caquiste, la réduction de 20 % de l'immigration vise les trois catégories : les immigrés économiques (environ 60 %), ceux issus de la réunification des familles (environ 23 %) et les demandeurs d'asile (environ 17 %). Le Québec sélectionne ses immigrés économiques, mais les autres catégories relèvent du fédéral. Le sort des réfugiés est décidé par un tribunal indépendant.
Une astuce odieuse
La CAQ propose de décerner un certificat d'accompagnement transitoire pour une période de trois ans, au-delà de laquelle les immigrants devraient subit un test de valeurs (lesquelles ?) et un examen de français. En cas d'échec, la CAQ voudrait qu'ils soient retournés dans leur pays. C'est naïf et trompeur. Non seulement c'est un pouvoir que le Québec n'a pas, mais il n'y aurait pas de meilleur moyen de faire fuir les nouveaux venus vers les autres provinces, qui seraient bien contentes de les accueillir. Ce mécanisme est une farce, puisque le fédéral n'acceptera jamais de céder ce pouvoir à une province. D'ailleurs, on peut douter que ce bricolage reçoive un appui enthousiaste de son futur caucus.
Clairement, M. Legault devrait se préparer à mettre de l'eau dans son vin sur cette question, comme il l'a fait pour les 22 000 postes de fonctionnaires qu'il voulait couper, chiffre qu'il vient de ramener à 5 000.
La dernière astuce de M. Legault est de présenter l'immigration comme une menace pour le français. C'est odieux.
Qu'il aille constater sur place la langue que parlent les élèves des écoles secondaires multiethniques de plusieurs villes de la région de Montréal. Il verra qu'ils ont appris le français et qu'ils le parlent, preuve que le système d'éducation remplit la mission qu'il a reçue de la loi 101. D'ailleurs, le français de ces élèves est souvent plus rassurant que le joual, le franglais et autre baragouin qui inondent les téléromans et autres émissions populaires de nos médias électroniques.
Oui, on n'en fait pas assez pour intégrer les immigrants et il faut être réaliste sur le taux atteignable. Mais cessons de les tenir responsables de notre demi-succès à cet égard.
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