Bourse: Londres fusionne avec la Deutsche Börse

Publié le 16/03/2016 à 07:29

Bourse: Londres fusionne avec la Deutsche Börse

Publié le 16/03/2016 à 07:29

Par AFP

L'allemand Deutsche Börse et le britannique London Stock Exchange (LSE) ont trouvé un accord pour former le plus gros opérateur boursier mondial en termes de chiffres d'affaires, mais concurrents et régulateurs pourraient toujours faire capoter le mariage. 

Les négociations étaient officielles depuis fin février et la troisième tentative de mariage, après deux projets avortés en 2000 puis 2005, semble être la bonne - et ce, quelque soit le sort du Royaume-Uni au sein de l'Union européenne, ont souligné les intéressés mercredi. 

La structure prévue aboutira à «une entreprise fructueuse, quel que soit le résultat du vote sur le Brexit», a insisté le patron de Deutsche Börse, Carsten Kengeter, lors d'une conférence téléphonique.

Un comité spécial a été mis en place, composé d'une moitié de membres de Deutsche Börse et d'une moitié de LSE, et serait chargé de dérouler des solutions en cas de Brexit. Mais même si le Royaume-Uni - où les électeurs sont appelés aux urnes le 23 juin - fait sécession, ce comité ne pourrait « pas revenir sur les termes » de la fusion, précisé M. Kengeter.

Outre la Bourse de Londres, le LSE gère aussi celle de Milan, la société d'investissements et d'indices américaine Russell Investments et la chambre de compensation LCH Clearnet. Deutsche Börse opère lui la Bourse de Francfort, la chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream et la plateforme de produits dérivés Eurex.

«Nous croyons vraiment qu'il s'agit de la bonne transaction au bon moment pour chacun de nos deux groupes », s'est réjoui M. Kengeter. 

Gigantisme

Le patron de LSE, Xavier Rolet, a lui assuré soutenir l'opération «à 100%», et a souligné que cette «fusion entre égaux» créerait «le plus grand opérateur boursier du monde» en termes de chiffre d'affaires.

L'accord de fusion prévoit de créer une holding de droit britannique domiciliée à Londres, qui chapeauterait les deux groupes, chacun conservant son siège, à Londres et à Francfort respectivement. M. Kengeter de Deutsche Börse doit devenir le patron de cette holding, tandis que le poste de directeur financier reviendra à celui qui occupe cette fonction chez LSE, David Warren.

Avec cette fusion, Deutsche Börse voit enfin ses rêves de gigantisme se concrétiser. Il avait aussi échoué à se rapprocher de NYSE Euronext en 2011, qui gérait à l'époque la Bourse de New York  et les places de Paris, Amsterdam, Bruxelles et Lisbonne sous un même toit.

La fusion avec LSE va rebattre les cartes de la finance mondiale et catapulte l'alliance germano-britannique aux côtés des opérateurs américains CME et Intercontinental Exchange (ICE), et de la Bourse de Hong Kong. 

Les détails de la fusion ont été confirmés : elle doit permettre de faire 450 millions d'euros d'économies grâce à des synergies. Les actionnaires de LSE détiendront 45,6% de la nouvelle entité et ceux de Deutsche Börse une majorité de 54,4%. 

Contre-offre?

M. Rolet a toutefois reconnu qu'il n'y aurait « pas de prime » pour les actionnaires. Un détail qui a son importance, car les fiançailles sont toujours menacée par les vélléités d'un autre prétendant: l'opérateur américain Intercontinental Exchange (ICE), qui étudie officiellement une contre-offre.

ICE n'a encore pris aucune décision à ce stade, mais pourrait potentiellement jouer les troubles fêtes. 

Jasper Lawler, analyste de CMC Market, estime ainsi qu'il y a « une bonne chance qu'ICE intervienne et se mette en travers de l'opération avec une contre-offre ». Et si ce n'est pas l'américain qui joue les trouble-fête « la fusion est susceptible de faire tiquer les régulateurs en Europe », rappelle-t-il.   

Bruxelles doit donner son feu vert à la transaction et les problématiques de « réglementation restent le grand point d'interrogation » de la transaction, soulignait récemment Benjamin Goy, de Deutsche Bank.

Deutsche Börse et LSE ont chacun une position très forte dans certains produits dérivés, ce qui pourrait poser problème.

MM. Kengeter et Rolet n'ont eux pas voulu présumer du résultat du processus régulatoire. Ils se sont également réfusé à envisager d'éventuelles cessions, mais ont précisé que la juxtaposition de leurs deux chambres de compensation, Clearstream et LCH Clearnet, devrait être « bien accueillie par les régulateurs ».

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