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We Charity met fin à ses activités au Canada

La Presse Canadienne|Publié le 10 septembre 2020

La fin des opérations canadiennes de «WE CHARITY» ne soulagera pas le premier ministre Justin Trudeau.

La fin des opérations canadiennes de «WE CHARITY» ne soulagera pas le premier ministre Justin Trudeau à la suite de la décision de son gouvernement d’embaucher l’organisme de bienfaisance pour gérer un programme de bénévolat étudiant maintenant disparu.

Le député néo−démocrate Charlie Angus a déclaré que l’annonce faite mercredi par «WE» de mettre fin à ses opérations canadiennes ne faisait que souligner le manque de diligence raisonnable du gouvernement avant de confier l’administration du programme à une organisation manifestement en détresse financière. 

Deux mois avant que le gouvernement ne donne le contrat à «WE» à la fin juin, Charlie Angus note que l’organisation avait licencié des centaines d’employés et remplacé la quasi−totalité de son conseil d’administration, qui s’était vu refuser l’accès aux rapports financiers de l’organisme de bienfaisance.

Selon le député Angus, «WE» était «désespéré» et a tiré profit de ses relations avec Justin Trudeau, sa famille et son ancien ministre des Finances, Bill Morneau, afin de les persuader de payer l’organisation pour gérer le programme de bourse canadienne pour le bénévolat étudiant. 

Justin Trudeau lui−même a été un invité à donner des conférences dans une demi−douzaine d’événements de «WE» et sa femme, sa mère et son frère ont reçu des centaines de milliers de dollars au fil des ans en dépenses et en paiements pour des conférences. 

Justin Trudeau et Bill Morneau se sont excusés de ne pas s’être récusés de la décision de payer à «WE» jusqu’à 43,5 millions de dollars pour administrer le programme et font tous deux l’objet d’une enquête de la part de commissaire fédéral à l’éthique pour d’éventuelles violations de la Loi sur les conflits d’intérêts. 

«La fermeture de ‘WE’ ne fait pas disparaître le scandale des libéraux», a déclaré Charlie Angus.

Le gouvernement insiste sur le fait que ce sont des fonctionnaires qui ont avancé que «WE» était la seule organisation capable d’administrer ce vaste programme national. Cependant, des milliers de documents publiés par le gouvernement suggèrent que les fonctionnaires ont peut−être été encouragés à considérer «WE» par des politiciens.

Deux comités de la Chambre des communes étaient en train d’enquêter sur l’accord et deux autres comités se préparaient à lancer des enquêtes séparées lorsque Justin Trudeau a prorogé le Parlement le mois dernier, mettant fin aux travaux des comités.

Cependant, l’affaire «WE» est susceptible de continuer de coller à la peau du gouvernement lorsque le Parlement rouvrira le 23 septembre, la fin des opérations canadiennes de l’organisation ne faisant qu’ajouter de l’huile sur le feu.

Le chef conservateur Erin O’Toole a déclaré mercredi que «We» doit remettre tous les documents demandés par le comité des finances au sujet du programme de bourse canadienne pour le bénévolat étudiant.

Le programme était censé couvrir jusqu’à 5000 $ en droits de scolarité pour les étudiants qui auraient fait du bénévolat pendant la pandémie de COVID−19. Le gouvernement a initialement fixé le coût du programme à 912 millions de dollars, mais le contrat initial avec «WE» était de 543 millions de dollars.

L’accord stipulait que «WE» ne devait pas faire de profit grâce au programme. L’organisme de bienfaisance a remboursé la totalité des 30 millions de dollars que le gouvernement lui a donnés pour lancer le programme et a déclaré qu’il ne demanderait pas le remboursement de quelque 5 millions de dollars de dépenses engagées avant que «WE» se retire de l’accord au début juillet dans un contexte de controverse politique.

«WE» avait déjà des difficultés en raison du confinement lié à la pandémie, mais les questions sur le programme de bénévolat étudiant ont incité bon nombre de ses commanditaires à couper leurs liens avec l’organisme.

«WE» a annoncé mercredi qu’il prévoyait licencier 115 employés canadiens et vendre toutes ses propriétés au Canada dans les mois à venir, y compris son centre international de formation, un édifice de 15 millions $ au centre−ville de Toronto, qui n’avait ouvert qu’en 2017.

Ces annonces font suite aux nouvelles du mois dernier selon lesquelles «WE» licencierait des dizaines d’employés au Canada et au Royaume−Uni.

Les bénéfices nets de ces ventes d’actifs seront placés dans un fonds de dotation supervisé par un nouveau conseil des gouverneurs et utilisé pour mener à bien plusieurs projets inachevés de «WE» dans des communautés d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique.

Le fonds de dotation couvrira également les coûts de fonctionnement de plusieurs projets d’infrastructure à grande échelle, comme un hôpital et un collège au Kenya et un centre agricole en Équateur. Aucun nouveau projet ou programme ne sera toutefois lancé.

Tous les futurs événements de la «Journée WE» sont également annulés, et l’organisme n’aura plus de personnel pour travailler avec les enseignants, bien que les ressources existantes seront numérisées et disponibles en ligne. «WE» soutient qu’il était actif dans 7000 écoles à travers le Canada.

La fin de ses opérations canadiennes «montre à quel point « WE » avait des problèmes et qu’il avait besoin de ce renflouement provenant de ses amis libéraux», a déclaré Charlie Angus.

«Ils sont en chute libre économique depuis des mois. C’est un groupe qui a renvoyé son conseil d’administration pour avoir posé trop de questions sur ses finances. La question est de savoir pourquoi le gouvernement n’a−t−il pas vu cela avant de leur confier un contrat d’une valeur de plusieurs millions.»