Quel est le secret des entreprises créatives ? Elles bousculent les idées reçues et n'hésitent pas à sortir de leur zone de confort. Voici les recettes d'entreprises québécoises qui ne sont jamais en panne d'idées.

«Pour stimuler la créativité au sein d'un groupe, j'aime bien avoir à la table une personne avec la tête en bas», dit Roger Parent, président de Realisations.net. Depuis 1994, l'entreprise a notamment collaboré aux opéras de Robert Lepage à New York, aux effets spéciaux d'avant-match du Canadien au Centre Bell et à des aspects visuels du Train de Charlevoix.

Avoir la tête en bas n'a aucun rapport ici avec la position du poirier. Il s'agit plutôt d'une personne qui n'a rien à voir avec la nature même du projet. Il peut s'agir d'un psychologue entouré d'architectes, d'un comptable en compagnie de designers, d'une infirmière parmi des banquiers. «Cette personne, qui sort du lot, soulève généralement des questions qui peuvent sembler être des évidences au reste du groupe. Il faut éviter l'homogénéité. La présence de plusieurs générations favorise aussi la naissance d'idées», dit Roger Parent.

Autre domaine qui carbure à la créativité : le jeu vidéo. Une industrie où on doit se renouveler au quotidien. Comment ? «Jouer, au quotidien, avec nos jeux et ceux des concurrents demeure un élément de base qui aide à stimuler la créativité au sein de nos diverses équipes de création», indique Sophie Côté, directrice du studio de création Ubik, dont le principal client est Ubisoft.

Mais il y a aussi d'autres trucs très efficaces. «Comme celui qui consiste à sortir nos créateurs de leur zone confort. Par exemple, confier un projet de jeu fitness à un créateur habitué à travailler sur des jeux de combat... Ces expériences forcent nos créateurs à se dépasser.» Enfin, étant donné que les équipes peuvent travailler sur plus de 50 projets à la fois, le studio organise tous les trois mois un Ubik Show : on réunit tout le monde dans une même salle pour partager les concepts, les idées, les projets finaux sur lesquels les employés d'Ubik ont travaillé. Cette grand-messe en faveur de la créativité, très gratifiante pour les créateurs, dure environ une demi-journée.

La Chambre de commerce du Montréal Métropolitain (CCMM) s'est mise elle aussi à la créativité. Elle a invité ses 80 employés et des membres du CA à participer à une activité dirigée par la photographe Caroline Hayeur dans le cadre du projet Art au travail. Objectif : leur faire découvrir l'artiste qui sommeille en eux afin qu'ils continuent à le stimuler au quotidien. «Encore aujourd'hui, ces photos exposées dans nos locaux nous rappellent notre nature créative et nous incitent à participer à d'autres activités pour l'exploiter davantage», dit Amadou Dieng, directeur des communications de la CCMM.

Un besoin pressant

La créativité peut contribuer à donner une longueur d'avance aux entreprises qui baignent aujourd'hui dans un monde de différenciation. Elles doivent faire preuve d'idées nouvelles pour se démarquer de la concurrence. Et pas seulement sur le plan de la recherche et du développement. Elles doivent le faire dans leurs pratiques de travail. D'où les besoins pressants de catalyser le potentiel créatif, indique Laurent Simon, professeur agrégé au service de l'enseignement du management et codirecteur de MosaiC, la plate-forme d'échange en management de la création à HEC. Dans les pages qui suivent, nous vous présentons des idées de formation pour stimuler le potentiel créatif de vos troupes.