La Veillée, ou le pari de la microbrasserie de proximité


Édition du 06 Septembre 2023

La Veillée, ou le pari de la microbrasserie de proximité


Édition du 06 Septembre 2023

Par Dominique Talbot

Aujourd’hui, la PME vend plus de 50 000 cannettes annuellement, soit environ 30 000 litres de houblon. (Photo: Facebook)

FOCUS RÉGIONAL. La proximité a toujours été au cœur de la mission de la microbrasserie La Veillée, qui a pignon sur rue à Sainte-Agathe-des-Monts, dans les Laurentides.

« Ma vision, c’est que chaque village peut avoir sa microbrasserie, tant qu’on n’essaye pas de conquérir tout le Québec », affirme son fondateur, Patrick Laurin, en entrevue.

La PME lancée en 2018 s’est d’abord développée en distribuant sa bière dans des commerces de la région avant d’ouvrir son pub au printemps dernier.

«Nous sommes dans une soixantaine de points de vente, souligne-t-il. Environ 80 % sont dans un rayon d’une cinquantaine de kilomètres. »

L’entrepreneur de 45 ans n’avait auparavant aucune expérience en affaires. Il était cependant un passionné de bière, qu’il brassait à la maison.

« Avec La Veillée, j’ai commencé tout petit en faisant 200 litres, dit celui qui s’était joint à l’incubateur La Manufacture. J’ai pris le temps de faire les choses comme il faut. »

Grâce à un engouement dans des commerces de sa région, le brasseur a doublé sa production six mois plus tard.

 

Une affaire de famille

Aujourd’hui, la PME vend plus de 50 000 cannettes annuellement, soit environ 30 000 litres de houblon.

« Ce n’est pas tellement, mentionne l’homme d’affaires. On a choisi de rester petits. Depuis l’an dernier, on s’est recentré dans les Laurentides. On s’est trouvé un niveau confortable où on peut en vivre. On ne se bat pas contre la pression de devenir grands. »

Il explique que pour bien vendre sur des tablettes, il faut visiter régulièrement les marchands, ce que fait sa conjointe, Aurélie Matton, qui s’est jointe à lui un an et demi après le lancement de l’entreprise.

« Cela fait 17 ans qu’on est ensemble, dit-il. À la base, c’est davantage mon projet. Au début, elle a gardé son emploi, cela nous a aidés. Si on s’était lancés les deux en même temps, cela aurait été rock and roll. Il n’y avait donc pas de pression de dégager un salaire rapidement. »

La clé pour ces deux parents d’adolescents est de se séparer les tâches. « On a défini nos champs de compétence, souligne Patrick Laurin. Le côté brassicole, c’est moi, tandis que la gestion des points de vente et de la cuisine, c’est Aurélie. On a chacun trouvé notre place et on se respecte. »

 

Le pari de l’inexpérience

Le copropriétaire de La Veillée est très fier de l’ouverture de son resto-pub sur la rue Principale, à Sainte-Agathe, en juin dernier, malgré un an de retard sur l’échéancier prévu au départ.

« Cela a été un long parcours, car la construction a été ardue, mentionne-t-il. Avec le recul, cela aurait été intéressant d’être propriétaires, mais on n’aurait pas eu le même emplacement de choix et cela nous aurait demandé beaucoup de capital, puisque juste la bâtisse a coûté 6 millions de dollars. »

Ces retards leur ont permis de mieux planifier leur ouverture, notamment en se dotant de procédures de travail et d’un guide de conduite pour les employés.

« On est vraiment contents, parce qu’on n’avait pas d’expérience en restauration, explique le patron. Je crois que notre façon de faire plait aux employés. Ils trouvent cela le « fun » de se joindre à nous. D’ailleurs, plusieurs nous ont recommandés, donc on n’a pas de problème de main-d’œuvre. »

La douzaine de salariés sont par exemple consultés sur l’organisation du travail. Ils ont aussi généralement droit à des horaires fixes qui ne sont pas entrecoupés. « On a une excellente ambiance de travail et un bel esprit de communauté », mentionne Patrick Laurin.

 

Du local

La bière est brassée sur place, donc La Veillée effectue l’ensemble de ses opérations dans le même édifice. « On travaille avec des producteurs régionaux, relève le restaurateur. Environ 90 % de notre menu est local. On est très contents. »

Il reconnaît que cela revient un peu plus cher, mais il estime que cette proximité lui donne de la flexibilité pour la gestion de ses stocks. Par exemple, s’il a besoin davantage d’ailes de poulet, il les commande à Val-David, où elles sont fumées. Il peut ainsi en avoir le lendemain sans problème.

La Veillée compte même approfondir ses relations locales avec des partenariats. Ce brasseur confectionne notamment de la bière personnalisée pour le Village du père Noël de Val-David et pour le théâtre Le Patriote de Sainte-Agathe. « C’est un marché qui est le « fun » et qui prend de l’expansion, affirme l’entrepreneur. On ne veut pas avoir plus de points de vente. On désire privilégier ce créneau et le restaurant. À moyen terme, tant qu’on a du plaisir, on ne voit pas pourquoi on grossirait. »

Sur le même sujet

À la une

La francophonie, futur boom économique

Il y a 27 minutes | Dominique Talbot

«Il faut voir la francophonie comme une chose pour laquelle il faut passer à l’offensive.»

Se dire les vraies affaires avec courage et respect

Malgré les désaccords, il est important de continuer d’échanger pour éviter des conflits plus profonds.

Ne mettons pas trop vite la «réduflation» au pilori

EXPERTE INVITÉE. Si elle est controversée, la réduction des volumes tout en maintenant les prix est parfois nécessaire.