Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Il faudra encore attendre pour l’informatique quantique

Emmanuel Martinez|Publié le 21 janvier 2022

Il faudra encore attendre pour l’informatique quantique

Un ordinateur quantique d’IBM présenté à Hanovre en Allemagne, en 2018. (Photo: 123RF)

Avec sa puissance de calcul multipliée et une plus faible consommation d’énergie, l’informatique quantique est vue comme une technologie clé du futur.

Par contre, les entreprises ne doivent pas s’attendre à pouvoir y avoir recours avant plusieurs années, ont mentionné des spécialistes de cette industrie lors du premier Sommet France-Québec sur le quantique, qui se déroule jeudi et vendredi par visioconférence.

«On est encore à développer la connaissance pour des applications industrielles et commerciales, a expliqué Philippe Molaret, directeur technique pour Thales, dans un panel sur les applications du quantique dans l’industrie. On est encore avec des machines imposantes avec des infrastructures imposantes.»

«Les capacités font vraiment rêver, a renchéri Patrick Jeandroz, chef pour l’expertise en science des données et calcul haute performance pour Hydro-Québec. On est toutefois sur une échelle de long terme. On doit juste apprendre à maitriser le quantique. Hydro-Québec veut demeurer à l’avant-garde, donc on s’y intéresse.»

Pour la société d’État, l’arrivée de l’informatique quantique représentera un défi en matière de cybersécurité, car les coupe-feu et autres remparts pour protéger les données ne seront plus de taille face à la puissance de calcul ces futurs ordinateurs. Mais ce sera aussi un excellent moyen de produire en dépensant moins d’énergie.

«Si on peut prendre des décisions plus optimales, grâce à des algorithmes plus optimaux, on va pouvoir gérer notre réseau de manière plus efficace», ajoute l’expert d’Hydro-Québec qui voit notamment dans cette technologie un outil pour créer des batteries électriques beaucoup plus performantes.

Pour de meilleurs matériaux

L’entreprise française Pasqal, qui développe des ordinateurs quantiques et des logiciels, est en train de faire des essais. «Ces processeurs consomment très peu d’énergie, a mentionné son président, Georges-Olivier Reymond. C’est un sacré avantage.»

Il entrevoit trois grands axes dans le quantique: le secteur de l’énergie, celui de la finance et l’étude de la matière, afin de pouvoir modifier des matériaux. Dans le cas des deux premiers, les gains d’efficience de quelques pourcentages pourraient rapporter des milliards en raison de la valeur de volumes qui sont échangés.

En ce qui concerne les matériaux, il s’agit d’un domaine où des solutions devraient s’imposer plus rapidement, selon Dominic Marchand, chef de la recherche et des partenariats chez l’entreprise canadienne 1QBit, qui fait des logiciels quantiques.

«Calculer l’énergie d’une molécule, c’est très complexe, dit-il. La chimie quantique, c’est de simuler l’évolution des molécules. Les gains peuvent être énormes.»

Il souligne qu’en pharmacologie ou pour des compagnies qui font des matériaux avec de forts volumes comme du plastique, les retours sur investissement seront intéressants.

«C’est un domaine qui est en développement très rapide, souligne Dominic Marchand. Il y a beaucoup d’effervescence.»

Georges-Olivier Reymond voit la Chine et les États-Unis émerger comme leader dans le quantique, mais il croit que des pays tel que la France et le Canada, avec des stratégies appropriées, peuvent aussi avoir leur place à la table des grands.

Le Sommet France-Québec sur le quantique a été organisé par la Chambre de commerce et d’industrie française au Canada, en partenariat avec Québec Quantique.

 

Qu’est-ce que l’informatique quantique?

L’informatique quantique a recours à des phénomènes de la mécanique quantique contrairement à l’informatique classique qui s’appuie uniquement sur l’électricité. Pour bien fonctionner, elle doit évoluer à une température proche du zéro absolu, soit -273, 15 °C! Dans l’informatique quantique, les opérations ne sont plus binaires (avec des bits dans un état 1 ou 0), mais plutôt avec des qubits en superposition d’états 1 et/ou 0. Par conséquent, sa puissance de calculs est des millions de fois supérieurs à ce qui existe présentement.