Une journée des investisseurs rassurante pour Cargojet, mais...


Édition du 12 Octobre 2022

Une journée des investisseurs rassurante pour Cargojet, mais...


Édition du 12 Octobre 2022

Par Jean Gagnon

(Photo: 123RF)

La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.


(Illustration: Camille Charbonneau)


Dans la foulée des craintes d’une récession mondiale formulées par la direction de FedEx (FDX, 150,36 $US) il y a quelques semaines, qui avaient causé une chute radicale du cours de l’action, les dirigeants du transporteur aérien de fret Cargojet (CJT, 112,38 $) tenaient la semaine dernière une journée des investisseurs de laquelle il semble s’être dégagé des propos relativement encourageants. Mais il en faudra plus pour permettre au titre de se relever, car l’image que projette le graphique de ses fluctuations depuis deux ans est plutôt inquiétante.

C’est la première fois en 21 ans d’histoire que Cargojet organise une journée des investisseurs, et plusieurs analystes y étaient aussi présents, dont Fadi Chamoun, de BMO Marchés des capitaux.

Dans un rapport de recherche résumant la réunion, l'analyste des transports se dit confiant dans la résilience et la durabilité du modèle d’affaires ainsi que dans la capacité de la direction à naviguer à travers les aléas d’un ralentissement économique.

La base de revenu largement contractuelle, ses relations étroites avec sa clientèle et les barrières à l’entrée auxquelles font face les concurrents placent la société dans une position avantageuse dans le marché du fret aérien canadien.

L’analyste indique que Cargojet jouit du fait qu’environ 75 % de son réseau domestique de base est contractuel avec des niveaux de volume minimum garantis à taux fixe avec des clients à long terme, ce qui limite les effets d’une faiblesse de la demande que causerait un ralentissement économique.

À la suite de cette journée d’information par la direction, l’analyste maintient sa recommandation de «performance égale au secteur»et son cours cible de 165 $.

Des objectifs atteignables

Les objectifs de l’entreprise à plus long terme sont ambitieux, mais attei-gnables, croit Cameron Doerksen, analyste à la Financière Banque Nationale, qui assistait également à l’événement.

Pour 2026, le transporteur vise des revenus de 1,3 à 1,4 milliard de dollars (G $) et des bénéfices avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) situés entre 500 et 550 millions de dollars (M $). Cela se compare à des revenus d’environ 950 M $et un BAIIA de 350 M $pour l’ensemble de 2022, selon la moyenne des prévisions des analystes. La croissance se réalisera grâce à une expansion de la flotte qui passera de 40 appareils à la fin de 2022 à 51 d’ici quatre à cinq ans.

Cameron Doerksen ne formule pas de prévi-sions jusqu’en 2026, mais il croit que pour 2023, les revenus atteindront 1 G $, et le BAIIA 375 M $. Les prévisions de revenus de l’entreprise pour 2026 signifient une croissance d’environ 10 % par année après 2023, estime-t-il, jugeant l’objectif raisonnable.

L’analyste réalise que la position de Cargojet sur le marché est à la fois dominante et défensive au Canada, avec environ 90% des vols de fret de nuit au pays, grâce à la fidélité de sa clientèle. Il rappelle que les contrats de ses principaux clients, incluant les options, courent jusqu’à la fin de la présente décennie, et même plus loin encore pour certains.

Bien que la journée des investisseurs se soit révélée plutôt positive, l’analyste de la Nationale demeure prudent quant aux perspectives pour le titre, compte tenu du ralentissement de la demande du commerce en ligne qui affecte déjà certains acteurs de l’industrie, dont FedEx et Amazon (AMZN, 115,43 $US), et qui pourrait se répercuter éventuellement sur Cargojet. Sa recommandation est «performance égale au secteur», et son cours cible sur un an est de 158 $.

 

Une image vaut 1000 mots

Si ce vieil adage s’applique à la configuration graphique des fluctuations du cours de l’action de Cargojet depuis le printemps 2020, il est évident que le titre n’attire pas tellement les investisseurs depuis déjà un bon moment, signale Monica Rizk, analyste senior pour les publications Phases & Cycles. Le cours de l’action de Cargojet a connu une hausse spectaculaire en 2020 lorsque la pandémie semblait vouloir faire exploser le commerce en ligne. Mais la tendance s’est rapidement inversée à l’approche de la fin de l’année. Depuis, le titre a perdu la moitié de sa valeur en moins de deux ans.

«Le cours de l’action est maintenant bien ancré sous ses moyennes mobiles et il faudra une solide reprise pour espérer renverser la tendance», dit l’analyste.

Il faudra que le cours de l’action regagne le niveau de 155 $-160 $, soit le niveau actuel de sa moyenne mobile de 200 jours, et qu'il s’y maintienne solidement pour suggérer que la tendance peut s’inverser. Ce ne sera pas facile, croit l’analyste qui ne perçoit pour l’instant aucun niveau de support qui pourrait marquer le creux de la tendance baissière.

Sur le même sujet

Bourse: les gagnants et les perdants du 8 mai

Mis à jour il y a 28 minutes | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.

Titres en action: RioCan

Mis à jour à 13:50 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

Voici une sélection d'annonces qui ont fait (ou vont faire) bouger les cours de ces entreprises.

À la une

Table éditoriale avec le PDG de Northvolt: des batteries «made in Québec» avec du contenu d'ailleurs

En table éditoriale avec «Les Affaires», Paolo Cerruti affirme qu'il faudra être patient.

Pierre Fitzgibbon: «Dans la filière batterie, on est rendu trop loin pour reculer»

Édition du 08 Mai 2024 | Les Affaires

Le superministre a rencontré «Les Affaires» en table éditoriale afin de préciser sa vision de la filière batterie.

Filière batterie: le beau (gros) risque

Édition du 08 Mai 2024 | Dominique Talbot

Avec l’arrivée des géants de la batterie, Bécancour est au cœur du plus grand projet économique au Québec.