La crise actuelle fait appel à notre patience collective

Publié le 08/05/2020 à 13:55

La crise actuelle fait appel à notre patience collective

Publié le 08/05/2020 à 13:55

Une seringue contenant un vaccin

Qu'on le veuille ou non, on ne peut pas développer un vaccin en trois mois. (Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Certaines choses prennent du temps dans la vie; on n’y peut rien. On ne peut par exemple forcer la venue du beau temps au Québec. On ne peut pas non plus créer un vaccin contre le coronavirus en trois mois. Ni forcer une reprise de l’économie sans possiblement payer un lourd tribut en déclenchant une deuxième vague de la pandémie. On ne peut devenir un bon joueur de tennis en quelques jours, même en pratiquant 12 heures par jour avec le meilleur entraîneur au monde.

Comme l’a déjà dit Warren Buffett, «Peu importe l’effort ou le talent, certaines choses prennent du temps. Vous ne pouvez pas faire un bébé en un mois en engrossant neuf femmes à la fois.»

C’est la même chose en Bourse. C’est aussi la même chose pour le coronavirus.

Il faudra être patient. On ne combattra pas le virus à coups de milliards de dollars, ni en envoyant l’armée à la rescousse. Il y a bien une reprise économique à l’horizon, mais elle pourrait prendre du temps à se manifester et surtout, à se développer.

Dans un monde où l’on est habitué d’obtenir presque tout en claquant des doigts (ou en cliquant sur une souris), on ne peut pas faire de même avec la pandémie.

Les États-Unis sont ultrariches et puissants. Ils ne sont toutefois pas mieux équipés que la plupart des autres pays du monde pour contrer les ravages de la pandémie. Ils ne pourront pas s’en débarrasser, ni par la force, ni par la rage. La seule solution est d’attendre bien tranquillement à la maison. Attendre qu’un vaccin soit découvert, développé et produit, un processus qui, selon les experts, pourrait prendre entre 12 et 18 mois.

Depuis la crise financière de 2008-2009, les rares corrections boursières ont toutes été suivies de rebonds rapides. Les investisseurs ont conséquemment été conditionnés à considérer les corrections comme des occasions d’achat - «buy the dip» est devenu leur mot d’ordre.

De fait, j’ai eu connaissance que de nombreux investisseurs avaient ouvert des comptes de courtage chez les courtiers à escompte au cours des dernières semaines. De toute évidence, plusieurs personnes veulent tirer profit de la forte baisse des marchés. J’entends aussi dire que nombre de ces «investisseurs» avaient ouvert des comptes sur marge. Je présume que c’est dans l’idée d’emprunter pour investir.

À ce jour, ceux qui ont profité de la forte baisse des marchés survenue au mois de mars ont été récompensés par un gigantesque rebond des marchés boursiers. Au moment d’écrire ces lignes, le S&P 500 américain est en baisse de 11,8% depuis le début de l’année (en $US et sans tenir compte des dividendes), alors qu’il accusait une baisse de quelque 32% au cours de la journée du 23 mars dernier.

Je suis confiant que l’économie retrouvera éventuellement ses repères. Je suis également confiant que la Bourse nord-américaine procurera des rendements attrayants aux investisseurs dans les 10 prochaines années. Mais contrairement à de nombreux investisseurs, je suis d’avis que la reprise prendra du temps et qu’il faudra se montrer patient.

La crise actuelle est un test ultime de notre résilience individuelle et collective. Elle fait appel à notre patience, à notre confiance que les choses reviendront éventuellement à un semblant de normalité. Mais comme pour l’adepte qui veut devenir un joueur de tennis de haut niveau, il faudra être prêt à y investir de l’énergie et du temps, beaucoup de temps.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

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