C'est la semaine de la persévérance scolaire, sans l'appui de Québec

Publié le 14/02/2016 à 14:46

C'est la semaine de la persévérance scolaire, sans l'appui de Québec

Publié le 14/02/2016 à 14:46

C’est un enjeu dont on ne réalise pas toujours l’ampleur au Québec : la semaine 15 au 19 février est consacrée à la persévérance scolaire.

La plupart du temps, on regarde la question de l’autre côté, plus négatif : l’accent est mis sur le fléau du décrochage scolaire, chroniquement élevé au Québec. Encore aujourd’hui, quelque 25 % des jeunes inscrits au secondaire en ressortent sans aucun diplôme.

Évoquer plutôt les bienfaits de la persévérance envoie un message plus encourageant. Et cette semaine, plusieurs initiatives auront lieu à cet effet, regroupant toutes sortes de partenaires issus notamment du milieu des affaires.

Mais cette année, il y aura un grand absent : le gouvernement du Québec.

En 2015, discrètement, comme pour ne pas que la chose s’ébruite, Québec a décidé de ne plus participer au financement du programme Réunir Réussir (R2), qui organise notamment ces Journées de la persévérance scolaire.

Au cours des cinq dernières années, Québec le finançait à parts égales avec la Fondation Lucie et André Chagnon, chaque partie y consacrant 25 millions de dollars. La Fondation est maintenant seule à soutenir le programme, qui appuie à son tour toute une série de projets à travers le Québec.

Comme pour tous les autres secteurs dont il se désengage au moins partiellement, ce nouveau retrait du gouvernement fera mal, alors même qu’il continue de claironner son désir de voir augmenter le taux de diplomation des jeunes Québécois. Laissons les autres faire le travail, telle semble être devenue sa devise.

Les données sont pourtant sans appel. Selon le rapport Savoir pour pouvoir, publié en 2009 par le Groupe de travail sur la persévérance et la réussite scolaire, les jeunes qui abandonnent avant d’avoir obtenu de diplômes risquent d’en souffrir toute leur vie. Leur espérance de vie est plus courte de quelque 7,1 années par rapport aux autres ; le risque de faire un jour de la prison est pratiquement deux plus élevé, tout comme celui de se retrouver en chômage, sans oublier qu’ils seront moins outillés pour intervenir en société et pour participer à la vie démocratique.

Au bout du compte, c’est tout le Québec qui y perd. De là l’objectif avoué du gouvernement de hausser ce taux de diplomation à un niveau minimal de 80 % d’ici 2020. Il a progressé ces dernières années et atteignait 73,8 % en 2104, d’après des chiffres du Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport.

Du côté des filles, on est rendu à ce seuil de 80 %. Mais les garçons sont encore nombreux à décrocher et ils ne sont que 68 % à se rendre au bout de leurs études secondaires.

Le travail est loin d’être terminé et c’est vraiment l’affaire de tout le monde. Il est essentiel de valoriser l’éducation et d’encourager les jeunes à persévérer, au-delà des vieux clichés à la couenne dure, comme celui du « chômeur instruit ». Un diplôme n’ouvre pas toutes les portes, mais son absence en referme davantage. Que Québec ait décidé de ne plus participer à cet exercice des Journées de la persévérance n’est qu’un autre exemple de sa propension aux économies de bout de chandelles avec des conséquences potentiellement désastreuses.

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