Protéger des baleines grâce à l’IA: Whale Seeker obtient 850 000$
La Presse Canadienne|Mis à jour le 11 juillet 2024L’application peut être utilisée par l’industrie maritime afin d’éviter les collisions avec les cétacés. (Photo: La Presse Canadienne)
La ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne a annoncé un financement de 850 000$ à l’entreprise montréalaise Whale Seeker, qui utilise l’intelligence artificielle (IA) pour protéger les baleines.
La ministre Diane Lebouthillier était de passage dans les locaux de Whale Seeker à Montréal, mercredi, pour annoncer le financement à la jeune entreprise qui a créé un outil d’intelligence artificielle nommé Möbius, qui analyse des images aériennes et détecte très rapidement les mammifères marins.
La technologie développée par Whale Seeker permettrait de détecter ces animaux 25 fois plus rapidement que l’œil humain.
L’application peut être utilisée par l’industrie maritime afin d’éviter les collisions avec les cétacés ou encore par le gouvernement pour évaluer avec plus de justesse la nécessité de fermer ou non certaines zones de pêche.
«Avec cet investissement de 850 000$, on passe du développement à l’action. On sort du laboratoire et on va sur le terrain», a indiqué Emily Charry Tissier, biologiste et présidente de l’entreprise Whale Seeker.
Le financement du fédéral permettra à Whale Seeker de travailler en partenariat avec Edgewise Environmental, basée à Terre-Neuve, afin de détecter les mammifères en temps réel, grâce à des images captées en mer avec des drones.
L’équilibre entre l’économie et la protection des baleines
La ministre des Pêches a indiqué que la technologie développée par Whale Seeker va aider le Canada à «trouver un juste équilibre entre la protection des mammifères marins et la poursuite des activités de pêche».
Dans les dernières années, Ottawa a mis en place une série de mesures pour tenter de protéger les mammifères marins comme la baleine noire de l’Atlantique Nord, une des grandes baleines les plus menacées au monde.
Les collisions avec les navires et les empêtrements dans les engins de pêche mettent à risque la survie de cette espèce.
Mais les mesures mises en place par Ottawa depuis 2022, telles que la fermeture temporaire de zones de pêche ou la limitation de vitesse des navires, soulèvent parfois la colère des pêcheurs dans l’Atlantique.
La ministre Lebouthillier a bon espoir que la localisation rapide et précise des baleines grâce à l’IA permettra «d’offrir le degré de prévisibilité supplémentaire dont nos pêcheurs ont besoin afin de mener à bien leurs saisons de pêche».
Les baleines noires migrent chaque année depuis leurs aires de mise bas au large de la Floride et de la Géorgie vers leurs aires d’alimentation au large de la Nouvelle-Angleterre et de la côte est du Canada.
La National Oceanic and Atmospheric Administration des États-Unis croit qu’il reste environ 360 baleines de ce type. L’agence fédérale estime que 85% des baleines noires ont été empêtrées au moins une fois dans des engins de pêche.
Un projet salué par l’UNESCO
Au printemps dernier, le Centre international de recherche sur l’intelligence artificielle de l’Organisation des Nations unies de l’UNESCO (IRCAI) a annoncé à Whale Seeker que sa technologie avait été sélectionnée dans la liste des 10 meilleurs projets d’intelligence artificielle au monde en matière de développement durable, notamment pour aider les Nations unies à atteindre leurs 17 objectifs de développement durable.