Conscients qu'une saine gouvernance est indispensable pour prendre des décisions qui génèrent de la valeur, les conseils d'administration cherchent à se doter de dispositifs d'évaluation de la performance de plus en plus sophistiqués. Quelles sont les meilleures façons de procéder à cette évaluation ?
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Avec les scandales en matière de gouvernance enregistrés au cours des 15 dernières années, «les organismes de réglementation ont mis en lumière le rôle des conseils. On veut aujourd'hui savoir qui fait partie des conseils, ce que font les gens et comment ils le font», souligne Sylvie Mercier, économiste et présidente de la firme de développement stratégique Masia. D'autant plus que les administrateurs doivent répondre aux attentes des actionnaires et partenaires qui les ont nommés pour les représenter.
Selon Jacques Lefebvre, administrateur de Marquis Imprimeur, plus de 70 % des conseils canadiens s'évaluent ainsi annuellement. «C'est devenu un outil indispensable pour améliorer l'efficacité et la performance», considère-t-il.
Les conseils d'administration confient cet exercice soit à leur comité de gouvernance, soit à des conseillers externes.
Diverses méthodes d'évaluation
«Il existe des évaluations quantitatives, au cours desquelles chaque membre du conseil doit répondre à des questions pouvant toucher la performance du conseil, son fonctionnement, sa gouvernance et ses priorités, ainsi que des méthodes plus qualitatives, consistant à mener une série d'entrevues avec chacun des membres du conseil ainsi qu'avec le président», explique Sylvie Mercier.
«L'idéal, ça peut être de mixer les deux en faisant des entrevues avec le président, le pdg et un petit groupe de personnes, et d'avoir en même temps un questionnaire écrit comprenant des questions ouvertes», poursuit Mme Mercier. Pour être pertinente, la grille de questions doit aborder les priorités du conseil par grands thèmes : comment évaluer le fonctionnement du conseil et la qualité des échanges, la stratégie, le recrutement de nouveaux membres, la pertinence des comités, le rôle de la présidence... Cette grille peut ensuite être révisée chaque année, en fonction des objectifs.
Les méthodes d'évaluation «360 degrés», selon lesquelles les membres du conseil sont évalués par leurs pairs, sont plus rares. «Bien qu'elles suscitent une diversité de points de vue, elles peuvent aussi créer un malaise au sein des administrateurs. Certains conseils y vont donc par petites touches, en demandant par exemple des commentaires sur la présidence d'un conseil ou d'un comité», précise Mme Mercier.
L'exercice nécessite la présence d'une certaine culture au sein de l'organisation. «Certains conseils mettent près de 10 ans avant d'arriver à une évaluation spécifique de la présidence des comités. Mieux vaut démarrer avec une autoévaluation, plus souple, et ajouter au fil des ans des éléments», suggère-t-elle.
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Un outil pour limiter les mandats ?
L'évaluation annuelle est aussi le bon moment pour s'interroger sur les compétences des administrateurs. «Il faut se demander quelle est la contribution des gens, si les discussions sont fructueuses et si l'on a un bon processus de sélection des nouveaux membres», avance Sylvie Mercier. «C'est pourquoi il est important que le président du conseil rencontre au moins une fois par année chaque administrateur, afin de faire le point sur sa contribution et les compétences attendues», précise Jacques Lefebvre.
Bien que difficile, l'autoévaluation reste un bon exercice pour apprécier le rôle de chacun. «En plus de l'envoi d'un questionnaire de base à tous les administrateurs, un second questionnaire peut porter sur une autoévaluation de la performance de chacun, sa façon de travailler ou sa compréhension des enjeux, de manière à voir ce qu'il est possible d'améliorer au cours de l'année», explique M. Lefebvre.
C'est aussi une occasion de se fixer de nouveaux objectifs, «comme de prendre la résolution de mettre systématiquement à l'ordre du jour au moins un dossier stratégique si les administrateurs ont souligné des lacunes dans la prise en compte des grandes orientations de l'organisation», suggère Mme Mercier.
Dans un contexte où les bonnes pratiques de gouvernance favorisent désormais des mandats limités, renouvelables à une fréquence de un à trois ans, l'évaluation annuelle est un bon moyen d'inviter les administrateurs à réfléchir sur la valeur de leur contribution.
«Ils pourront ainsi se questionner sur leur avenir au sein du conseil et, ultimement, démissionner si leur présence n'est plus utile ou pertinente», avance M. Lefebvre.
Reste que, dans les faits, les démissions sont rares. «Il est nécessaire que la composition d'un conseil change au fil du temps, mais il faut trouver le bon équilibre pour que les nouveaux aient le temps de saisir la culture d'entreprise et qu'on puisse profiter de l'expérience des ressources plus expérimentées», nuance Mme Mercier.
Gouvernance
Série 2 de 5. Comment les conseils d'administration peuvent-ils se préparer à trouver des solutions aux principaux enjeux de gouvernance? Voici des conseils et des exemples de bonnes pratiques au sein des CA.
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