Les entrepreneurs, ces héros

Offert par Les Affaires


Édition du 21 Septembre 2019

Les entrepreneurs, ces héros

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Édition du 21 Septembre 2019

Un entrepreneur portant une cape de superhéros.

(Photo: 123RF)

ÉDITO. It’s lonely at the top. Qu’on le veuille ou non, la dynamique change lorsqu’on grimpe les échelons. Un entrepreneur me confiait que ce qui lui manquait le plus depuis qu’il était patron, c’était de se faire challenger sur ses idées. Ce n’est pas tant que tous les PDG sont isolés, seuls dans leur grand bureau fermé. La collégialité peut persister, on peut échanger, plaisanter même ensemble. Mais quand vient le temps de confier ce qui nous garde éveillé la nuit, il devient plus difficile de trouver à qui se livrer.

En cause, l’incapacité de laisser tomber l’armure. Il n’est pas évident de montrer la moindre « faiblesse » quand l’entreprise exige de ses gestionnaires qu’ils soient des « leaders ». La liste des qualités de ce que cela peut bien vouloir dire est longue et non exhaustive. On attend aujourd’hui d’un leader qu’il soit aussi bien courageux que curieux, engagé qu’empathique, innovant qu’inspirant, charismatique que visionnaire. Il doit bien entendu avoir la capacité de prendre des décisions rapidement, gérer aussi bien l’opérationnel que le stratégique, avoir une aisance communicationnelle hors norme et rayonner autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’entreprise. Vous êtes fatigué juste à lire cette description ? Les gestionnaires aussi sont épuisés, à tenter de montrer qu’ils sont à la hauteur de cet idéal inaccessible.

Imaginez maintenant ce qu’il en est pour les entrepreneurs. Un entrepreneur, c’est en quelque sorte un « super leader ». Non seulement doit-il projeter toutes ces qualités, mais il doit également porter sur ses épaules le poids constant de ce qu’il a créé. Dans le cas des entreprises familiales, le repreneur doit vivre avec l’inévitable comparaison avec le fondateur et se montrer à la hauteur des attentes paternelles ou maternelles quant à la pérennité de l’entreprise.

Les cadres en entreprise savent que le jour où la situation ne leur convient plus, ils peuvent toujours quitter leur poste et aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Cette porte de sortie n’existe pas pour les entrepreneurs. Ils ne sont pas seulement à la tête de leur entreprise, ils «sont» leur entreprise. Il n’est d’ailleurs pas anodin que de nombreux entrepreneurs parlent de leur entreprise comme de « leur bébé ». Dans bien des cas, elles sont effectivement une partie d’eux-mêmes, à qui ils donnent tout sans compter... et comme tous les nouveau-nés, elle rend les nuits beaucoup plus courtes.

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Il faut dire que le spectre de l’échec a de quoi donner des insomnies. Les entrepreneurs ne sont pas seulement investis personnellement dans leur entreprise : leurs économies, et souvent celles de leurs proches, le sont aussi. On glorifie l’entrepreneuriat, mais l’angoisse des fins de mois n’a rien de glamour. C’est la peur au ventre que bien des chefs d’entreprises voient arriver le jour de paye des employés. Sous le poids de ces lourdes responsabilités, la pression énorme et le flot continu de problèmes à régler, peut-on vraiment s’étonner que pour certains la digue cède ?

Cet aspect de l’entrepreneuriat, on en parle encore trop peu. D’où l’importance de briser le tabou. Pour ce reportage, François Normand et Olivier Schmouker ont rencontré des héros. Des entrepreneurs inspirants qui ont eu le courage de laisser tomber l’armure, et témoigner de leur quotidien à affronter leurs démons intérieurs, et l’impact que ces derniers peuvent avoir sur l’entreprise.

Collectivement, nous avons la responsabilité de prendre soin de nos entrepreneurs. Cela commence par avoir des conversations honnêtes sur le sujet. De prendre des nouvelles de ceux qui nous dirigent et portent l’entreprise à bout de bras. De leur permettre de laisser tomber le masque de l’invulnérabilité. Pour qu’ils puissent mieux repartir, changer le monde, un produit ou service à la fois.

Marine Thomas
Rédactrice en chef, Les Affaires
marine.thomas@tc.tc
@marinethomas

À propos de ce blogue

Marine Thomas est rédactrice en chef de Les Affaires. Elle travaille au sein de la rédaction depuis 2016 à titre de directrice de contenu, Journal et Bulletin privilège. Marine est animée par un désir d’offrir à nos lecteurs des contenus pertinents et de grande qualité, que ce soit sous formes papier ou numérique. Par ailleurs, elle agit au CA du Y des femmes de Montréal – YWCA Montreal depuis 2014. Elle est actuellement vice-présidente du CA. Auparavant, elle été rédactrice en chef à la Revue Gestion – HEC Montréal, rédactrice en chef d'Inspiro Média et rédactrice en chef adjointe de Premières en Affaires. Marine possède une maîtrise en Management de la culture et des médias (Spécialité presse et édition) de Sciences Po (Paris).

Marine Thomas