C'est toute une dégelée qu'a pris la semaine dernière le titre de Research in motion. Et tout un pronostic que vient de faire sa direction. Faut-il croire Jim Balsillie et prendre position dans le titre?
La conférence sur les résultats du quatrième trimestre de 2010 a été dévastatrice pour l'action de RIMM. De 64$ US, elle est instantanément tombée à 56$.
Ce n'est pas que les résultats aient raté la cible. Ils sont au contraire arrivés légèrement au-dessus du consensus des analystes. La douche froide est cependant venue de l'aperçu de la direction pour le trimestre à venir: entre 1,47$-1,55$ US par action, comparativement à une attente à 1,65$.
Il n'en fallait pas plus pour faire taire les optimistes et faire revenir les fossoyeurs. Avec, il faut le reconnaître, des arguments d'une assez grande force.
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Ce qui est inquiétant
Certains, comme la maison BGC, estiment que l'aperçu de la direction pour le premier trimestre est le reflet de la dégradation continue de la position concurrentielle de RIM dans le marché et que la vrille ne fait que s'amorcer.
La partie n'est en effet pas facile. La compagnie ne se positionne plus très bien dans le Wireless Smartphone Index Ranking de la maison J. D. Power and Associates. L'indice classe les sociétés en fonction du niveau d'appréciation des utilisateurs de téléphones intelligents. Apple obtient cinq étoiles avec son iPhone. Morotola et HTC en obtiennent trois. RIMM n'en obtient que deux, à égalité avec Palm, Nokia et Samsung.
En d'autres mots, la société mère des Blackberry semble avoir perdu l'avantage du marché "haut de gamme" et bataille maintenant dans les segments moyenne gamme et basse gamme. Une position qui n'apparaît pas très propice à améliorer ses marges bénéficiaires dans les prochains mois, avec la déferlante Android qui amène de plus en plus de pression sur les prix. La Deutsche Bank estime par exemple qu'il y aura des téléphones intelligents Android à 100$ US dès le début de 2012.
Pourtant la direction est plus que jamais optimiste
Pourtant la direction est plus que jamais optimiste
La direction est pourtant plus optimiste que jamais en l'avenir. Elle guide entre autres vers un bénéfice minimal de 7,50$ US par action pour l'exercice 2012 (qui se termine en février). C'est nettement au-dessus du consensus des analystes, qui se trouvait le jour des résultats à 6,89$.
Comment expliquer la contreperformance annoncée pour le premier trimestre et la super performance prophétisée pour le reste de l'exercice?
Le premier trimestre fait notamment l'objet de coûts plus élevés alors que RIM s'apprête à lancer sa tablette Playbook en avril et de nouveaux appareils Blackberry pour l'été (système d'exploitation 6.1).
La compagnie semble croire que la tablette sera un grand succès et que ses nouveaux Blackberry lui permettront en parallèle de reprendre du marché dans le haut de gamme.
On ne serait pas étonné que la tablette Playbook connaisse un certain succès sur le marché. D'autant que son système d'exploitation QNX permettra de prendre en charge les applications Android. Certains estiment que l'adoption des deux systèmes débouchera sur des coûts supplémentaires et amènera moins de développeurs pour ses applications propres. C'est probablement vrai, mais c'est nettement moins risqué comme plan de match. Si jamais les développeurs ne devaient pas suivre sur QNX, l'échec aurait été retentissant. Elle peut maintenant espérer offrir des applications communes à un grand nombre et de l'exclusif.
Pendant ce temps, RIM demeure en position avantageuse sur les autres dans sa relation avec la communauté d'affaires, grâce à des systèmes qui offrent une protection de données apparemment inégalée. En adoptant la tablette et les téléphones intelligents de Research in motion, les gens d'affaires pourront accéder à toutes les applications Android (seulement à partir du calendrier 2012 toutefois pour les téléphones intelligents), tout en ayant une confidentialité supérieure à la concurrence.
Que faire?
Que faire?
Si la prédiction de la direction de Research in motion se réalise (7,50$ par action en février 2012), le titre de la société est à 75$ US avant un an (+33%).
Si c'est plutôt le consensus actuel qui est atteint (6,87$ par action), le titre devrait demeurer sensiblement au même endroit.
Si le consensus est raté, il serait étonnant que l'on descende sous le bénéfice de 2010 (6,34$). C'est un titre qui devrait, dans le pire des scénarios, retraiter à 50$.
Malgré toutes les embûches, on serait porté à faire un pari dans la parole de Jim Balsillie. S'il y manque, le risque de descente apparaît contenu.