L'enjeu de la survie des régimes de retraite à prestations déterminées


Édition du 21 Juin 2014

L'enjeu de la survie des régimes de retraite à prestations déterminées


Édition du 21 Juin 2014

Il ne sera pas facile de trouver la solution optimale aux déficits des régimes de retraite municipaux, mais le gouvernement avait l'obligation de s'attaquer à cet enjeu.

Les syndicats qui représentent les employés municipaux ont déjà déclaré la guerre au projet de loi du gouvernement, mais ils devraient se rendre compte que leurs membres bénéficient de la Cadillac des régimes de retraite, en plus d'être les mieux rémunérés de tous les salariés québécois.

Si la réforme du ministre Pierre Moreau est adoptée, on sauvera peut-être aussi les régimes à prestations déterminées, dont bénéficient presque tous les employés du secteur public, mais qui sont en voie de disparition dans le secteur privé. Ces régimes ont l'avantage de garantir la rente des retraités, tandis que celle des régimes à cotisations déterminées dépend du rendement des placements.

Des enjeux cruciaux

Un des principaux enjeux du projet de loi est le remboursement des déficits des régimes municipaux, qui était de 3,9 G$ à la fin de 2013. La totalité de ces déficits est imputable aux villes, donc, aux contribuables qui, dans une proportion de 47 %, ne participent à aucun régime de retraite.

Ces déficits ont été creusés par plusieurs facteurs : la très grande générosité des régimes, la faiblesse des rendements pendant plusieurs années, l'insuffisance des cotisations en regard des avantages promis, l'espérance de vie plus longue que prévu, la prise de la retraite à un plus jeune âge qu'anticipé et les congés de cotisation que certaines villes ont pris périodiquement.

S'ajoute à cette problématique le fait que les villes cotisent beaucoup plus que leurs employés au financement de leurs régimes de retraite. Cette situation particulière signifie que, si le statu quo est maintenu quant au partage inégal des cotisations, les villes continueront de contribuer beaucoup plus que leurs employés au rétablissement de la situation financière des régimes et à la résorption d'éventuels déficits.

Principes directeurs

La réforme proposée repose sur des principes qui s'appuient sur le gros bon sens :

> l' équité intergénérationnelle : il y a une limite à faire payer les généreuses pensions de retraités des villes par de jeunes contribuables qui ne bénéficieront jamais de rentes comparables ;

> l'équité envers l'ensemble des contribuables, dont la capacité de payer est limitée. La très grande majorité n'aura jamais accès aux mêmes avantages que les employés municipaux ;

> la pérennité des régimes de retraite à prestations déterminées. Si on ne trouve pas de solution aux déficits des régimes de retraite des municipalités, ceux-ci seront appelés à disparaître dans le secteur public, à l'instar de la grande tendance observée dans le secteur privé ;

> l'ouverture à la négociation. Un règlement négocié vaut généralement mieux qu'une entente imposée.

À propos de ce blogue

Tour à tour rédacteur en chef et éditeur du journal Les Affaires pendant quelque 25 ans, Jean-Paul Gagné en est l’éditeur émérite depuis 2007. En plus de publier un commentaire hebdomadaire dans le journal et de tenir un blogue dans LesAffaires.com, il participe à l’organisation d’événements et représente le journal dans les milieux d’affaires. Il est aussi appelé à commenter l’actualité dans d’autres médias et à prononcer des conférences. Jean-Paul Gagné a consacré sa vie professionnelle au journalisme économique. Avant son entrée aux journal Les Affaires, qu’il a contribué à relancer pour en faire la principale publication économique du Québec, il a passé une douzaine d’années au quotidien Le Soleil, où il était journaliste économique et cadre à la rédaction. Jean-Paul Gagné est diplômé en économie et en administration. Il a reçu de nombreuses marques de reconnaissance, dont les prix Hermès et Gloire de l’Escolle de l’Université Laval, le prix Carrière en journalisme économique de la Caisse de dépôt et placement et Merrill Lynch et le Prix du livre d’affaires remis par Coop HEC Montréal et PricewaterhouseCoopers. Il siège au conseil d’administration d’organismes sans but lucratif.

Jean-Paul Gagné

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