Juste pour rire... avez-vous dit ?


Édition du 11 Novembre 2017

Juste pour rire... avez-vous dit ?


Édition du 11 Novembre 2017

Si les récentes révélations faites sur Harvey Weinstein ont été qualifiées d'ouragan dans le monde du cinéma hollywoodien, elles ont aussi été à l'origine de ce qui semble être devenu un véritable tsunami qui a touché une partie de la planète, notamment l'Europe et l'ensemble de l'Amérique du Nord. Notre beau Québec, qui n'aime ni les conflits ni les chicanes et qui adore ses vedettes, n'a malheureusement pas été épargné... Loin de là !

Artistes, politiciens, entrepreneurs, journalistes et chroniqueurs... Beaucoup se sont déjà exprimés à ce sujet à la suite des révélations par les médias de comportements qui ne m'inspirent que colère et dégoût. Pour ma part, mes premières pensées vont bien sûr aux victimes, parfois très jeunes. En plus du préjudice moral et parfois physique, ces personnes ont choisi de témoigner et de partager des événements douloureux malgré le risque de ne pas être crues, le risque d'être jugées, le risque de perdre leur emploi... Bref le risque de subir un nouveau traumatisme. Ces femmes et ces hommes qui ont eu la force et le courage de parler méritent tout notre soutien et tout notre respect. Si ces personnes ont été les plus atteintes, moralement et physiquement, on peut également définir d'autres victimes, indirectes celles-ci, qui subissent de plein fouet les répercussions de ces scandales : celles et ceux qui travaillent pour ou autour des personnes incriminées.

L'empire Rozon s'écroule, les activités d'Éric Salvail également... Ce dernier était à la tête d'une demi-douzaine d'entreprises et d'une dizaine de grosses productions. S'il n'employait directement que quelques personnes, ce sont des centaines de contractuels qui travaillaient pour lui et dont les emplois sont aujourd'hui en péril. Des comédiens, bien sûr, mais aussi des techniciens de plateau, des maquilleurs, des décorateurs, des régisseurs, des animateurs de foule... Sans parler des petites entreprises, à l'économie parfois fragile, dont la clientèle était essentiellement composée des activités de Salvail. Je ne doute pas un instant de la compétence et de la créativité de ces personnes et je leur souhaite de retrouver du travail au plus vite, mais elles risquent cependant de passer quelques semaines, voire quelques mois, très difficiles. L'enraiement de ces immenses machines à divertissement ne peut malheureusement qu'engendrer un grand nombre de victimes économiques collatérales.

Le même type de réflexion m'a traversée lorsque j'ai appris que Costco annulait sa commande de 10 000 exemplaires du livre d'Éric Salvail, Les recettes pompettes, qui devait sortir avant les Fêtes de fin d'année. Pour avoir eu la chance d'être l'auteure de deux livres, je connais parfaitement la charge de travail que cela représente et le nombre de personnes qui y collaborent. Entre celui qui écrit et celui qui vend, c'est une multitude de métiers qui sont mobilisés : correction, révision, mise en page, photographie, montage, impression, emballage, livraison... J'ai une pensée pour tous les gens qui ont mis tout leur coeur et leur force de travail à la réalisation d'un ouvrage qui ne se vendra certainement pas, ou très peu. De la même façon, des enregistrements d'émissions qu'on ne verra jamais ont été réalisés, et bon nombre de collaborateurs d'Éric Salvail ont déjà été mis à pied. Quel immense gâchis provoqué par des comportements individuels inadmissibles !

Alors que faire pour lutter contre ces agressions, violences et inconduites sexuelles aux effets dévastateurs pour les victimes et aux lourdes conséquences pour l'économie ? Il semblerait que notre ministre de l'Éducation souhaite rendre l'éducation à la sexualité obligatoire dans toutes les écoles primaires et secondaires du Québec dès l'an prochain. Est-ce vraiment une solution satisfaisante en elle-même ? Je n'en suis pas persuadée.

L'apprentissage de l'anatomie, des méthodes de contraception, ou encore du cycle de menstruation est certes fondamental, mais je doute que cela suffise en soi à changer les mentalités. Il me semble qu'il ne s'agit pas du type d'informations qui étaient inconnues d'Harvey Weinstein, d'Éric Salvail, de Gilbert Rozon, de Gilles Parent et des autres.

L'éducation sexuelle seule ne peut pas représenter le coeur de la solution ; elle devrait avant tout être liée à une éducation comportementale, voire civique, et ce, à tout âge. Et si nous réapprenions les principes fondamentaux du savoir-vivre, dans cette société qui en manque souvent ? Le respect mutuel, le consentement, la bienveillance... Tous les domaines sont touchés par un déficit de ces valeurs, y compris celui des affaires, qui est parfois entaché d'allégations et de scandales, qui sont malheureusement trop vite oubliés. Au quotidien, cela se matérialise par la perte de sens de notions simples telles que la cordialité, l'amabilité ou la politesse, au travail comme sur la route et partout ailleurs.

Nous n'avons jamais eu autant de moyens pour communiquer ensemble, pourtant, par nos comportements, nous semblons de plus en plus nous éloigner les uns des autres. Remettre le savoir-vivre au centre des interactions humaines, réapprendre à évoluer et à travailler ensemble, à échanger et à partager dans le respect de chacun représenterait déjà le premier pas pour prévenir les comportements révoltants et lourds de conséquences qui ont été révélés ces dernières semaines.

Biographie
Danièle Henkel a fondé son entreprise en 1997, un an après avoir créé et commercialisé le gant Renaissance, distribué partout dans le monde. Mme Henkel a été plusieurs fois récompensée pour ses qualités de visionnaire et son esprit entrepreneurial. Elle a été juge dans la téléréalité à caractère entrepreneurial Dans l'oeil du dragon, diffusée à Radio-Canada.