Pourquoi les perspectives de la Bourse restent intéressantes


Édition du 01 Mars 2014

Pourquoi les perspectives de la Bourse restent intéressantes


Édition du 01 Mars 2014

Le 18 février, le Wall Street Journal a annoncé que le fonds souverain de la Chine, soit la China Investment Corp., avait décidé de vendre ses placements dans le secteur de l'énergie et des matières premières pour chercher à profiter des reprises en Europe et aux États-Unis. Ce fonds a un actif sous gestion de 600 milliards de dollars américains.

En d'autres termes, les gestionnaires chinois vendent des placements dans les matières premières, l'actif chouchou du cycle précédent, pour acheter des actions européennes et américaines. En soi, ce n'est pas une grande nouvelle. Mais, dans un contexte global, elle est très significative, car cela révèle un phénomène qui ne fait que commencer : un virage planétaire vers les actions, en particulier les titres américains. Et ce n'est qu'un facteur parmi de nombreux autres qui font en sorte que les perspectives de la Bourse demeurent intéressantes à long terme.

Je ne parle que des perspectives des cinq à dix prochaines années. La Bourse peut performer n'importe comment dans les prochains mois et aucun investisseur sérieux ne devrait s'en préoccuper.

Une rotation de grande ampleur

La rotation vers les actions va se faire entre autres par ces fonds monstres qui ont favorisé les matières premières à partir de l'éclatement de la bulle techno, de 2000-2002 jusqu'en 2008. Cela comprend les importantes caisses de retraite comme la Caisse de dépôt et placement du Québec.

De plus, ces investisseurs institutionnels ont réduit passablement leur pondération en actions lors de la crise, se réfugiant dans les obligations et les titres à revenu fixe. Selon Martin Sosnoff, gestionnaire de portefeuille et fondateur d'Atalanta Sosnoff Capital, les actions pourraient profiter d'entrées de capital totalisant 2 000 G$ US au cours des deux prochaines années, en provenance de ces caisses de retraite.

J'ai fait un saut en voyant ce chiffre (la valeur boursière des actions inscrites à New York est d'environ 16 000 G$ US). Et je crois qu'il faudra plus de deux ans pour que la rotation se fasse. Par contre, je suis convaincu qu'elle se fera et se terminera lorsque ces institutions se retrouveront surpondérées en actions, tout près du sommet cyclique pour la Bourse.

Il n'y a pas que cet aspect qui favorise la Bourse. Les principales économies industrialisées fonctionnent nettement sous leur potentiel, ce qui alimentera la croissance des profits des sociétés pour de nombreuses années.

Le stratège James W. Paulsen, de Wells Capital Management, a publié une étude intéressante à ce sujet il y a quelques semaines. Selon lui, le PIB de l'économie américaine demeure d'au moins 2 % sous son potentiel. Au creux de la récession en 2009, cet écart était de presque 5 % ; la reprise a permis de le réduire.

Or, une fois que l'économie est vraiment relancée, le PIB surpasse habituellement de 2 % ce potentiel. Par conséquent, l'écart à combler au cours des prochaines années est énorme. Celui des économies européennes est probablement encore plus grand. Au Canada, comme la récession a été moins sévère et que le secteur immobilier ne s'est pas replié, il est plus faible.

Retour de la confiance

L'autre source de carburant susceptible de propulser les Bourses est le retour de la confiance des consommateurs. Là encore, la crise a détruit leur confiance.

L'indice de confiance publié par l'Université du Michigan a croulé sous les 60 en 2009, tandis qu'il était à plus de 110 au début des années 2000. La confiance est revenue à 80, mais elle est loin d'être au niveau observé lors des reprises précédentes. En fait, l'indice pourrait rebondir à 100 pour qu'on retrouve ce qu'on qualifierait de «confiance normale».

Ce que vous ne savez pas, c'est que la confiance des consommateurs est un des meilleurs indicateurs de performance boursière, mais à l'inverse. En effet, lorsque la confiance est très élevée, cela se reflète dans l'évaluation des actions. Par exemple, la confiance, mesurée par l'indicateur de l'Université du Michigan, a atteint un record de tous les temps en 2000, fracassant le précédent record enregistré en 1966.

Ces deux moments correspondent, presque exactement, aux sommets historiques des ratios cours/bénéfices de l'indice S&P 500. Le creux ultime de la confiance a été atteint en 1981, à tout près de 50. On a presque rejoint ce plancher en 2009 et une autre fois en 2011. Ces bas se reflétaient dans la faible évaluation de la Bourse.

Un autre facteur favorisant encore les actions est le contexte monétaire. Les principales banques centrales ont encore des politiques très accommodantes.

Enfin, après le rebond spectaculaire de la Bourse, vous vous dites probablement que l'évaluation des actions n'est plus ce qu'elle était, que la Bourse est trop chère. Oui, les actions sont mieux évaluées qu'il y a cinq ans. Toutefois, avec des taux à 2,7 % pour les obligations gouvernementales américaines de 10 ans, la Bourse reste sous-évaluée à environ 15 fois les bénéfices.

Les principales économies des pays industrialisés fonctionnent nettement sous leur potentiel.

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