«La semaine de 4 jours, une mode déjà dépassée!»

Publié le 31/10/2023 à 07:30

«La semaine de 4 jours, une mode déjà dépassée!»

Publié le 31/10/2023 à 07:30

Par Olivier Schmouker

Les études scientifiques ne cessent de montrer tous les bienfaits en matière de bien-être, de santé et de productivité de la semaine de 4 jours. (Photo: Alex Jiang pour Unsplash)

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Q. – «Je le dis comme je le pense, en matière de management, c’est toujours une mode qui suit l’autre. Tout le monde s’excite sur une chose, puis passe à une autre, et au final, rien ne change, ou presque. Un exemple: la semaine de 4 jours. C’était la folie furieuse il y a quelque temps, aujourd’hui plus personne n’en parle. Est-ce que je me trompe?» – Mario

R. – Cher Mario, permettez-moi d’être clair et direct avec vous: oui, vous vous trompez. Le quotidien au travail est actuellement en pleine mutation, et les changements sont perceptibles d’une année à l’autre.

Regardez comment nous travaillions avant la pandémie et comment nous travaillons aujourd’hui: ceux pour qui la routine est demeurée rigoureusement la même sont rares. D’ailleurs, je serais étonné que de “nouveaux” termes n’émaillent pas à présent le vocabulaire professionnel que vous utilisez tous les jours, comme ceux de «télétravail», «mode hybride» et autre «visioconférence». Est-ce que je me trompe?

Maintenant, parlons spécifiquement de la semaine de 4 jours. Certes, les médias en parlent moins ces temps-ci comparativement à ces dernières années, mais ce n’est pas pour autant que celle-ci est tombée dans les oubliettes. Loin de là.

Le magazine scientifique Epsiloon a récemment effectué une compilation d’études sur les différents impacts que peut avoir la semaine de 4 jours sur les travailleurs, tous métiers confondus. Des études qui s’appuient sur des cas réels, à savoir sur des entreprises qui ont fait le choix de la semaine de 4 jours, et ce dans des pays aussi différents que les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, l’Irlande, l’Islande, la Grande-Bretagne et l’Australie. Par exemple, en Grande-Bretagne, l’une de ces études porte sur 61 entreprises œuvrant dans des secteurs allant du soin au domicile à la construction, en passant par le travail de bureau, auprès d’un total de quelque 2900 employés.

Il se trouve que ces études abondent toutes dans le même sens: la semaine de 4 jours a clairement un impact positif sur le bien-être, la santé (physique et mentale) et la productivité des travailleurs. Une poignée de données à ce sujet sont on ne peut plus convaincantes, me semble-t-il:

– 71% des travailleurs présentent moins de signes de burn-out;

– 64% ressentent plus d’émotions positives;

– 54% ressentent moins d’émotions négatives;

– 46% éprouvent moins de fatigue;

– 43% affichent une meilleure santé mentale;

– 40% ont un meilleur sommeil;

– 39% se sentent moins stressés;

– 37% se sentent en meilleure forme physique.

Impressionnant, n’est-ce pas? À cela s’ajoute, comme je l’ai indiqué, un impact positif sur la productivité, qui s’explique en partie par une chute de 65% de l’absentéisme et du nombre d’arrêts maladie.

Brendan Burchell, professeur de sociologie à l’université de Cambridge, en Grande-Bretagne, ajoute que l’impact sur la productivité découle également du changement d’attitude des travailleurs à l’égard de leur façon de travailler, suite à l’adoption de la semaine de 4 jours. «On assiste dès lors à une véritable implication pour faire fonctionner le nouveau mode de travail, a-t-il indiqué à Epsiloon. Tout le monde, ou presque, se met à coopérer plus efficacement, à proposer de nouvelles idées, à écouter en retour.»

Par exemple, les gens s’interrogent alors sur la pertinence de toutes leurs réunions hebdomadaires, ce qui se traduit souvent par la suppression définitive d’une ou de plusieurs d’entre elles. Ils se demandent aussi s'ils ne feraient pas mieux de consacrer leur temps à une tâche plus importante plutôt que d'aller à telle ou telle réunion. Résultat? «Au final, la fréquence et la durée des réunions sont souvent réduites de moitié», note Brendan Burchell. Bref, avec moitié moins de réunions, les travailleurs gagnent en productivité.

Il me faut souligner un dernier point important, Mario. Par semaine de 4 jours, on entend la suppression d’une journée de travail par semaine. Il ne s’agit en aucune façon de compresser cinq journées en quatre, en demandant à chacun, par exemple, de travailler presque deux heures de plus par jour. Non, agir de la sorte, ce serait contre-productif: on épuiserait chacun, qui n’aurait pas assez d’une fin de semaine de trois jours pour s’en remettre à peu près.

D’ailleurs, une donnée ne trompe pas à ce sujet. Depuis 2022, la Belgique accorde le droit aux salariés à temps plein d’opter pour la semaine de 4 jours, mais uniquement dans sa version de cinq jours compressés en quatre. Il suffit qu’un salarié le demande, et l’employeur est contraint de le lui accorder. Eh bien, l’opération est un flop monumental: moins de 0,5% des salariés ont fait ce choix jusqu’à présent.

Voilà, Mario. La semaine de 4 jours n’est pas une mode dépassée, les expérimentations se multiplient au contraire ici et là, un peu partout sur la planète. Et ses impacts positifs sont indubitables. Reste à savoir, maintenant, quel sera l’élément déclencheur qui convaincra les employeurs de ses bienfaits, eux qui, il n’y a pas si longtemps, se gaussaient quand des termes comme «télétravail», «mode hybride» et «visioconférence» effleuraient leurs oreilles.

 

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