La crise en mer Rouge affecte les importations de vin de la SAQ

Publié le 29/01/2024 à 18:00

La crise en mer Rouge affecte les importations de vin de la SAQ

Publié le 29/01/2024 à 18:00

Par François Normand

La SAQ reçoit 200 conteneurs par semaine au port de Montréal. (Photo: Romeo Mocafico Les Affaires)

Les attaques des Houthis yéménites contre la marine marchande en mer Rouge affectent les importations de vin de la Société des alcools du Québec (SAQ) en provenance de l’Australie, affirme Luc Boudreau, vice-président de la chaîne d’approvisionnement.

«On reçoit 200 conteneurs par semaine au port de Montréal pour s’assurer qu’on ne manque de rien. Maintenant, avec ce qui se passe au niveau du conflit en mer Rouge, ça impacte directement tout ce qui provient de l’Australie», a-t-il déclaré ce lundi midi lors d’un panel sur les chaînes logistiques organisé par le Cercle canadien de Montréal.

Outre M. Boudreau, le panel comptait Rodney Corrigan, président de Logistec Arrimage, Andreea Crisan, PDG du transporteur routier Andy, et Patrick Lortie, premier vice-président et chef stratégie au Canadien National (CN).

La discussion était animée par Mathieu Charbonneau, vice-président, directeur général de la division transport d’Airudi, une entreprise qui conçoit des logiciels en gestion de ressources humaines utilisant l’intelligence artificielle.

Les attaques des Houthis ont incité plusieurs transporteurs maritimes internationaux qui transitaient par la mer Rouge et le canal de Suez à passer par d’autres routes, à commencer par le sud de l’Afrique, en contournant le cap Bonne-Espérance.

Les transporteurs maritimes qui utilisent encore le canal de Suez facturent des primes de risque aux entreprises qui importent ou qui exportent des marchandises par cette route commerciale.

 

Lire aussi - Crise en mer Rouge: le port Vancouver est une alternative intéressante

 

Délais de deux à trois semaines

Dans le cas de la SAQ, le détour utilisé par son transporteur maritime ajoute de deux à trois semaines sur le temps habituellement requis pour importer du vin à partir de l’Australie, ce qui affecte bien entendu ses activités dans ses centres de distribution au Québec.

«Ça nous frappe de façon directe, et ça frappe éventuellement les tablettes aussi, parce que les produits ne sont pas disponibles», a précisé Luc Boudreau.

Patrick Lortie, du CN, qui offre aussi un service maritime, a expliqué que la crise en mer Rouge avait une incidence sur l’ensemble des coûts de transport, ce qui exerce une pression inflationniste dans le monde.

Selon Rodney Corrigan de Logistec Arrimage, la crise en mer Rouge fait bondir la facture de mazout des transporteurs maritimes de manière très importante.

Par exemple, le fait de contourner le sud de l’Afrique au lieu de passer par le canal de Suez peut ajouter jusqu’à un million de dollars de frais de carburants additionnels.

 

Autres problématiques en logistique

La migration graduelle d’une partie de la production manufacturière de la Chine vers le sud-est de l’Asie, comme le Vietnam ou la Thaïlande, est aussi en train de transformer les routes maritimes, selon Patrick Lortie.

Et les ports de la côte est de l’Amérique du Nord en profitent, dont celui de Montréal.

Habituellement, les échanges de marchandises entre la Chine, la Corée du Sud, le Japon et le Québec se font via le port de Vancouver, des échanges auxquels on ajoute une portion ferroviaire entre la Colombie-Britannique et le marché québécois.

En revanche, pour l’Asie du Sud-Est, il est plus logique de passer par l’océan Indien, le canal de Suez et la Méditerranée, pour atteindre ensuite les ports de la côte est.

C’était du moins le cas avant les attaques des Houthis en mer Rouge.

Le panel a aussi évoqué les problématiques dans le transport routier, qui pâtit du ralentissement de l’activité économique en Amérique du Nord.

Par exemple, Andreea Crisan d’Andy a indiqué qu’il y a même actuellement une offre excédentaire de transport routier en Amérique du Nord.

En revanche, cette situation exerce une pression à la baisse sur les prix et atténue aussi la pression sur la main-d’œuvre.

 

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