Énoncé économique sur le logement: salué, mais insuffisant

Publié le 21/11/2023 à 18:54, mis à jour le 21/11/2023 à 18:57

Énoncé économique sur le logement: salué, mais insuffisant

Publié le 21/11/2023 à 18:54, mis à jour le 21/11/2023 à 18:57

Par La Presse Canadienne

La vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, mardi 21 novembre 2023, à Ottawa. (Photo: La Presse Canadienne / Adrian Wyld)

Des organisations de la société civile se réjouissent que le gouvernement fédéral ait choisi de faire de la construction de logements l'une de ses priorités dans son énoncé économique automnal, présenté mardi, mais préviennent que les sommes annoncées ne seront pas suffisantes pour contrer la crise du logement qui sévit partout au pays.

L'un des investissements phares de la mise à jour présentée par la ministre des Finances, Chrystia Freeland, est une bonification de 15 milliards $ du Programme des prêts pour la construction d’appartements, afin de construire, espère Ottawa, 30 000 nouveaux logements d'un océan à l'autre.

Mais avant de crier victoire, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), un regroupement dont la vocation est de défendre l'accès au logement, veut s'assurer que les sommes serviront à aider les bonnes personnes, c'est-à-dire celles qui sont les plus touchées par la hausse du coût de la vie.

«Le FRAPRU craint que, comme c’est le cas maintenant, ces sommes servent très majoritairement à la construction d’appartements à des coûts beaucoup trop élevés pour les ménages à faible et modeste revenus, surtout s’ils sont réalisés par le marché privé de l’habitation répondant à la logique du profit», a souligné le regroupement dans un communiqué.

Conséquemment, le FRAPRU accueille «plus positivement» l'octroi de 1 milliard $ sur trois ans au Fonds pour le logement abordable, qui devrait permettre, selon le gouvernement, de faire sortir de terre 7000 logements «pour les personnes les plus vulnérables» d'ici 2028.

Mais le regroupement, tout comme l’Union des municipalités du Québec (UMQ), pense que les investissements annoncés par le gouvernement Trudeau pour le logement abordable ne seront pas suffisants en fonction des besoins spécifiques du Québec.

Le FRAPRU «estime que cet apport, en plus d’être largement insuffisant, aura peu de retombées au Québec qui n’a reçu que 6 % des sommes utilisées jusqu’ici dans ce fonds».

L'UMQ, quant à elle, a rappelé que 860 000 logements devront être construits au Québec d'ici 2030 pour maintenir une abordabilité, et que les sommes injectées par Ottawa ne sont pas à la hauteur de ce besoin.

À la Fédération canadienne des municipalités, on ajoute que si les investissements pour le logement sont les bienvenus, ils devront s'accompagner de sommes pour le maintien des infrastructures municipales, puisque «pour chaque logement construit, des besoins d’infrastructure doivent être comblés».

«Un parc de logements croissant dépend de nouvelles infrastructures municipales, qu’il s’agisse de routes, d’installations de distribution d’eau potable et de traitement des eaux usées, d’installations communautaires ou de transports collectifs. Ces infrastructures sont essentielles pour construire de nouveaux logements et ce sont elles qui permettent la création de milieux de vie complets», a-t-on fait valoir.

Ottawa a aussi annoncé diverses mesures fiscales pour «sévir» contre des plateformes de location à court terme, comme Airbnb, ce qui a été salué.

 

Les entrepreneurs veulent être rassurés

Dans un contexte d'inflation et de ralentissement de l'économie, le gouvernement a décidé de faire preuve d'une certaine retenue dans ses dépenses, en plus de demander à ses ministères de trouver des manières de faire des économies.

Le gouvernement a donc mis de l'avant son objectif de maintenir les déficits en dessous de 1% du produit intérieur brut (PIB) à partir de 2026-2027.

Si elle salue cette «approche prudente», la Chambre de commerce du Montréal métropolitain s'inquiète de la hausse des dépenses, craignant un revirement de situation dans les prochaines années.

«Nous réitérons que le secteur privé sera d’autant plus rassuré d’investir s’il sait que le retour à l’équilibre des finances publiques du pays ne passera pas par une hausse future des taxes et des impôts», a affirmé son président et chef de la direction, Michel Leblanc.

Chez Manufacturiers Exportateurs du Québec (MEQ), on demande à Ottawa de mettre en place de meilleurs incitatifs financiers pour rendre le pays plus attractif pour les entreprises, surtout dans le contexte où les États-Unis ont pris d'importantes mesures en ce sens l'an dernier avec l'adoption de leur loi sur la réduction de l'inflation.

«La course pour développer l’économie verte est lancée et le Canada doit accélérer le pas. Nos entreprises demeurent incapables de planifier des investissements ici au pays et pour plusieurs d’entre elles, réaliser des projets aux États-Unis serait même une avenue plus avantageuse», a souligné la présidente-directrice générale de MEQ, Véronique Proulx.

«Le retard du Canada se creuse tous les jours et il est urgent de mettre en place une réponse forte et adaptée avant qu’il ne devienne insurmontable», a-t-elle ajouté.

 

Autres réactions, en vrac

La CSN a salué la bonification du crédit d'impôt sur la masse salariale journalistique, mais a souligné sa déception de voir les journalistes radio et télé en être exclus: «L'organisation syndicale fait remarquer que les nombreuses pertes d'emplois, notamment en région, touchent l'ensemble des médias.»

L’Association québécoise de l’industrie du disque, du spectacle et de la vidéo (ADISQ) a déploré le non-renouvellement de l’extension du 10 millions $ accordée au Fonds de la musique du Canada en 2018‑2019: «Des coupures additionnelles dans les programmes destinés aux entreprises et aux créateurs sont donc à prévoir au cours des prochains mois.»

La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) a dénoncé le refus d'Ottawa de repousser la date limite du remboursement du Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes: «Les PME qui n'arriveront pas à rembourser la totalité du prêt d'ici le 18 janvier 2024 pourraient donc voir leur dette augmenter de 50 %, ce qui peut mettre à risque un quart de million d'entreprises.»

 

Par Mathieu Paquette

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