Un peu plus de trois ans après la légalisation de la marijuana, le nouveau directeur général de l’Association québécoise de l’industrie du cannabis (AQIC), Pierre Leclerc, compte bien défricher les canaux de communication avec l’État afin qu’ils soient plus transparents.
«On est à la genèse. [… On doit d’abord] ouvrir le dialogue avec les autorités gouvernementales concernées pour développer conjointement une vision, voire établir une définition de l’industrie du cannabis, de ce qui est acceptable ou non à leurs yeux, et comprendre vers quoi elles veulent aller», explique le champion de cette industrie, Pierre Leclerc. Ce n’est pas un hasard si l’association fondée en 2019, qui représente 75 % des titulaires de licences ayant des activités commerciales au Québec, lui a tendu les rênes de ce chantier crucial pour le secteur.
L’ex-responsable du bureau du président du caucus de l’opposition officielle a notamment collaboré avec l’ancienne ministre de la Santé publique, Lucie Charlebois, afin de mener des consultations pour rédiger la réglementation sur la marijuana. «J’aime les défis», glisse-t-il. Pierre Leclerc ne se limitera pas à bâtir des ponts avec le ministère de la Santé, qui applique les mêmes directives recommandées par l’OMS dans la lutte contre le tabagisme, ce qu’il déplore. Des discussions sont déjà prévues avec le ministère de l’Économie — qu’il a étroitement côtoyé dans ses années en politique — et le ministère de la Sécurité publique.
Certes, il exige certains changements réglementaires et législatifs, mais sa main est surtout tendue afin de rendre plus limpides «les mécanismes de partage d’information»entre l’industrie et Québec, si ce n’est que pour rassurer les investisseurs. «Lorsque la portée des décisions gouvernementales […] n’est pas communiquée clairement, c’est insécurisant», laisse-t-il entendre.
D’autant que les fonds qui financent producteurs comme transformateurs proviennent principalement d’investisseurs privés, puisqu’ils peinent à accéder au crédit traditionnel. «L’industrie ne peut être performante sans ça», martèle Pierre Leclerc.
L’une des pierres d’assise de sa stratégie est aussi d’enjoliver la perception de l’ensemble de la société à l’égard du pot, autant médical que récréatif. L’abolition de ces stigmas passe notamment par la notoriété des membres associés de cet «écosystème qui regroupe l’industrie du cannabis au sens large».
D’ici le début de 2022, l’AQIC présentera son plan directeur. Avare de détails, Pierre Leclerc précise toutefois qu’on y établira les grandes lignes de ses quatre principaux chantiers, soit le recrutement, l’offre de services aux membres, le réseautage et les partenariats avec le secteur de la recherche, des établissements d’enseignement et, bien entendu, des ministères.