Le fondateur de Gildan «offusqué» par les allégations de son conseil d’administration

Publié le 09/01/2024 à 11:06, mis à jour le 09/01/2024 à 18:49

Le fondateur de Gildan «offusqué» par les allégations de son conseil d’administration

Publié le 09/01/2024 à 11:06, mis à jour le 09/01/2024 à 18:49

Par La Presse Canadienne

«Je suis offusqué par ce qui semble être un effort prémédité pour miner publiquement mon bilan et, ce qui est encore pire d’un point de vue d’entreprise, c’est que le comportement négligent du conseil ternit également la réputation d’une grande société», répond M. Chamandy dans une déclaration envoyée aux médias. (Photo: La Presse Canadienne)

L’ancien patron de Gildan (GIL), Glenn Chamandy, se dit «offusqué» par les allégations du conseil d’administration de la société montréalaise qui l’accuse d’être un gestionnaire «inefficace» et «désengagé».

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«Je suis offusqué par ce qui semble être un effort prémédité pour miner publiquement mon bilan et, ce qui est encore pire d’un point de vue d’entreprise, c’est que le comportement négligent du conseil ternit également la réputation d’une grande société», répond M. Chamandy dans une déclaration envoyée aux médias.

Dans une lettre envoyée lundi aux actionnaires, les administrateurs de l’entreprise de fabrication de vêtements accusaient son fondateur d’être un gestionnaire «inefficace», dans le cadre d’une lutte d’actionnaires pour déterminer qui devrait diriger la société montréalaise.

«Le conseil a graduellement perdu confiance en M. Chamandy, pouvait-on lire dans la lettre aux actionnaires. Il était devenu clair qu’il n’avait pas de stratégie crédible à long terme ni de vision pour l’avenir.»

Le conseil d’administration avait remercié M. Chamandy à la fin de l’année dernière pour le remplacer par Vince Tyra.

La décision avait créé une vague de mécontentement parmi d’importants actionnaires, dont la firme américaine Browning West et le gestionnaire d’actifs montréalais Jarislowsky Fraser.

Browning West a d’ailleurs réitéré, mardi, sa demande de tenir une assemblée extraordinaire des actionnaires. La firme demande désormais le remplacement de huit des 11 membres du conseil d’administration, plutôt que cinq.

Avant lundi, le conseil d’administration avait expliqué sa décision par un désaccord au sujet du plan de succession de l’entreprise. Il avait aussi estimé que l’ancien dirigeant de Gildan n’était pas le meilleur candidat pour mener à bien le plan stratégique.

Dans sa lettre de lundi, le conseil allait encore plus loin dans ses allégations contre M. Chamandy. Il affirmait que l’ancien dirigeant était «désengagé» envers l’entreprise.

«Son style de gestion n’était pas structuré, il tenait peu de réunions avec les membres de la haute direction et se présentait rarement au bureau, en moyenne quelques jours par mois seulement, même longtemps après la fin du confinement en raison de la COVID, peut-on lire dans la missive. M. Chamandy n’a jamais visité la nouvelle usine de fabrication de Gildan au Bangladesh, l’un de nos investissements les plus importants.»

Selon le conseil, M. Chamandy n’était tout simplement pas l’homme de la situation. «En l’absence d’une stratégie à long terme cohérente, M. Chamandy est passé d’une stratégie opportuniste à une autre. Il a fait des incursions dans des produits de marque, la distribution au détail, l’expansion internationale et la production de fils, lesquelles ont connu un succès mitigé, ce qui a donné lieu à un taux de croissance annuel des revenus sur huit ans de moins de 1% et, au cours de cette période, à des radiations et à des restructurations de plus de 450M$.»

La lettre affirmait que le conseil et le fondateur s’étaient entendus dès décembre 2021 afin d’établir un plan de succession. M. Chamandy aurait toutefois exprimé l’automne dernier son désir de rester.

M. Chamandy aurait «présenté au conseil un plan visant à réaliser des acquisitions risquées et hautement dilutives de plusieurs milliards de dollars, soutenant qu’il allait alors devoir demeurer chef de la direction pendant plusieurs années pour en superviser l’intégration», écrivait le conseil.

«Le conseil avait des doutes à l’égard de ces acquisitions à haut risque, particulièrement en raison de l’incapacité de M. Chamandy de répondre aux questions les plus élémentaires à l’égard de sa proposition stratégique», poursuit l’entreprise.

M. Chamandy rejette cette version des faits, mardi. «Contrairement à ce que prétend le conseil, le plan à long terme présenté le 30 octobre 2023 montrait des perspectives de croissance interne importantes pour Gildan au cours des cinq prochaines années et était soutenu par notre équipe de direction.»

«Les actions regrettables du conseil d’administration ont entraîné une perte massive de valeur pour les actionnaires. Ce plan d’action destructeur est contre-productif, et tous les efforts devraient être redirigés vers une croissance qui profite à toutes les parties prenantes de la société, une priorité qui a toujours été au cœur des valeurs de Gildan», dénonce M. Chamandy.

Plus tard mardi, Gildan a confirmé la réception de la lettre de Browning West. «Le conseil d’administration continue de considérer les efforts de Browning West et de M. Chamandy comme des tactiques de désinformation publique sans fondement», a déclaré la porte-parole de Gildan, Geneviève Gosselin, dans un courriel adressé au service anglais de La Presse Canadienne.

«Comme indiqué précédemment, le conseil examine de manière indépendante l’engagement de M. Chamandy avec certains actionnaires avant son licenciement.»

L’action de Gildan gagne 7 cents, ou 0,17%, à 42,14$ à la Bourse de Toronto en après-midi.

 

Stéphane Rolland, La Presse Canadienne

 

 

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