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Des erreurs dans l’analyse sur la tarification du carbone

La Presse Canadienne|Mis à jour le 11 juillet 2024

Des erreurs dans l’analyse sur la tarification du carbone

Le directeur parlementaire du budget, Yves Giroux (Photo: Adrian Wyld / La Presse Canadienne)

Ottawa — Le secrétaire parlementaire de la ministre des Finances, Chrystia Freeland, reproche au directeur parlementaire du budget (DPB) de ne pas avoir publié de correction publique à son analyse sur la tarification du carbone après y avoir trouvé une erreur.

Le 17 avril, le DPB a publié une note sur son site Web admettant que ses analyses économiques du prix du carbone à la consommation, réalisées en 2022 et 2023, incluaient également à tort l’impact du prix du carbone industriel.

Le DPB dit qu’il prévoit publier une mise à jour à l’automne.

Le député libéral et secrétaire parlementaire Ryan Turnbull a déclaré mardi dans une lettre envoyée au directeur parlementaire du budget, Yves Giroux, que son bureau aurait dû faire plus d’efforts pour s’assurer que le public soit informé de l’erreur — et expliquer comment cela a pu fausser les résultats.

«Avec tout le respect que je vous dois, pour protéger l’intégrité de votre bureau, vous devez [corriger] le dossier de votre analyse sur les combustibles», a écrit M. Turnbull.

Il a affirmé que l’erreur du DPB soulevait des «questions importantes» sur l’analyse, qui, selon lui, a été au centre des débats politiques sur l’impact de la tarification du carbone.

«Alors que la désinformation sur la tarification du carbone est monnaie courante, il s’agit d’une situation regrettable, surtout parce que votre bureau détient une réputation bien méritée grâce à vos analyses rigoureuses et non partisanes», ajoute-t-il.

Une erreur reconnue

Les analyses originales du DPB soutenaient que même si la plupart des familles recevaient plus de remises que ce qu’elles avaient payé en tarification du carbone, ces avantages seraient effacés une fois l’impact sur la croissance de l’emploi et les revenus pris en compte.

La tarification du carbone à la consommation, ce qu’Ottawa appelle la taxe sur les carburants, s’applique au prix des combustibles fossiles que les gens et les petites entreprises et organisations achètent pour faire fonctionner leur voiture, chauffer leur maison ou allumer la lumière.

Les grands émetteurs industriels, soit plus de 560 organisations et entreprises, notamment dans les domaines des sables bitumineux, des mines, de la construction automobile et des centrales électriques au gaz naturel, ne paient pas la taxe sur le carburant qu’ils achètent pour fonctionner. Au lieu de cela, ils la paient sur une partie de ce qu’ils émettent réellement.

Dans une entrevue avec La Presse Canadienne, M. Giroux a indiqué que le modèle utilisé pour estimer les coûts économiques de la redevance sur les carburants incluait également par inadvertance la tarification du carbone industriel.

Il a rejeté l’idée selon laquelle son bureau n’avait pas été assez transparent sur cette erreur, soulignant qu’une note a été publiée sur le site de son bureau et qu’une nouvelle analyse sera menée.

M. Giroux ne s’attend pas à ce que l’analyse mise à jour s’écarte de manière significative des conclusions tirées l’année dernière sur l’impact économique du prix du carbone à la consommation.

«Nous ne pensons pas que cela changera la nature des conclusions, a-t-il déclaré. Les conclusions générales des rapports resteront donc les mêmes du côté économique.»

Les conservateurs fédéraux ont fréquemment cité le travail du DPB pour étayer leur argument selon lequel la tarification du carbone empirerait la situation financière des familles canadiennes.

Tenir compte du changement climatique

Toutefois, le rapport a été critiqué pour ne pas prendre en compte les coûts économiques associés aux changements climatiques.

M. Turnbull a fait écho à ces préoccupations dans sa lettre.

«Actuellement, [les coûts des changements climatiques et les avantages économiques de la tarification de la pollution] ne sont pas du tout pris en compte, ce qui ne contribue pas à un débat plus approfondi qui tient compte d’un plus grand nombre de faits et de preuves pertinentes», a-t-il écrit.

Lorsqu’on lui a demandé si le DPB envisageait d’intégrer les coûts des changements climatiques dans la prochaine analyse, M. Giroux a répondu non.

Il a déclaré qu’il était difficile d’estimer le coût des changements climatiques, en particulier lorsqu’on analyse les impacts à court terme. M. Giroux a également souligné que son bureau est chargé d’évaluer les coûts des politiques fédérales et non de mener des analyses coûts-avantages.

Il a toutefois déclaré que son bureau insisterait sur le fait que les coûts des changements climatiques ne sont pas inclus dans la prochaine analyse.

«Notre plan est d’essayer d’être clair sur ce que ce prochain rapport fera et ce qu’il ne fera pas. Par exemple, il ne dit pas ou il n’est pas censé être interprété que ne rien faire est le meilleur scénario ou que c’est même quelque chose de souhaitable», a-t-il dit.

D’autres groupes ont cependant analysé le coût des changements climatiques. L’Institut canadien du climat a déclaré dans un rapport publié en 2022 que tous les ménages connaîtront une perte de revenus pour cette raison.

Le Fonds monétaire international a averti que les impacts répétés des intempéries peuvent également causer des ravages économiques.

 

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