«C’est sûr que la venue de Lionel Messi (notre photo) en MLS a aidé à créer de l’engouement», dit le président du CF Montréal, Gabriel Gervais. (Photo: Getty Images)
Le budget de l’équipe s’écrit encore à l’encre rouge, mais pour la première fois de son histoire, le CF Montréal s’attend à franchir le cap symbolique des 10 000 abonnements de saison l’an prochain. Doit-on y voir un effet Messi ou les fruits d’un changement du modèle d’affaires de l’entreprise?
Bien des choses ont changé depuis l’arrivée en poste du président Gabriel Gervais, en mars 2022. L’équipe a d’abord cessé de chercher des joueurs vedettes —qui coûtent cher — pour accélérer son virage vers un modèle de club formateur, qui vend des joueurs le plus cher possible. Et surtout, un changement majeur a eu lieu dans la diffusion des matchs du seul marché francophone de la MLS.
En entrevue avec Les Affaires, Gabriel Gervais est clair: «Le club est en pleine période de transition.»
Cette période est d’abord incarnée par l’arrivée d’Apple comme diffuseur des rencontres de la MLS, et par conséquent, du CF Montréal, mettant ainsi fin à l’entente de l’équipe avec TVA Sports, qui diffusait toutes ses rencontres.
«Le taux de pénétration d’Apple TV aux États-Unis est plus élevé qu’au Canada. Et il est plus élevé au Canada qu’au Québec. Alors c’est certain qu’il y a une gestion du changement», dit Gabriel Gervais.
Même si RDS (Bell) a repris plus d’une dizaine de matchs «ça nous a fait mal de perdre TVA Sports. À court terme, c’est certain qu’il y a eu des impacts négatifs pour nous. Et les gens l’oublient, mais nous avons aussi perdu Vidéotron comme partenaire dans cette entente. Mais Telus a embarqué avec nous cette année», tempère Gabriel Gervais.
Après un géant, un autre
Peu après la signature du contrat avec Apple — d’une valeur de 250 millions de dollars américains (M$US) par saison pendant 10 ans, une somme partagée entre la ligue et les 29 équipes (environ 8 M$US par équipe) — un événement tout aussi majeur est venu changer la donne. L’arrivée de Lionel Messi en MLS, avec l’Inter Miami.
Dès son arrivée, et bien qu’il ne jouera pas à Montréal cette année, l’effet a été immédiat au Stade Saputo.
«Il [Messi] est arrivé juste avant le début de la League Cup [en juillet]. C’est certain que ç’a créé de l’engouement. Nous avons eu des salles combles contre Pumas [une équipe de Mexico] et ensuite contre Washington, on a eu presque 18 000 personnes. C’est sûr que la venue de Messi a aidé à créer de l’engouement autour de ce tournoi. Et c’est similaire pour notre liste prioritaire d’abonnements de saison pour l’année prochaine », confie Gabriel Gervais.
Selon les plus récentes données disponibles, le taux de renouvellement des abonnements de saison pour la saison 2024 dépasse les 90%. Et aux dires du président, le nombre de personnes inscrites sur la liste prioritaire et qui ont fait un dépôt pour un abonnement est supérieur à 2000. «Ça va très bien et on pense qu’il est réaliste d’estimer que nous franchirons la barre des 10 000 billets de saisons en 2024», dit le président du CF Montréal. «Je vois vraiment tous les indicateurs au vert. Je suis encouragé.»
«Est-ce que c’est juste Messi, ou nos bonnes performances de cette année? Je ne pourrais donner une proportion. Mais on voit qu’il y a un engouement et les gens veulent voir Messi en personne.»
Des pertes, depuis longtemps
Encore l’année dernière, les pertes du CF Montréal étaient de plus de 10M$, pour des revenus de 30M$. Selon Forbes, la valeur de l’équipe est maintenant de 375M$US. Cela classe l’équipe au 27e rang de la ligue, où la valeur moyenne des formations est de 579M$US. Avec une valeur de 690M$US, le Toronto FC se classe au… 6e rang.
Autrement dit, même avec de grandes vedettes, l’équipe n’a jamais fait ses frais. Oubliez, donc, les éditions qui comptaient des noms comme Allesandro Nesta, Marco Di Vaio, Didier Drogba, Nacho Piatti. Et Thierry Henry comme entraîneur.
Et dites bonjour aux jeunes de l’Académie. Car le CF Montréal est maintenant un club formateur, qui vise à vendre ses joueurs. Un modèle plus populaire en Europe et en Amérique latine.
«Ça ne veut pas dire parce que tu es un club développeur que les partisans ne peuvent pas s’attacher», insiste Gabriel Gervais.
«Je regarde l’année dernière et ç’a été une année record. Pourquoi? C’était une équipe à laquelle les gens s’identifiaient. On n’avait pas de grandes vedettes. Mais le produit était bon. Cette année, on dépasse les chiffres de l’année passée, même si notre fiche est moins bonne.»
Et avec cet enracinement que souhaite le président, l’expérience au Stade Saputo doit être rehaussée pour espérer écrire le budget à l’encre noire.
«Le prix moyen pour notre stade, pour l’expérience totale, est parmi les plus bas dans la ligue. Dans les nouveaux stades de la MLS, l’offre premium, les loges corporatives, c’est entre 15% et 20% du stade. Mais cela génère environ 70% des revenus, analyse-t-il. De notre côté, notre offre premium est en bas de 7%, et elle ne génère même pas 30% de nos revenus. Nous voulons atteindre ces mêmes chiffres. C’est notre objectif.»
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