Série 5 de 5. La gouvernance a été sous les feux des projecteurs au cours des derniers mois, notamment avec la commission Charbonneau. Découvrez des conseils de meilleures pratiques dans le domaine.
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Les entreprises qui forment un comité consultatif (CC) voient leurs revenus et leur productivité augmenter, selon une étude récente de la Banque de développement du Canada (BDC). Les ventes grimpent en effet de 66,8 % en moyenne dans les trois années suivant la création du comité, par rapport à 22,9 % dans les trois années précédentes.
La productivité, quant à elle, augmente de 5,9 % pendant la même période, comparativement à 3,2 % les trois années d'avant. Cependant, malgré ces avantages évidents, seulement 6 % des PME canadiennes ont un tel comité, tandis que 76 % n'ont ni comité consultatif ni conseil d'administration (CA), révèle la même étude.
Raymond Ouellette est bien placé pour témoigner de la valeur ajoutée conférée par un CC. Son entreprise, le Groupe Novatech, en a eu un pendant presque 20 ans, avant de se doter d'un CA en 2012. «Présenter nos projets à des gens d'expérience et bénéficier de leurs conseils permet de prendre de meilleures décisions et de commettre moins d'erreurs, dit-il. Cela nous oblige aussi à mieux nous préparer et à mettre de l'ordre dans nos idées, ce qui augmente les chances de réussite.»
D'ailleurs, quelque 86 % des dirigeants ayant un CC considèrent que celui-ci a un impact important sur le succès de leur entreprise, selon l'étude de la BDC.
Le fondateur de l'entreprise de fabrication de fenêtres et de portes de Sainte-Julie a pu notamment compter sur l'appui de son CC lors du processus de relève. «Je demandais régulièrement aux vice-présidents de faire des présentations aux réunions, dit celui qui préside maintenant le CA. Comme le comité connaissait bien mon monde, il a pu participer au choix de celui qui allait me remplacer à la tête de l'entreprise.»
Un CC comprend habituellement de quatre à cinq membres, dont le rôle consiste à partager leur expérience et à prodiguer des conseils. Contrairement au CA, il ne prend pas de décisions et n'est pas responsable de s'assurer que l'entreprise respecte les lois et règlements auxquels elle est assujettie.
«Le dirigeant ou l'entrepreneur conserve le pouvoir, le comité consultatif ne peut rien lui imposer, explique Marie-Claude Gévry, une conseillère en ressources humaines agréée et administratrice de sociétés certifiée (ASC), membre de deux CC. Du fait qu'il n'y a aucune responsabilité légale, il y a également moins de formalisme.»
Souvent, les entreprises remplacent leur conseil consultatif par un conseil d'administration lorsqu'elles s'inscrivent en Bourse ou que des investisseurs s'y ajoutent et souhaitent une représentation au conseil. Cela a été le cas pour Novatech en 2012 quand la Caisse de dépôt et placement du Québec a acquis 30 % de ses actions.
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Destiné aux PME en croissance
Selon Marie-Claude Gévry, même si toutes les entreprises peuvent en bénéficier, les CC se retrouvent surtout dans les entreprises en croissance qui ont un chiffre d'affaires de 10 à 15 millions de dollars. L'enquête de la BDC signale pour sa part que les PME de 11 à 20 ans d'existence et de plus de 20 employés sont plus susceptibles d'en avoir un.
Des entreprises en démarrage disposent toutefois d'un comité consultatif, comme peut en témoigner le chef des opérations de Solotech, Pierre Nelis, ASC, qui a participé à une vingtaine de CC de start-ups technos au cours des 15 dernières années. «L'entrepreneur qui démarre a besoin d'être entouré de personnes capables de l'aider à définir son business case [des occasions d'affaires] et à bâtir un plan stratégique.»
Il donne l'exemple du fabricant de bornes électriques AddÉnergie, de Québec, fondé en 2009. «Son comité consultatif l'a épaulé dans la compréhension des besoins du marché et dans l'élaboration de son modèle d'entreprise, indique M. Nelis. Cette entreprise est devenue un success story.» De fait, AddÉnergie a le vent dans les voiles et prévoit construire une usine de fabrication à Shawinigan.
Même si le rôle d'un comité consultatif est essentiellement de conseiller, il arrive qu'il apporte une aide plus concrète, en particulier quand il s'agit d'une entreprise en démarrage. Aux débuts de SimActive, une entreprise qui développe des logiciels photogrammétriques pour le traitement des images prises par avion, par satellite et par drone, Pierre Nelis avait ainsi convaincu un premier client de tester le logiciel en mode bêta et de le comparer avec le traitement manuel.
«Les fondateurs, les frères Philippe et Louis Simard, qui étaient alors très jeunes, avaient besoin de l'appui de quelqu'un qui avait acquis une crédibilité dans le monde des affaires», explique Pierre Nelis, qui a été l'un des bâtisseurs de Softimage.
Les conditions gagnantes
Mais pour qu'un comité consultatif apporte une réelle valeur, le dirigeant de l'entreprise doit être ouvert aux suggestions et à la critique. «S'il fait un one man show, ça ne fonctionnera pas», estime Marie-Claude Gévry. Il doit aussi donner accès aux états financiers et à d'autres informations sensibles afin que le CC comprenne bien les enjeux.
La complémentarité des membres du comité avec les compétences du dirigeant et de son équipe est une autre condition gagnante. «Pour que le comité soit efficace, il faut aller chercher des gens qui ont une expérience des enjeux de l'entreprise», ajoute la CRHA. Et ce n'est probablement pas la belle-soeur, le cousin ou le conjoint de la propriétaire.
C'est d'autant plus important de bien choisir les membres qu'ils sont souvent rémunérés, quoique moins que dans un CA. Raymond Ouellette, dont l'entreprise a longtemps eu un CC et qui participe maintenant lui-même à deux, évalue qu'une PME paiera de 4 000 $ à 6 000 $ par année par membre tandis qu'un CA lui coûterait de 10 000 $ à 15 000 $ par personne.
L'enquête de la BDC a toutefois révélé que 57 % des entreprises ne rémunéraient pas les membres de leur comité. Pierre Nelis est de ceux qui font ce travail bénévolement. «Quand j'ai un fit avec un entrepreneur en démarrage et son domaine d'activité, ça me fait plaisir de l'aider.»
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