Le marché de la construction résidentielle continue à perdre de la vitesse au Québec. Les mises en chantier annualisées ont diminué de 11,8% en décembre par rapport au mois précédent dans la province, selon les données publiées mercredi par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL).
Il y a eu 36 210 mises en chantier annualisées en décembre. Un mois plus tôt, ce chiffre s’établissait à 41 063. La tendance, soit la moyenne mobile des données des six derniers mois, est de 40 349 mises en chantier.
Le ralentissement de la construction résidentielle n’en est qu’à ses débuts au Québec, selon Kevin Hughes, économiste principal de la SCHL. «Compte tenu des perspectives économiques, du relâchement sur le marché de la revente et de l'offre à venir, le rythme des mises en chantier s'affaiblira davantage, prédit-il. Le bilan des mises en chantier pour l'année 2012 est conforme avec nos prévisions.»
À Montréal, la décélération est plus prononcée avec une baisse de 24% en décembre. Le nombre de mises en chantier annualisées est de 18 238 pour le dernier mois de l’année, contre 24 105 en novembre. La tendance des six derniers mois est de 22 115, toujours en décembre.
L’Ontario fait bande à part
Au Canada, la tendance est également baissière. Les mises de chantier annualisées ont diminué de 16,8% pour s’établir à 197 976 en décembre. C’est un peu plus que la moyenne des prévisions des économistes à 195 000, selon le calcul d’Études économiques Desjardins.
Des baisses sont observées dans toutes les provinces, sauf en Ontario avec un bond de 33%. « Le secteur de la construction résidentielle en Ontario a connu une excellente année et a surpassé les attentes, commente Ted Tsiakopoulos, économiste régional à la SCHL pour l'Ontario. Le cumul annuel des logements commencés a atteint un niveau inégalé depuis 2005 grâce à la vigueur de la construction d'appartements pour propriétaires-occupants et de logements locatifs. »
« Malgré le bond observé en décembre, le volume d'habitations commencées diminue depuis avril, et cette tendance devrait se maintenir jusqu'à la dernière partie de 2013, ajoute-t-il. La croissance modeste de l'emploi par comparaison à ce qu'elle a été ces dernières années, l'offre accrue sur les marchés de la revente et le nombre élevé d'appartements en construction agissent comme des vents contraires dans le secteur de la construction cette année ».
L’immobilier se refroidit
La baisse de régime des mises en chantier survient dans un contexte plus large de ralentissement du marché immobilier résidentiel. Mardi, Royal Le Page a prévu que les ventes diminueraient de 2,4% à Montréal en 2013. Le prix devrait toutefois continuer de s’apprécier de 3,8% dans la métropole. La tendance est plus modérée dans le reste du pays avec une prévision d’appréciation de la valeur de 1% dans l’ensemble du Canada.
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L’affaiblissement du marché de l’habitation soulève des inquiétudes sur l’économie canadienne. D’une part, certains craignent que la perte de valeur des actifs immobiliers incite les propriétaires à réduire leur consommation, s’estimant moins riches.
Les banques canadiennes pourraient bien en faire les frais. Avec moins d’emprunteurs d'hypothèques, le marché devient plus concurrentiel, ce qui met la pression sur les marges. Les dirigeants de la TD et de la RBC ont tous deux pris la parole cette semaine pour tempérer les inquiétudes.
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