Selon Pierre Karl Péladeau, « Nous avons posé les gestes appropriés pour assurer aux actionnaires la pérennité de l’entreprise ».
C’est avec ce commentaire qu'il a terminé à la radio de Radio-Canada, lundi matin, son analyse personnelle de l’interminable conflit qui a secoué le Journal de Montréal il y a quelques années.
Vous avez lu : pas simplement « pour assurer la pérennité de l’entreprise », mais bien « pour assurer aux actionnaires la pérennité de l’entreprise. »
La nuance est importante. Elle montre de quel bois PKP se chauffe et le PQ est aussi bien de s’habituer rapidement à son franc parler et à son approche plus business que sociale démocrate…
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Il avait donc les actionnaires en tête. D’accord. Et on ne peut pas lui reprocher d’avoir saisi à ce moment que le modèle d’affaires de la presse traditionnelle était en péril.
Mais toute organisation est composée d’un certain nombre de parties prenantes – employés, clients, actionnaires, etc.- qui doivent idéalement trouver leur compte dans ce qui leur est proposé. Dans le cas du Journal, ces employés lockoutés, qui ont séché sur le trottoir pendant plus de deux ans, ne faisaient donc pas le poids face aux intérêts des actionnaires.
J’ai hâte de voir comment la gauche, traditionnellement alliée du PQ, va accepter ce genre de discours patronal. On va assister à des chefs d’œuvre de pirouettes sémantiques au nom du pays à bâtir…
Cela dit, le PQ commence à étoffer sérieusement son équipe économique, désespérément faible depuis son accession au pouvoir. Après celle de PKP, on apprend lundi matin la candidature de Simon Prévost, ancien pdg de Manufacturiers et exportateurs du Québec, et ancien économiste-en-chef de la Banque Laurentienne. Chacun en son genre, ce sont là deux poids-lourds. On peut déjà croire que les enjeux économiques seront mieux compris, et mieux défendus, si jamais le PQ sort gagnant des élections. Ce serait heureux.
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Les libéraux, eux, avaient déjà rallié à leur cause de solides pointures comme Martin Coiteux, Jacques Daoust et Carlos Leitao. Et de son côté, François Legault martèle sur toutes les tribunes l’importance de saisir sans attendre les occasions qui peuvent se présenter pour relever la défaillante économie québécoise.
Savez-vous ? Quelle que soit l’issue de la campagne, c’est réconfortant. Il y a longtemps qu’on n’a pas vu autant de personnalités bien établies dans le milieu économique faire le saut en politique. Il était temps. Viser la prospérité, c’est beau, mais mieux vaut partir à la guerre équipé avec autre chose que des tire-pois.